Algérie

Le vieux Constantine, une réhabilitation en attente Malgré plusieurs opérations de restauration


Le vieux Constantine, une réhabilitation en attente Malgré plusieurs opérations de restauration
Le dernier incident en date remonte au début du mois de février, où pas moins de quatre immeubles se sont effondrés, causant des blessures graves à une enfant de 6 ans. Les sinistrés en état en choc ont exigé leur relogement. Un phénomène qui n'est pas nouveau. En effet, depuis une trentaine d'années, c'est le même scénario qui se répète, les associations de sauvegarde du patrimoine urbain de la ville ainsi que les études menées par des experts locaux ou étrangers ne cessent d'avertir que la vieille ville est en péril et est menacée de disparaitre à court terme. En plus des intempéries et des glissements de terrains, la vieille ville croule aussi en raison de l'incivisme de certains habitants. Des locataires qui souhaitent obtenir le statut de « sinistrés » n'hésitent pas à démolir les murs de maisons datant de l'époque ottomane qu'ils occupent depuis peu. Officiellement, la vieille ville compte 1164 habitations, dont 575 en zone rouge (parmi lesquelles 139 sont partiellement démolies et 88 représentant un danger pour leurs occupants), 133 en bon état, et 312 dans un état moyen. A défaut de mener une véritable opération de réhabilitation qui toucherait aussi bien l'antique Souika et ses environs, ou encore les quartiers et les artères du centre-ville (rue Nationale, Casbah, Belouizdad, Aouinet El Foul), les autorités locales tergiversent depuis des années. Pire, les tentatives de réhabilitation qui ont eu lieu à la fin des années 90 et début 2000, ont été perçues par les Constantinois comme un massacre, car au lieu de restaurer dans les règles de l'art, on a rasé des rues et des maisons entières et les traces sont malheureusement visibles surtout du côté de Souika. Outre le bâti, des trésors ont définitivement disparu enfuis sous les décombres, à l'instar des douze fontaines que comptait la vieille ville dont deux seulement ont pu être récupérées. On fondait de grands espoirs quant à la restauration de la médina, projet qui se concrétise quelques années après la promulgation de la loi 98-04 du 15 juin 1998, relative à la protection du patrimoine culturel de la vieille ville. Une loi accompagnée par la proclamation du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la vieille ville de Constantine (PPSMVSS), lancé en 2007 par la Direction de la culture sous forme d'appel d'offres. Un projet qui s'étale sur 42 hectares de bâti. En 2010, un programme parallèle s'étalant sur une période de dix ans fut annoncé : il concernait plus de 16 000 habitations et doté d'une enveloppe financière conséquente de près de 8 milliards de dinars. Hélas, toutes ces tentatives de récupération de la vieille ville ont semé la division dans les rangs des responsables, architectes, experts, et même archéologues. Le débat s'éternise et agite encore les parties concernées, notamment sur l'ensemble des méthodes à appliquer, d'autant plus que la difficulté réside dans le fait que les vieux quartiers de Constantine comprennent différents styles architecturaux aussi bien ottoman, français ou arabe. Ce qui demande, selon les experts, un certain savoir-faire et surtout du temps : « C'est une énorme tâche. L'opération nécessite au préalable une étude pointue, un soutien technique d'architectes compétents, étrangers si nécessaire. Ensuite, il faut tenter de réhabiliter les bâtis encore récupérables. Mais dans tous les cas, il sera difficile de garantir une authenticité à la médina et lui redonner son charme d'antan. Il faudrait réaménager toutes les places, toutes les rues, refaire les réseaux d'assainissement, et puis convaincre aussi les gens de retourner y vivre. Aujourd'hui, la ville a besoin d'un plan Marshall », nous révèle un architecte de l'université de Constantine qui a supervisé auparavant une étude sur la restauration de la ville.
Du temps et du savoir-faire, une tâche difficile
L'ambitieux plan de sauvegarde qui comprenait trois étapes, fut stoppé pour des raisons inconnues, le bureau d'études qui a supervisé l'opération s'est plaint du manque de financement et a dû abandonner le projet. A l'exception de l'aboutissement de la réhabilitation de deux maisons, son succès est bien aléatoire car le reste des travaux s'est avéré être un fiasco qui a coûté des milliards de centimes. Les Constantinois et plus particulièrement les habitants de la vieille ville ont été désillusionnés par le résultat : aujourd'hui malgré l'arrêt des travaux depuis plus de trois ans, les échafaudages de bois ou de tubes métalliques sont toujours fixés contre les façades, ce qui représente un danger pour les riverains. Conscients que pour réussir à devenir en 2015 capitale de la culture arabe, la médina étant un quartier témoin et vitrine incontournable de Constantine, les autorités locales revoient enfin leur feuille de route. Ainsi, nous venons d'apprendre que la Direction de la culture réactualise le dossier de la restauration et de la sauvegarde de la vieille ville, outre l'aménagement et l'embellissement de plusieurs édifices et bâtisses historiques, on prévoit également la prise en charge des vieux quartiers. Pour l'heure, la Direction de la culture se garde de révéler les détails de cette opération (financement et travaux), mais assure que d'ici deux ans tout sera fin prêt pour accueillir les hôtes de Constantine. En sachant qu'une telle opération demande la collaboration et l'expertise d'architectes, et de bureaux d'études compétents, on ne sait comment elle sera menée en un temps record. Ce qui n'a pas été réalisé en vingt ans se concrétisera-t-il d'ici 2015 ' L'optimisme est de rigueur et c'est tant mieux, la wilaya qui tient à la réussite de l'événement de 2015 a heureusement pensé à intégrer les universitaires et les citoyens, en s'imprégnant des idées de chacun. Mais toujours est-il que, pour l'heure, chacun annonce dans la foulée des projets de sauvegarde qui relèvent plus de l'utopie qu'autre chose. Le P/APC de Constantine, Seiffedine Rihani, avait déclaré à la presse il y a quinze jours à l'occasion de l'installation d'une commission de suivi des métiers de l'artisanat, que la commune envisage de vider la vieille ville de ses habitants, de les reloger puis entamer les travaux de réhabilitation, tout cela avant 2015 !
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