Algérie

Le travail est un remède


Des voix s'élèvent ces derniers temps pour louer, en la redécouvrant, l'importance du travail et ses bienfaits, répétant à l'envi que c'est un acte dévotionnel ('ibâda). Mais au-delà du concept, quelles réflexions pourrions-nous avoir à propos d'un sujet aussi crucial dans la vie des êtres ' Une esquisse de réponse est proposée dans les quatre chroniques à venir.En effet, le travail semble être à la fois le signe de la misère de l'homme et le moyen de son affranchissement. Rappelons tout d'abord l'étymologie latine connue du vocable « travail ». Il est construit sur le mot tripalium : un instrument de torture après qu'il a été utilisé pour maintenir les chevaux fougueux afin de les ferrer. Mais aussi difficile soit-il, le travail est nécessaire pour la subsistance des hommes, qu'il soit perçu comme une servitude ou une émancipation. Travailler, c'est se réaliser hors de soi-même. Lutter et affronter les difficultés de la vie pour se nourrir et subvenir aux besoins de sa famille est une caractéristique constante de l'aventure humaine pour un grand nombre d'hommes et de femmes de tout temps et partout de par le monde, notamment pour ceux et celles qui sont encore à l'économie de subsistance. Il est vrai que pour certains et depuis toujours, le travail exprime à lui seul une grande part des contingences de la condition humaine. De même, si parfois peut régner une vision hiératique exagérée du travail, il n'en reste pas moins que dans les traditions religieuses issues du monothéisme abrahamique, celui-ci est voulu et béni par Dieu. Certes, dans l'épisode bien connu de l'éviction du paradis suite à la désobéissance originelle, l'homme se retrouve « condamné » à errer sur terre, en gagnant sa vie à la sueur de son front, voire de ses narines ! Subséquemment, la femme doit accoucher dans la douleur. Dans cette configuration, le travail serait même une malédiction. Il est vrai que certains exégètes de la Bible ajoutent de nos jours la boutade classique : heureusement que le « progrès » a permis à l'homme d'utiliser le tracteur et à la femme de recourir à la péridurale !Toujours est-il que, quel que soit le domaine dans lequel l'homme s'investit en travaillant avec opiniâtreté, il acquiert avec le temps et le long apprentissage ingéniosité et virtuosité. Il aura en fin de parcours la satisfaction de l'artisan bâtisseur et le contentement de l'artiste créateur. Le chemin du bonheur est une route merveilleuse lorsqu'elle est jalonnée d'activités pratiquées avec goût et récompensées par une production tangible.Sur un autre plan, d'aucuns appliquant les conseils des psychanalystes au pied de la lettre tiennent à surmonter avec le temps les afflictions douloureuses et à noyer les chagrins inconsolables en s'absorbant dans une activité prenante. De ce point de vue, le travail est un remède et une médication aux maladies de l'âme. Il acquiert par là même indéniablement un attribut thérapeutique.En outre, l'esprit de créativité guidant le génie humain, les inventions se succèdent et les innovations mises au service de l'homme, alors le travail assure la longue marche vers le progrès et paradoxalement vers aussi l'affranchissement des tâches harassantes. En attendant, le travail demeure le meilleur creuset dans lequel coulent les volontés humaines. Accompli dans un élan de solidarité, le travail rapproche les esprits et unit les c'urs. Il a des valeurs et engage des vertus, son importance spirituelle et métaphysique est inséparable de sa haute signification morale. Nous en évoquerons quelques aspects prochainement.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)