Algérie

Le tueur de temps



Scrutez, regardez, retournez le pays, il ne se passe rien. Quand Bouteflika s'assoie, ses hommes se couchent, le pays s'allonge et l'actualité se meurt. Comme remarqué par notre éditorialiste, les guignols du FLN servent à masquer cette profonde paresse nationale où le premier évènement est le lever du soleil. Le dernier aussi. Donc après avoir repoussé l'OTAN, gagné une autre guerre contre la France, sauvé les puits de pétrole, donné une gifle aux ennemis de la nation, selon l'ENTV et démantelé les plans du Qatar, de Bill Gates ou de Mohammed VI, l'Algérie ne fait rien. Neurasthénique, penchée sur sa grande mosquée avec sa petite peur de la mort, tremblante, front contre la vitre, soupçonneuse. Pourtant Bouteflika l'avait promis : les jeunes algériens seront tous ministres de la Jeunesse et des Sports à 25 ans, comme lui. Et tous auront un avion et toute la terre. L'histoire nationale ' Elle sera transmise, livrée avec les noms et les factures, les lieux et les secrets. C'est ce qu'on a promis à Sétif face à des millions de vivants et 45.000 morts. Et après ' Rien. Vous avez voté ' Allez dormir.
Même les ministres algériens, ou du moins ce qui en reste, gèrent leurs secteurs avec ce mot fatidique « on ignore tout ». De leur reconduction ou de leur départ. Il y a donc quelque chose de l'ordre de la métaphysique et de la veillée dans le pays. Une sombre méditation sur la fin dernière et le commencement à fêter. Cela fait 50 ans que le pays a 74 ans, pour reprendre une tournure. Donc, dans destin autre que le souvenir, on va fêter l'indépendance. Pas celle alimentaire, ni culturelle, ni de la main-d''uvre, ni même urbaine et architecturale. A peine vestimentaire. Cela se fera avant l'importation massive de la viande d'Inde. Donc le pays est assis, regarde son âge. Il ne s'y passe rien. Curieuse, trou noir et sans pesanteur dans un monde « arabe » en crise, fièvres et révolution. Comme si nous vivions tous dans une sorte d'au-delà, un espace sans lois de conséquences. Donc, quelques semaines après qu'on nous ait parlé de menace internationale, on découvre la véritable menace nationale : l'hébétude. On va manger de l'argent puis rester ici et ensuite on va construire une grande mosquée et, pour ceux qui n'ont pas puis fuir, mourir, en analysant l'échec jusqu'à obtenir la plus grande production mondiale de feuilles mortes.




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