Algérie

Le vieux régime face à une jeunesse 2.0



Le vieux régime face à une jeunesse 2.0
La jeunesse revient, cette semaine, à l'honneur dans le discours du pouvoir. On aurait pu applaudir la tenue de cette grand-messe, n'étaient le contenu et le format affligeants de cette «Conférence nationale des cadres de jeunesse» qui a élu domicile à Club des Pins, asile de la gérontocratie nationale et haut lieu du pouvoir. Voici justement la mission que lui assigne le ministre de la Jeunesse, Abdelkader Khomri, en maître de cérémonie : «La jeunesse algérienne est consciente de la réalité actuelle, notamment en ce qui concerne la protection de l'Algérie contre les dangers du Printemps arabe qui a été à l'origine de la chute de certains régimes.»Et voilà ! Tout est dit dans cet exposé des motifs ayant présidé à l'organisation de cet événement. Le ministre ? qui, soit dit en passant, est un senior ? conçoit les jeunes Algériens au mieux comme une foule d'acclamateurs zélés, au pire comme des «airbags» destinés à protéger le régime contre les secousses populaires. On est alors plus dans une perspective d'endoctrinement et de caporalisation de cette catégorie sociale que celle de vouloir mettre les mots sur ses maux.Hélas, le discours de ces vieux qui nous gouvernent n'est pas encore sorti des schémas populistes et paternalistes qui réduisent la jeunesse à une meute qui ne grandit pas et, pis encore, condamnée à servir indéfiniment d'appendice aux pouvoirs successifs. Sinon, à quoi servent toutes ces conférences nationales, ces assises de la jeunesse, ces états généraux budgétivores organisés régulièrement sans que la situation n'évolue pour cette frange majoritaire de la société ' Pourquoi prévoir encore d'organiser une «consultation nationale crédible» pour connaître les besoins de la jeunesse 'C'est là une preuve éclatante de l'incurie du pouvoir. Une pièce à conviction de son propre échec à produire autre chose pour les jeunes qu'un discours suranné et surtout trompeur, qui vise non pas à promouvoir la valeur de la citoyenneté, mais celle de la soumission et de l'assistanat. Ce n'est certainement pas en convoquant des associations de jeunes satellisées et clientélisées que le régime réussira à booster le patriotisme de la jeunesse algérienne.Il n'y a pas besoin d'organiser ce genre de foires pour se convaincre que les jeunes Algériens aiment leur pays. Il n'est pas sûr, en revanche, qu'ils aiment tout autant ceux qui les bercent et les bernent de promesses sans lendemain à coup de discours démagogiques. Un régime dont la seule préoccupation est de mettre la jeunesse en position de bouclier pour sauver l'unité et l'identité nationales soi-disant menacées.C'est que, fondamentalement et aux yeux du régime, la jeunesse algérienne est censée satisfaire un besoin politique, voire politicien, et non pas remplir sa fonction sociale d'acteur de son destin.Bouteflika, Khomri et tous ces gérontocrates au pouvoir refusent d'admettre une réalité biologique et culturelle indépassable : leur temps est révolu (Tab J'nanhoum). Il est pour le moins difficile pour cette force vive de la nation de sauver l'Algérie et le régime en même temps. C'est toute la fracture générationnelle qui sépare le pouvoir de la jeunesse au sens culturel du terme.




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