La situation du transport urbain en Algérie, notamment privé, constitue unproblème quasi quotidien. Les usagers vivent un calvaire quotidien et constant. Obligés d'emprunter ce moyen de transport, Ils se sentent pris en otage, notamment avec le diktat des chauffeurs de bus et receveurs qui imposent leur loi, tout cela dans la passivité total des autorités qui tardent à régler les lacunes et les imperfections du secteur. Les multiples lacunes qui rongent les transports urbains sont d'ordre organisationnel, matériel et même relationnel. Les bus qui circulent sont de véritables engins de mort, vieux de nombreuses années, on se demande comment ceux-ci, dans un état de dégradation avancé, continuent à circuler dans les artères au vu et au su des autorités. À cela s'ajoutent le comportement de certains chauffeurs ou de receveurs qui n'en font qu'à leur tête, le non-respect des citoyens, le non-respect du code de la route, le défaut d'uniforme... et la liste des dépassements est encore longue. Ces problèmes persistent et durent depuis plusieurs années à travers tout le territoire national et au niveau de plusieurs localités et villes. Les problèmes liés au transport urbain sont plus grande acuité dans les villes et localités qui ont une grande densité de population. Dans la wilaya d'Alger, Bordj el Kiffan, Rouiba, Réghaïa, Bab Ezzouar, El Hamiz, villes les pluspeuplées de la capitale, les lacunes et les imperfections en termes de transport privé sont les plus visibles. Le calvaire commence dès les premières heures du matin. À titre d'exemple, les bus qui assurent la navetteAïn Taya - Alger constituent un véritable cauchemar pour les usagers. Les chauffeurs tardent à démarrer et passent de longs moments au quai, les usagers, des étudiants ou des employés, crient leurs ras-le-bol face à cette situation et manifestent leur mécontentement face aux comportements abusifs deschauffeurs. Une fois que le bus démarre, ce dernier roule très lentement et s'arrête pendant de longues minutes à chaque arrêt. Sans parler de l'état dégradé des bus assurant cette ligne. On constate souvent que desfenêtres sont cassées ou sont inexistantes dans certains, les chauffeurs remplacent ces dernières par du plastique ou des panneaux de bois, avec tous les dangers que cela peut constituer pour les usagers. En période d'hiver, de l'eau coule du toit du bus à cause des nombreux trous. Dans certains bus, les portent ne se ferment pas ou se ferment mal, à l'improviste, et pour y remédier, les receveurs attachent ces portent avec des fils de fer. «Les propriétaires ne peuvent pas se permettre d'acquérir un nouveau bus, cedernier coûtant près de 200 millions de centimes. Les gens croient qu'un propriétaire de bus fait une fortune durant la journée ou durant le mois alors que la moyenne des revenus d'une journée ne dépassent pas les 2 000 dinars», nous dira Omar un jeune receveur que nous avons rencontré. «C'est aux autorités ou à la direction du transport de régler ce problème de vieux bus, et cela en accordant l'agrément ou la ligne de transport seulement pour les personnes qui possèdent un bus neuf», a-t-il ajouté. Le jeune receveur continue son travail tout en poursuivant la discussion et la litanie de problèmes, le bus se remplit au fur et à mesure. Le receveur qui a un contact direct avec les citoyens est souvent pointé du doigt, des disputes éclatent souvent avec des usagers, ces derniers les accusant de mettre beaucoup de temps à démarrer ou desurcharger le bus. «Ce n'est pas facile d'avoir un contact direct de manière quotidienne avec des centaines de personnes. Certains citoyens nous mettent sous une pression terrible, d'autres nous insultent, certains usagers refusent même de payer le tarif du voyage. Certains receveurs se droguent pour pouvoir supporter cette pression.»Une autre personne s'invite à la discussion : «J'ai travaillé pendant longtemps comme receveur auparavant, durant les années 90. Ma relation avec les usagers était excellente, ils me connaissaient tous, nous avions un respect mutuel. C'est dire que les temps ont beaucoup changé et qu'il existe un problème relationnel entre les usagers et les receveurs ou chauffeurs de bus qui n'existaient pas avant. Ces derniers étaient responsables de la sécurité et du bien-être des usagers. Aujourd'hui si une personne se fait agresser dans le bus ou qu'elle est victime d'un malaise, le chauffeur et le receveur ne prennent aucune responsabilité et ne considèrent pas que protéger les usagers fait partie de leurs devoirs.»Sur cette ligne comme sur de nombreuses autres lignes, pour ne pas dire toutes, tant l'anarchie s'est emparée de l'exercice de cette activité puisqu'il n'existe aucun contrôle, le calvaire des usagers est quotidien. Au niveau de chaque arrêt, les haltes peuvent durer jusqu'à vingt minutes pour racoler le plus de passagers jusqu'à faire du véhicule un capharnaüm. Aux personnes qui osent protester contre les interminables attentes, il est invariablement répondu qu'elles n'ont qu'à prendre un taxi. D'autre part, il existe une certaine concurrence entre les conducteurs, c'est à qui arrivera le premier au niveau d'un arrêt ou qui est désigné pour sortir du quai en premier, ce qui crée beaucoup de tensions entre les chauffeurs de bus, qui virent souvent à l'agressivité et aux bagarres. «Ce qui crée ces tensions, c'est le nombre des sur une même ligne. À titre d'exemple sur la ligne Aïn Taya-Rouiba, selon les normes il devrait y avoir 10 à 20 bus, alors qu'il en existe 30 assurant cette ligne. Ce qui crée beaucoup de tensions entre les chauffeurs. Ce surplus peut s'expliquer par le fait que certaines lignes sont vendues, il suffit de s'acquitter de la somme de 20 millions de centimes.» Un des receveurs que nous avons abordé admet tout de même que le secteur est très mal organisé : «Les responsables du secteur doivent donner les lignes ou des agréments uniquement à des personnes qui ont accumulé une expérience dans le domaine. Il ne faut pas que n'importe qui devienne chauffeur de bus ou receveur, il faut une personne qui connaisse le milieu et ses problèmes. Les chauffeurs et les receveurs doivent être formés, notamment en matière de contact avec les usagers.» Et d'ajouter : «Pour moi, la meilleure solution c'est de renforcer le transport public. Il faut que l'Etusa couvre plus de ligne.» Un autre problème en matière de transport : la circulation. À l'est de la capitale, il existe plusieurs points où se forment de gigantesques bouchons dès les premières heures du matin, notamment à El Hamiz, à cause des nombreux magasins existant des deux côtés de la route et sur une longue distance, ce qui crée des embouteillages énormes durant les heures de pointe. Toute cette pression cause des tensions entre les passagers à cause de la bousculade. Les embouteillages continuent aussi au niveau de la voie menant à l'autoroute de Dar El Beida, au niveau de la cité les Bananiers aussi, à Bab Ezzouar, et jusqu'à La Glacière. Les citoyens habitant la banlieue est de la capitale passent environ une heure-et-demie, voire deux heures, pour arriver à Alger, ce qui est inacceptable. Utiliser les moyens de transports urbains est un véritable calvaire pour les citoyens, qui ne trouvent pas de solution à ce problème, alors que d'autres préfèrent emprunter le train ou le tramway. Tout le monde se renvoie la balle, aucune partie ne prend la responsabilité face à cette situation. Les chauffeurs de bus et receveurs accusent la direction des transports, alors que cette dernière affirme que ces derniers commettent des infractions et ne respectent pas les lois. Mais à qui incombe la responsabilité de les faire respecter, si ce n'est à la direction des transports 'A. K.
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Posté Le : 11/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdallah Kaddour
Source : www.latribune-online.com