Algérie

Le verdict avant le procès



"Nul doute que les têtes de la discorde qui ont été démasquées, ainsi que leurs actes criminels et pernicieux néfastes pour l'Algérie sont aujourd'hui en train de subir la sanction juste et équitable qu'elles méritent par la force de la loi." C'est là la sentence implacable du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, contre les hommes d'affaires incarcérés à la prison d'El-Harrach, mais surtout les quatre personnes mises en examen par le tribunal militaire de Blida, au début de ce mois de mai. Poursuivis, certes, pour les chefs d'inculpation d'atteinte à l'autorité de l'armée et complot contre l'autorité de l'Etat, les deux anciens patrons du DRS, Mohamed Mediène et Athmane Tartag, le frère de l'ex-président de la République, Saïd Bouteflika, et la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, sont présumés innocents tant que la justice ne les a pas déclarés coupables au terme d'un procès en bonne et due forme. Dans l'absolu, c'est un principe inaliénable d'un Etat de droit. Pourtant, le chef d'état-major de l'ANP les a condamnés sans attendre le verdict du tribunal. Il s'est même réjoui, dans le discours qu'il a prononcé lundi dans la 4e région militaire d'Ouargla, du châtiment qui leur est infligé, soit le mandat de dépôt, dans un premier temps. Il s'appuie probablement sur des preuves accablantes contre lesdits prévenus. Faire étalage de ces certitudes publiquement fissure, néanmoins, la façade de l'indépendance de la justice défendue par les magistrats depuis le début de l'insurrection populaire. Aguerris sur les pratiques de la justice de nuit et de la justice affidée au pouvoir exécutif, les Algériens doutent ? à tort ou à raison ? de l'efficience des poursuites judiciaires engagées contre des dizaines d'anciens hauts responsables de l'Etat et des hommes d'affaires. Le fait que le vice-ministre de la Défense nationale parle constamment d'actions judiciaires accélérées dans des affaires de corruption et qu'il exprime une satisfaction soutenue quant à la mise aux arrêts des généraux à la retraite Mediène et Tartag, de Saïd Bouteflika et de Louisa Hanoune exacerbe davantage la suspicion de la masse des citoyens. Ils ont l'impression que la justice se met en branle pour exécuter les menaces qu'il profère à chacune de ses interventions. Lundi, il n'a pas dérogé à la règle, en avertissant d'un aller sans retour au tribunal militaire de Blida ceux impliqués, de près ou de loin, dans la conspiration contre l'institution militaire dont sont accusées les quatre personnalités susmentionnées. "Ce sera également le sort de tous ceux qui sont impliqués dans le complot contre l'Armée nationale populaire et l'Algérie, en commettant des actes criminels. Ceux-là mêmes que les enquêtes persévérantes et approfondies en cours ne manqueront pas de dévoiler à l'avenir seront, eux aussi, sanctionnés de manière juste et équitable par la force de la loi", a-t-il asséné.S. H.


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