Algérie

Le Venezuela premier pays mondial, en réserves pétrolières, mais en semi-faillite



Sur une population de 32 millions quelque 20 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes, et selon le décompte de la commission électorale, sur 8 603.936 de votes, Maduro a obtenu 5 823 728 suffrages. L'abstention d'environ 52% est la plus haute de l'ère démocratique vénézuélienne, qui a commencé en 1958, selon les chiffres officiels.Lors des dernières élections présidentielles en 2013, le taux de participation avait été de 79,69%. Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96% de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë.
2.- Quelles perspectives pour l'économie vénézuélienne '
Le Venezuela pays aurait des réserves de barils de pétrole de 300 milliards de barils, une des plus importantes du monde. Mais c'est un pétrole lourd, couteux à extraire. Par ailleurs son principal marché par le passé, étant les Etats Unis d'Amérique, avec la révolution du pétrole et du gaz de schiste, les USA deviennent auto-suffisants et même exporteront prochainement. En plus, avec la déperdition de ses cadres, le manque d'investissement au niveau de la principale société vénézuélienne, entre 2013/2017, la production de pétrole est passée de 3,5 millions de barils jour à 2,5 millions de barils début 2017 et durant le premier trimestre 2018 ne dépasse pas 1,8 millions de barils jour expliquant d'ailleurs avec els tensions en Iran la forte poussée des prix du pétrole.
Se disant victime d'une guerre économique, le président du Venezuela Nicolas Maduro, face à l'ampleur de la crise économique, a décidé d'opérer un resserrement de la politique budgétaire, a décrété en janvier 2016 «l'état d'urgence économique» d'une durée de 2 mois renouvelable, d'augmenter le prix de l'essence (le litre d'essence super coûte désormais 6 bolivars contre 0,097 bolivars), une première depuis près de 20 ans (même si le prix reste particulièrement faible).
Il a aussi autorisé les dévaluations successives analysées précédemment afin de relancer la production locale, mais en réalité d'essayer de combler le déficit budgétaire au prix d'une inflation importée. En effet, selon une étude récente réalisée par BNP Paribas, le gouvernement a mis en place un système de rationnement. Chaque citoyen ne doit pas acheter plus que sa quote-part et il ne doit pas se rendre plus d'une fois par semaine dans les magasins publics.
La banque centrale coordonne la mise à disposition des dollars issus, en grande partie, de la rente pétrolière en appliquant plusieurs taux de change, le plus faible concerne les produits de premières nécessités. Le gouvernement de Nicolas Maduro accuse les spéculateurs, les entreprises privées et l'opposition de gonfler les prix et d'asphyxier économiquement et par là de déstabiliser le pays, entendu le régime en place.
Ne s'attaquant pas aux réformes structurelles, avec des actions conjoncturelles, il décrète l'occupation temporaire de grandes usines et des expropriations, solutions conjoncturelles, qui amplifient les tensions. Les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques, l'activité économique au Venezuela devrait encore se contracter en 2018/2019. Aussi, le ralentissement de l'investissement privé devrait se poursuivre malgré la probable élimination progressive des restrictions aux importations et aux devises.
La méfiance des investisseurs locaux et étrangers face à l'insécurité du cadre juridique devrait encore favoriser les sorties de capitaux du pays. L'inflation devrait rester élevée, alimentée par l'expansion rapide de la masse monétaire et la forte dépréciation du bolivar face au dollar. Cela dénote le climat tant politique qu'économique puisque pour les libertés économiques, le Venezuela a été classé en 2015/2016 à l'avant dernière place, 175/176 et au niveau du continent Amérique 28/29 et pour le climat des affaires dans les derniers rangs avec une note de 3,93 sur 10.
Ainsi, le Venezuela n'aurait capté, selon la CEPAL, que 0,2% du total des IDE nets destinés à la région et se positionne à la dix-septième place régionale des récepteurs d'IDE ne dépassant que le Salvador et le Paraguay. Mais le Venezuela possède les potentialités de sortie de crise Le modèle économique vénézuélien, basé sur une redistribution de la rente pétrolière, reposait sur deux postulats: la consommation interne et une forte dépense publique.
La croissance, nourrie par les cours élevés du pétrole, a été, jusqu'en 2012, l'une des meilleures croissances d'Amérique latine, mais une croissance artificielle dampée par la dépense publique. Depuis cette date, l'aggravation des déséquilibres macroéconomiques et la chute des cours du pétrole (les exportations pétrolières représentent plus de 96% des ressources en devises du pays et plus de 60% de la fiscalité) ont totalement inversé cette tendance.
Pourtant le Venezuela dispose de vastes ressources hydrauliques, ainsi que d'un potentiel agricole important. Les principales productions agricoles du pays sont le maïs, le soja, la canne à sucre, le riz, le coton, les bananes, les légumes, le café, la viande de b?uf et de porc, le lait, les ?ufs et le poisson. Comme mis en relief précédemment, le Venezuela membre fondateur de l'OPEP, est doté de la première réserve mondiale de pétrole (299,95 Mds de barils et moins de 12 milliards de barils pour l'Algérie), avant l'Arabie Saoudite, malgré un pétrole lourd, et de la quatrième réserve mondiale de gaz naturel..
Mais avec des réserves de change tendant vers zéro, un endettement de plus en plus lourd, réduisent les marges de man?uvre du gouvernement et rendent la menace d'un défaut de paiement de la dette externe vénézuélienne probable. Le Venezuela a évité de justesse le défaut en 2015 grâce aux prêts accordés par la Chine et a réussi à honorer l'échéance de février 2016 (1,5 milliards USD), mais les deux échéances les plus importantes sont à venir. Malgré les augmentations de salaire, le pouvoir d'achat est en baisse, la pauvreté augmente et le système de santé se dégrade.
Le taux de chômage explose. Le pays fait également face à une montée de l'insécurité, avec le taux d'homicide le plus élevé du continent latino-américain. En résumé, dans la pratique des affaires et en politique n'existent pas de sentiments, toute solution est avant tout interne, résidant en une nette volonté politique du pouvoir vénézuélien d'approfondir la réforme globale. Aussi il ne faut pas avoir une vision de sinistrose. En plus de réserves de pétrole, le pays dispose de ressources minières et agricoles considérables, d'un territoire propice au tourisme d'une société civile active et surtout d'un système socio-éducatif de bonne qualité, la ressource humaine fondement du développement, autant d'atouts aujourd'hui sous-exploités.
Sous réserve de profondes réformes structurelles et d'une vision loin du populisme stérile qui a conduit le pays cette situation, réformes qui déplaceront forcément des segments de pouvoir assis sur la rente, le Venezuela a d'importantes potentialités de sortie de crise. L'Algérie pour ne pas renouveler cette expérience malheureuse de semi- faillite doit éviter des discours euphoriques et méditer la leçon vénézuélienne.
(Suite et fin)
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités, expert international


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