Algérie

"Le travail de sensibilisation est impacté par l'indisponibilité du vaccin"



Tout en regrettant la persistance actuellement d'une pénurie du vaccin contre la Covid-19, Lyès Merabet évalue, à hauteur de seulement 5%, le taux de vaccination dans le corps médical depuis le début de l'opération.Liberté : Quelles difficultés avez-vous recensées dans le déroulement de la campagne de vaccination contre la Covid-19 '
Dr Lyès Merabet : La disponibilité des vaccins en quantités suffisantes au niveau des structures de santé, un plan de communication efficace, une bonne coordination sur le terrain avec la possibilité d'accès à une plateforme numérisée à l'endroit de la population ciblée par la vaccination... sont les éléments qui structurent toute campagne vaccinale d'envergure nationale. Malheureusement, même si nous saluons le lancement officiel de la vaccination contre la Covid-19 dans notre pays, nous faisons le constat que l'opération connaît des difficultés, notamment du fait de la non-disponibilité des vaccins, puisque nous comptabilisons, deux mois pratiquement après son lancement, la distribution de 200 000 doses de vaccin, sachant que 2 doses sont nécessaires pour chaque personne vaccinée.
Que faut-il faire pour remédier à cette situation '
L'idéal serait de pouvoir produire le vaccin localement et, à défaut, redoubler d'efforts dans les négociations avec nos différents partenaires étrangers producteurs de vaccins pour en rapporter régulièrement et mettre à la disposition des professionnels de la santé les quantités suffisantes pour pouvoir mener à terme cette campagne qui doit atteindre ses objectifs dans un espace temps acceptable pour espérer parvenir à un niveau de protection acceptable par la vaccination ou l'immunisation naturelle produite par la maladie. Ce qui permettra la levée progressive des protocoles sanitaires et reprendre le cours normal de la vie.
Avez-vous une idée du taux de vaccination dans le corps médical '
Nous n'avons pas les chiffres exacts car ils n'ont pas encore été communiqués par le ministère de la Santé, mais nous évaluons au maximum à 5% le taux correspondant au nombre total des professionnels soignants estimé à quelque 500 000 agents du secteur public et privé (corps médical, paramédical, corps communs...).
Y a-t-il un mécontentement par rapport aux quantités insuffisantes de vaccins '
Oui, absolument, déjà que ça empêche les établissements de santé de pouvoir organiser cette activité annexe et conjoncturelle dans le cadre d'un planning de travail qui fixe des objectifs et des échéances.
Le travail de sensibilisation nécessaire pour faire adhérer les professionnels et la population à l'objet de la vaccination est quelque part impacté du fait de notre incapacité à répondre à la demande et aux sollicitations de tous ceux qui se sont déjà manifestés pour s'inscrire ou bénéficier carrément de l'acte vaccinal après avoir pris un rendez-vous.
Avez-vous enregistré des cas d'effets secondaires après une vaccination avec l'anglo-suédois AstraZeneca ' Êtes-vous pour sa suspension '
Pas à notre connaissance. Il faut dire que les quantités de vaccin AstraZeneca utilisées chez nous reste relativement faible (50 000 doses/25 000 personnes), mais il n'a pas été fait état de réactions post-vaccinales particulières jusqu'à présent. D'ailleurs, cette question vient d'être tranchée par plusieurs autorités sanitaires de par le monde et l'avis des experts a été rendu public, et il recommande l'utilisation de ce vaccin.
Le taux de contaminations par la Covid-19 se stabilise autour de moins de 200 cas par jour en dépit du relâchement général constaté ces dernières semaines. Pensez-vous qu'on a atteint un certain seuil d'immunité collective comme le pensent certains experts '
Je pense qu'il faut être prudent et ne pas aller trop vite sur des hypothèses qui ne reposent sur aucune expertise scientifique publiée. L'évolution de la pandémie n'a pas encore révélé tous ses secrets, et en attendant les résultats des études épidémiologiques réalisées chez nous, je pense que ce sont plutôt les mesures préventives conjuguées, le maintien de la fermeture des frontières et peut-être une perte de virulence chez la principale variante du virus Sars-CoV-2 qui circule sur notre territoire qui expliquent cette situation.

Entretien réalisé par : NISSA HAMMADI


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