Algérie

Le village d'Aourir et la maison du colonel Si Sadek classés



Le village d'Aourir et la maison du colonel Si Sadek classés
Le village traditionnel d'Aourir (Ifigha), dans la daïra d'Azzazga et la maison d'un des héros de la guerre de libération nationale, le colonel Slimane Dehiles, dit Si Sadek viennent d'être classés biens culturels de la wilaya, indique un communiqué de la Direction de la culture.«Dans le cadre de sa politique de protection et de sauvegarde du patrimoine culturel de la wilaya, la Direction de la culture a présenté, fin décembre dernier, devant la commission de wilaya des biens culturels, deux dossiers proposant au classement, le village traditionnel Aourir sis dans la commune d'Ifigha témoin de l'architecture vernaculaire, et la demeure d'une grande personnalité de la Révolution algérienne Slimane Dehiles dit Colonel Si Sadek», lit-on à travers le document de la Direction de la wilaya qui a fait cas de l'approbation, à l'unanimité, de ces deux propositions. «Les deux biens sont inscrits sur la liste de l'inventaire supplémentaire des biens culturels de la wilaya», précise-t-on de même source. Le village Aourir relevant du douar des Ath Ghobri fut la première capitale des Ait El Kadi, dynastie kabyle apparue au XVIème siècle et qui établirent par la suite, leur capitale à Koukou dans la tribu des Ait Yahia, d'où le nom du Royaume de Koukou. Ils eurent des implantations secondaires dans d'autres régions du haut Sébaou. En1632 Hend Ul Kadhi fils de Amar Ul Kadhi successeur du trône de son père, préféra reprendre Aourir comme capitale de son gouvernorat. Selon la fiche technique présentée à la commission de wilaya des biens culturels de la Direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, le village traditionnel d'Aourir est un ensemble de maisons traditionnelles composant l'ancien village. «Le périmètre de classement de ce village s'étend sur une superficie de 7.6 ha. Il est délimité, au Nord par les lieux dits Ighil bou Aourir et Avroun, au Sud par le lieu dit Tamadhaght Askar, à l'Est par les lieux-dits Djamaa Ou Tounsi, Tighilt, Timizert Mansour et Askar et, à l'Ouest par les lieux- dits Tiharquine, Timizert Askar et Ahrik Ali Hedad», fait-on observer. Le village Aourir offre une vue dégagée à partir des villages voisins, Iifigha à l'Ouest, Ihassanene N'Ait Issad au Sud-Ouest, Ighil Tizi au Sud, Achallam et Tabourt N'Ait Ghovri au Sud-est et Moknéa au Nord-est. Il est alimenté en électricité et en eau potable alors que pour le gaz naturel, indique-t-on encore, les servitudes seront déterminées par le Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de secteur sauvegardé (PPSMVSS). Il est construit sur un piton rocheux haut de 976 m d'altitude, et est situé à 4 km du chef- lieu de la commune d'Ifigha et à 53 km à l'Est de Tizi-Ouzou. Le site offre une vue panoramique sur le massif de l'Akfadou alors que le sommet domine les plaines du haut Sébaou. Aujourd'hui le village Aourir est complètement déserté. Les villageois se sont installés en contrebas sur des terrains plats. Et la totalité des maisons sont abandonnées. Quelques-unes sont complètement ou partiellement en ruines. Le village est composé de 107 maisons traditionnelles et est divisé en deux pôles, El Hara Oufella (partie haute) et El Hara N Wadda,(partie basse), une place publique, Tajmaat, à l'entrée, située au niveau de la place Inourar, une mosquée au sommet, une fontaine au milieu du village (Tala N Wazrou) ainsi que de deux cimetières. «L'architecture kabyle traditionnelle constitue l'un des témoignages essentiels pour notre histoire collective dans la mesure où elle symbolise un patrimoine très riche qu'en trouve rarement aujourd'hui, comme elle incarne l'un des derniers héritages de la société moderne à la société traditionnelle. Le type architectural traditionnel original du village Aourir qui a conservé envieusement tous ses aspects; architectural, économique et social de la vie quotidienne kabyle nous interpelle aujourd'hui à réhabiliter et valoriser toutes les particularités qui s'expriment dans chaque coin et de chaque élément de cet ensemble d'habitations anciennes. Son classement permettra la sauvegarde et