Algérie

Le veau et le b'uf détrônent le moutonL'Aïd El Adha à M'Chedellah (Bouira)



Le veau et le b'uf détrônent le moutonL'Aïd El Adha à M'Chedellah (Bouira)
« Le b'uf commence à voler la vedette au bélier », nous dira Madjid, originaire de la région. L'Aïd El Adha, cette fête religieuse héritée du prophète Ibrahim El Khalil, qui consiste en le sacrifice d'un mouton dont les trois quarts de la carcasse doivent être distribués aux pauvres en signe de solidarité, est de moins en moins respectée par tous. Et pour cause, les prix des ovins sont jugés trop chers par la majorité de la population. Face à cette inflation, les citoyens aux faibles revenus recourent à l'achat collectif de b'ufs, histoire de sauvegarder l'ambiance de la fête, tout en se pliant au rite religieux. « Nous sommes 4 frères et nous avons acheté un b'uf de plus de 120 kg pour une valeur de 130.000 DA », ajoute Madjid. Comme partout ailleurs, les maquignons imposent leur diktat, et le mouton dans cette région, pourtant agricole, atteint des prix défiant toute logique. Cette situation conduit plusieurs chefs de famille à s'associer pour acquérir un taureau à la place d'un bélier dont le sacrifice se fait individuellement. Selon des habitants de Saharidj, même l'imam de la mosquée encourage cette « pratique ». Sa fetwa a rappelé que la pratique est parfaitement licite. Selon cette dernière, à l'occasion de l'Aïd, même les chameaux peuvent être égorgés par les fidèles à condition que leur nombre ne dépasse pas dix. Les b'ufs également, mais leur nombre est réduit à sept. La foi ne les dispensant nullement de faire des calculs, les adeptes du sacrifice collectif semblent avoir trouvé leur compte. « Au lieu de payer un mouton à 40. 000 ou 45.000 DA, on préfère une part dans le b'uf à raison de 15.000 à 20.000 DA. On gagne la moitié en argent et le double en viande ! », note Mourad, un autre citoyen de cette localité. Ainsi, cette nouvelle pratique permet aux populations de ne pas transgresser le fait religieux et, surtout, de sauver la face devant leurs enfants qui auront droit à l'ambiance et à l'abondance de la viande durant cette journée. Les prix du veau varie entre 12 et 15 millions de centimes et son poids avoisine les deux quintaux. Certains groupes se permettent même le luxe de confier la tâche du sacrifice et la découpe à des bouchers professionnels à raison de 3.000 DA. Les lots de morceaux ainsi constitués seront distribués par les jeunes suivant le nombre d'associés. Au bout de deux heures, tout le monde aura sa part. Quant au « bouzellouf », la majorité des familles le prépare pour le dîner de l'Aïd. Les femmes des « associées » se rassemblent chez l'une d'entre elles et préparent le dîner qui sera partagé, à son tour, dans la soirée. Cette pratique, qui reste à la portée de toutes les bourses, commence à se généraliser non seulement à M'chedellah, mais aussi dans toute la Kabylie.


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