Algérie

Le vent du Sud



Le Comité national des chômeurs du Sud n'est pas parvenu, jeudi, à réunir 'la mallionia" promise, en réponse aux railleries du Premier ministre qui qualifiait deux jours auparavant ses animateurs de 'chourdhouma", qui veut dire grosso modo 'groupuscule" ou quantité négligeable. Mais, ce comité à tout de même réussi la gageure de rassembler environ dix mille personnes devant le siège de l'APC de Ouargla. Le chiffre est tout simplement impressionnant, car les proportions de la démographie ne s'apprécient pas de la même façon dans le Nord et dans le Sud. De mémoire des habitants, c'est une première pour une ville du Sud.
Ce rassemblement, qui s'est tenu dans un climat pacifique et une ambiance bon enfant, est tout simplement un pied de nez, un doigt d'honneur aux autorités qui se sont méthodiquement attelées pendant toute la semaine à tenter de le discréditer, de jeter la suspicion sur ses animateurs. Le pouvoir, actuellement empêtré dans les affaires de corruption et, qui n'a pas senti arriver le souffle du vent du Sud, a dépêché, en mission commando, ses sous-traitants prébendés, ses serviteurs zélés pour casser le comité.
Toutes les vieilles ficelles, en usage à l'époque du parti unique, ont été convoquées pour l'occasion. Un comité parallèle, qualifié pompeusement de 'société civile", est monté de toutes pièces. Les membres du comité sont accusés de 'séparatisme". Mais le morceau de bravoure de cette campagne de dénigrement concerne le pauvre Tahar Belabès, chef de file de la contestation, accusé 'd'appliquer un agenda" dicté de l'extérieur. Pis, il recevrait même des ordres à partir du Qatar !
Mais force est de voir que les tentatives des autorités de disqualifier le comité ont fait chou blanc. Avec autant de monde rassemblé, il a incontestablement gagné son défi qui fait de lui un acteur incontestable et incontournable que les autorités seraient bien plus inspirées de l'associer désormais à toute recherche de solution pour la région du Sud.
En fait de solutions, d'aucuns ne manqueraient pas de mentionner, à juste titre d'ailleurs, les dernières mesures annoncées lundi au terme d'un Conseil interministériel. Même si elles ont un parfum d'improvisation et d'urgence, donc peu 'cogitées", elles ont au moins le mérite d'être annoncées. La question est de savoir si elles seront appliquées. Mais surtout si les lobbies, les sociétés de recrutement, véritables négriers des temps modernes qui sont à l'origine de la poudrière du Sud, laisseront faire. Car il y va de leur rente. Et c'est à ce niveau que le gouvernement sera attendu pour savoir s'il est en mesure de faire respecter ses engagements. n


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