La muraille de lumière qui commémore la chute du Mur de Berlin fête également, et à juste raison, l'illumination du génie allemand et célèbre l'émancipation de la communauté académique du joug de la police politique par l'effondrement de la «chape» idéologique qui ceinturait l'Université allemande orientale.La chute du Mur de Berlin, en 1989, sonna le glas pour le système d'enseignement est-allemand, réputé pourtant théoriquement exemplaire, fonctionnel et égalitaire, mais sournoisement dictatorial, sous la dictée du Politburo et le bâton de la Stasi. A force de broyer de l'«utopie», l'éducation, par trop populiste, de l'ex-RDA, a fini par se mordre la queue. L'unification allemande a charrié dans son sillage outre l'unanimité sur le modèle politique un consensus académique par l'unification du système d'éducation dans les länders fédérés. Néanmoins, d'aucuns invoquent les séquelles immarcescibles encore saillantes dans le discours d'une certaine élite nostalgique à l'ancien modèle. La dernière réforme de type LMD vint finalement achever les ultimes ranc?urs d'une élite sevrée à l'idéologie communiste. Aujourd'hui, les systèmes d'éducation allemands relèvent de la compétence des länders, et même s'ils varient selon la législation de chaque land, une conférence fédérale des ministres de l'Education respectifs en assure, en permanence, l'homogénéité.Il était une fois à l'estMalgré la bonne réputation des facultés de l'ex-RDA en matière de sciences naturelles et de technique, et nonobstant la «bienveillance» de l'ancien système généreux en allocations et garant d'affectations professionnelles, la paranoïa du pouvoir politique avait agrégé à l'Université les pires des aberrations pédagogiques. L'enseignement polytechnique était dispensé assez prématurément à l'école. Supposé créer un lien précoce avec le monde du travail, il visait insidieusement l'embrigadement des apprenants dans le moule de la «production socialiste».Ainsi, outre la «pieuse» propension égalitariste de l'Université populaire de l'ex-RDA, les facultés des «ouvriers» et des «fermiers» avaient un charme certain. Or, le zèle pour le moins populiste qui, faisant fi du numerus clausus, privilégiait les fils de paysans et d'ouvriers, bannissait par là même les fils d'opposants. Autant d'autres formes de «procès», à l'image de l'évaluation de la «fiabilité politique» des élèves comme critère d'accès à l'université firent, paradoxalement, l'antithèse de «l'égalité des chances» chère au système communiste. Toutefois, en matière de contradiction, l'émancipation lénifiante de l'ex-étudiante est-allemande d'origine modeste, Angela Merkel (Dorothea Kasner de son vrai nom), est à noter comme un autre paradoxe qui stimule la réflexion et nous révèle la complexité surprenante de la réalité.Breaking the WallIl serait outrecuidant de tirer des parallèles entre les anciens professeurs adhérant à l'ex-parti nazi (NSDAP), bannis de l'éducation à la naissance de la République de l'ex-giron soviétique avec les élites universitaires ex-affiliées au parti dissout communiste (SED). Or, nul ne peut ignorer une mouvance d'enseignants nostalgiques de l'héritage de l'ex-RDA, une élite aigrie certes, mais qui assume ouvertement son idéal socialiste dans les choix des politiques publiques, et notamment ceux relatifs à l'enseignement supérieur. Dès la chute du Mur, étudiants et parents réclamèrent la «liberté» de choisir la première langue vivante, pas plus tard que la fin 1989 les professeurs de langue russe sont priés de suivre des cours d'anglais pour les prodiguer à leur tour aux élèves.A partir de 1991, jusqu'à 90% des apprenants choisissent l'anglais comme première langue vivante. Et, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les ex-enseignants du module «Rayonnement de la lumière rouge» (Rotlichtbestrahlung), se sont quant à eux reconvertis pour dispenser désormais les cours d'enseignement sociétal. Un enseignement nouveau qui inculque la docsa de la société allemande nouvelle et fondée sur une doctrine originelle allemande, le «bildung», cher à Wilhelm Von Humboldt. Un concept qui remonte à 1800 et associe, fort raisonnablement, l'acquisition du savoir à l'épanouissement de soi.
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Posté Le : 12/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Staifi
Source : www.elwatan.com