la conservation de ce patrimoine précieux. Sa réhabilitation impliquera certainement sa valorisation et son intégration dans un circuit touristique dans la région. Le village Aourir, témoin d'un savoir-faire local La maison du héros de la guerre de libération nationale, le colonel Slimane Dehiles, dit Si Sadek, est située au village Ait Berjele, à Ouadhias, 35 km au sud -ouest du chef- lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou. Elle sera érigée en monument à caractère historique relatif à la guerre de libération nationale, selon la fiche technique de la Direction de la culture, sur un périmètre de 88 m2 englobant la maison familiale composée d'un seul bloc regroupant le rez-de-chaussée, le sous-sol et une cour, un bien appartenant aux héritiers du colonel Slimane Dehiles. La maison est délimitée au Nord par le chemin du village et les propriétés privées Derridj et Djabri au Sud par les propriétés Latrous Fatma et Dabli Yahia, à l Est par les propriétés Dafour Boussad et Chemoul, à l'Ouest par la propriété privée Derridj. Toutes constructions dans les abords immédiats du monument seront, désormais, interdites. Tous travaux à entreprendre sur le monument ou ses abords sont soumis à l'autorisation préalable du ministère de la Culture. La famille du colonel et les propriétaires immédiats sont tenus de respecter les dispositions de classement prévues par la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel, fait-on observer. Le colonel Slimane Dehiles, dit Si Sadek fut l'un des principaux chefs politico-militaires de la révolution algérienne. Né à Ouadhias dans le piémont du Djurdjura, en Kabylie dans le village Ait Berdjele, le 14 novembre 1920, il consacra sa vie à la lutte pour la liberté et contre toutes les oppressions. A15 ans, son père décède et il n'eut d'autre choix que de quitter l'école en allant gagner sa vie et subvenir ainsi aux besoins des siens. Avec son frère, ils essaierent de travailler le lopin de terre familial. A l'âge de 21 ans, il frappa à la porte d'une caserne à Maison Carrée (Alger), où après des tergiversations, on finit par le juger bon pour le service et l'engager. En octobre 1943, il débarqua avec les troupes alliées et françaises à Bagnolet près de Naples. En Aout 1944, Slimane et son bataillon entrerent en France. Après avoir perdu beaucoup d'hommes face à une résistance farouche, ils arrivent à Strasbourg le 24 décembre 1944. En mai 1945, il était mobilisé en Allemagne. En 1946, il adhère au MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques en Algérie) et active sous l'égide de la fédération de France. Il s'établit ensuite à l'Est de la France à Remiremont. En 1953, il est arrêté et écope de 8 mois d'emprisonnement assortis d'une amende de 70 000 anciens francs et frappé d'interdiction pendant 5 ans en Algérie pour avoir distribué des tracts hostiles à la présence française en Algérie. Dès novembre 1954, il rentra clandestinement à son village en Kabylie, il fut l'un des premiers à rejoindre les rangs de l'ALN (armée de libération nationale). Fort de son expérience militaire, c'est à lui qu'échut le devoir de former la première compagnie en Kabylie. «En moins de six mois, l'organisation politico-militaire était une réalité». En 1957, il est désigné par Abane Ramdane pour organiser la Wilaya IV (Algérois) après le départ du colonel Amar Ouamrane à Tunis, à ce titre, il devint membre du CNRA (Conseil national de la révolution algérienne) de 1957 jusqu'à 1962. En 1958, il fut l'adjoint de Houari Boumediène qui prit la tête du COM (Comité d'Organisation Militaire) pour la zone Ouest. A l'indépendance en 1962, Si Sadek fut élu député de la wilaya de Tizi-Ouzou. Il fut dirigeant du FFS (front des Forces Socialistes) de 1963à1965. Slimane Dehiles rendit l'âme le 5 Novembre 2011 à l'âge de 91 ans. Il est inhumé dans sa région natale à Ait Berdjele dans la localité des Ouadhias. Le classement de la maison qui l'a vu grandir et militer comme un monument historique permettra la préservation et la sauvegarde de la mémoire collective de la nation. Elle deviendra un monument historique, lieu de remémoration et d'évocation.




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