Algérie

Le village d'Aghribs (Tizi Ouzou) en émoi : L'implantation d'une mosquée sème la discorde



Une dizaine de blessés ont été dénombrés dans les deux camps. Les jeunes du village ont usé d'un engin de travaux publics appartenant à l'APC pour démolir les premiers travaux réalisés par les membres de l'association, munis d'un permis de construire et d'une affectation de terrain signée par l'administration de wilaya. Pour arriver à cette extrémité et ébranler la quiétude d'un village qui dispose d'une mosquée séculaire à l'instar de tous les villages de la Kabylie, il a fallu la conjonction de plusieurs facteurs, où domine le rôle ambigu d'une administration bienveillante. Le village, qui a fêté la semaine dernière la réhabilitation et la rénovation de l'ancienne mosquée, Sidi Djaâfar, subit depuis un an et demi les incidences de ce projet de construction d'une nouvelle mosquée, implantée à une cinquantaine de mètres de l'ancien lieu de culte traditionnel. L'affaire est d'une extrême gravité puisque, pour la première fois dans les annales de la vie religieuse en Kabylie, un différend éclate autour d'une construction, dont le nom, « ldjamaâ », signifie l'entente et le rassemblement. Si l'administration est dans son rôle d'encourager tout ce qui sort du mode de vie traditionnel de la région, il faut souligner que la vigilance du village a été prise en défaut.Le comité du village, même s'il a toujours existé et fonctionné selon la tradition, a été créé officiellement en décembre 2009, soit neuf mois après l'agrément de l'association religieuse du même village, en mars 2009. Cette « vacance » de la représentation du village a été une aubaine pour entamer les démarches et introduire un dossier de permis de construction et même obtenir sa signature par le P/APC. Interrogé, celui-ci nous dira : « Il y a eu flottement à cette période. Je n'ai pas pu joindre le comité du village pour avoir leur avis. » « L'administration de daïra s'est inquiétée sur les suites réservées à ce dossier, et j'ai été amené à signer le permis de construire », dit Rabah Yermèche. Celui-ci souligne que le terrain appartenait à la commune, avant de faire l'objet d'un arrêté du wali en novembre 2008, le transférant à la direction des affaires religieuses qui, elle-même, le mettra à la disposition de l'association religieuse. Le maire, élu sous les couleurs du RCD, disposant d'une majorité à l'APC depuis deux mandats successifs, et jouissant d'un grand crédit auprès de la population locale, n'a pas eu les ressorts nécessaires pour empêcher l'enchaînement d'une procédure administrative tout à fait légale, mais qui a abouti à provoquer des échauffourées à répétition dans un village qui s'est toujours illustré auparavant à travers ses élites intellectuelles et universitaires. Au lancement des travaux de la nouvelle mosquée, en avril 2009, tout près de la mosquée de Sidi Djaâfar, le village est sorti de sa permissivité. Une première pétition est adressée aux autorités. Le P/APC prend conscience des risques qui planent sur la tranquillité du village. Aux premiers incidents éclatés autour du chantier, le maire signe un arrêté annulant le permis de construire.L'association l'assigne devant les tribunaux et obtient gain de cause. Le dossier est actuellement au niveau de la Cour suprême. « J'ai motivé l'annulation du permis de construire par l'atteinte à l'ordre public et à la quiétude du village. Des textes réglementaires existent aussi, stipulant qu'une mosquée ne peut pas concurrencer ou gêner une autre », dit le maire, soulignant avoir adressé plusieurs mises en demeure pour l'arrêt des travaux, ce qui n'a pas été observé. Devant la situation qui s'est dangereusement envenimée ces dernières semaines, le chef de daïra d'Azeffoun a également appelé les membres de l'association à arrêter les travaux. Le chantier de la nouvelle mosquée (en R+2, avec dortoir)ne s'arrêtera pas, amenant les jeunes du village à réagir encore cette semaine. Interrogé, un membre du comité du village, Belkacem Mohand, dira que les gens du village, « n'ayant pas été consultés sur ce projet, rejettent tous les documents qui peuvent être produits au sujet de ce terrain qui appartient au village, et que nous allons récupérer. Nous considérons nul et non avenu tout projet de construction d'une mosquée près de notre ancienne mosquée. Toutes les décisions et tous les projets engageant le village doivent être discutés et décidés en son sein, et avec les moyens du village. Cela dans le seul but de garantir le bien-être des villageois, le respect et la convivialité », conclura-t-il.


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