L'émergence de l'EIIL au Moyen-Orient ne pouvait laisser indifférent le groupe terroriste algérien AQMI, qui a fini par imploser, une fraction ayant décidé de rejoindre l'organisation djihadiste sévissant en Irak et en Syrie. Cette dissidence a été fascinée par le caractère spectaculaire et violent des actions de l'EIIL et par les premiers «succès» de son offensive dans les deux pays du Proche-Orient. Ce qui se passe en Algérie n'est pas isolé : dans la mouvance djihadiste internationale aujourd'hui, c'est Abou Bakr Al Baghdadi, le chef de l'EIIL, qui subjugue et non plus Ayman Al Zawahiri, dont l'aura a décliné, comme d'une manière générale, celle de l'organisation Al Qaîda, affaiblie dans la plupart des régions où elle s'est implantée.Son sigle et son image ne mobilisent plus les jeunes djihadistes, assoiffés de résultats immédiats et de coups spectaculaires, comme la destruction des tours jumelles de New York ou les attaques d'ambassades. C'est précisément cette image que tente de leur donner aujourd'hui l'EIIL, en faisant déferler ses troupes en Syrie et dans le nord de l'Irak et en procédant à des exécutions spectaculaires d'otages occidentaux, le tout à travers une médiatisation à outrance, via internet. Bien mieux qu'Al Qaîda, l'EIIL a compris l'importance de la Toile dans la mobilisation internationale en sa faveur.Les résultats ne se sont pas fait attendre, comme en témoigne l'afflux régulier par milliers de jeunes djihadistes vers l'organisation. Et si les pays occidentaux ont commencé à mesurer l'importance de ce phénomène et à prendre des mesures fortes pour l'endiguer, les pays arabo-musulmans, eux, ne semblent pas avoir saisi toute la gravité du problème. Il a fallu un forcing des Américains pour qu'ils décident quelque peu de se mobiliser, notamment les Etats du Golfe, mais après avoir été convaincus ? toujours par les Américains ? que c'est leur trône qui est menacé par la progression fulgurante des troupes de l'EIIL.Que l'image de l'islam ait été ternie leur importe peu. Si tel était le cas, on les aurait entendus toutes ces dernières années dénoncer les méfaits des djihadistes et pas seulement en Syrie et en Irak. Tout au contraire, ils ont constamment cherché à manipuler ces derniers à des fins idéologiques ou des desseins diplomatiques. Exactement comme ils l'ont fait en Algérie durant la décennie 1990, lorsqu'ils ont aidé des milliers de mercenaires à aller rejoindre les maquis algériens et quand ils ont mobilisé leurs théologiens pour «justifier» les actions génocidaires des groupes terroristes, lorsqu'ils ont aidé matériellement et financièrement les chefs politiques et guerriers du FIS et du GIA et enfin quand ils ont fermé leur territoire aux réfugiés et aux vols aériens civils algériens, décision refusée par seulement deux à trois pays arabo-musulmans.Leur objectif était clair : étouffer la résistance et laisser se commettre un génocide à huis clos. Peut-être que l'histoire est en train de se retourner : les djihadistes de l'EIIL feront dans cette région ce que le GIA et Al Qaîda ont fait en Algérie. Certes, les dirigeants arabes et les monarques pourront compter sur les Occidentaux pour les sauver ? chance que n'a pas eue l'Algérie, qui a vu ceux-ci se retourner également contre elle ? mais le ver est déjà dans le fruit, amorçant une rapide décomposition.
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Posté Le : 15/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali Bahmane
Source : www.elwatan.com