Le secteur des Transports est dans tous ses états et risque de déboucher
sur une voie sans issue si, d'ores et déjà, aucune concertation, en amont,
n'est décidée et qu'aucune mesure salvatrice et pragmatique n'est prise, en
aval, pour dépassionner un dossier déjà lourd en griefs.
Les dernières sorties médiatiques des professionnels du Transport avec
les menaces d'un débrayage brandi lors d'un point de presse du Syndicat
national des transporteurs de bus et taxis, et le déballage des problèmes
récurrents qui minent le peuple des taxieurs, soulevés lors de l'installation
du nouveau bureau de wilaya des chauffeurs de taxi, affilié à l'Union des
associations des commerçants et artisans d'Oran, l'UACAO, renseignent sur le
degré du «ras-le-bol» que ne cessent de dénoncer les contestataires d'un
secteur gangréné par l'informel. Au niveau des adhérents locaux du SNTT, et
parmi les transporteurs des bus urbains, ils sont unanimes à montrer du doigt
les clandestins qui, affirment-ils, sont responsables de leurs plus grands
maux.
Une concurrence déloyale qui
s'est développée, surtout ces deux dernières années, selon quelques
interventions de transporteurs locaux, et qui s'est répercutée négativement sur
l'organisation du secteur en créant une anarchie telle que les «légaux» sont souvent
pénalisés au niveau du stationnement par le foisonnement de ces bus et taxis
«clandestins». Des exemples de dépassements sur certaines lignes ont été
également évoqués où le trop-plein des « quatre roues » nuit grandement à la
rentabilité des transporteurs qui se disent prêts à aller jusqu'à la grève si
leurs doléances ne sont pas prises en considération. Un argumentaire repris par
Tayeb Bey Abdallah, président du bureau de wilaya des chauffeurs de taxi,
affilié à l'UACAO qui appellera, tout bonnement, à suspendre la délivrance des
agréments de taxis. Ainsi, l'activité de plus de 7.000 taxis est mise en avant
pour souligner l'«embouteillage» d'un créneau, tout en impliquant la passivité
des pouvoirs publics qui affirmaient alors que « l'arrêt ou la suspension des
agréments nous permettra de voir plus clair car nous ne pouvons plus tolérer la
politique des deux poids deux mesures », en expliquant plus loin
l'incompréhension des chauffeurs de taxi quant à la délivrance d'autorisations
d'exploitation à trois compagnies de taxis alors que la concurrence déloyale
fait rage. Une concurrence puisée directement de la raison d'existence des
compagnies de taxis puisque les taxieurs essayent toujours de s'expliquer
comment une compagnie est active avec seulement un agrément pour l'ensemble de
ses véhicules, alors qu'eux travaillent avec un seul agrément pour une seule
voiture.
Par ailleurs, l'autre problème,
de taille, qui gangrène la quiétude et la sécurité des transporteurs oranais
est la persistance d'un phénomène qu'ils dénoncent fortement. En effet, les
transporteurs assurant les différentes lignes urbaines et suburbaines sont
quotidiennement victimes de racket de la part de certains individus qui se sont
autoproclamés « chefs de quai ». Ces derniers, dont l'existence remonte à
plusieurs années déjà, exigent d'être payés pour l'utilisation des arrêts de
bus. Certains chauffeurs affirment payer 50 à 100 DA le droit d'arrêt au
terminus à ces personnes, mais avouent que la situation a pris de l'ampleur
depuis qu'ils se font racketter pratiquement à tous les arrêts. Des confidences
qu'on retrouve chez la quasi-majorité des transporteurs qui payent pour éviter
d'être agressés physiquement ou de voir leur bus saccagé.
Devant cet état de fait, les
transporteurs expliquent leur refus de déposer plainte par la crainte de
représailles de la part de ceux qui sont derrières ces prétendus «chefs de quai
». A ce propos, le secrétaire général de l'Union général des commerçants et
artisans algériens, l'UGCAA, bureau d'Oran, avait confirmé les faits suscités
en déclarant que les «chefs de quai» imposent leur propre dictat en rackettant
les transporteurs au quotidien. Il avait confié que «sur une ligne de 4 km, on
peut trouver jusqu'à 20 «chefs de quai». Le transporteur est victime de leurs
agissements, mais il est aussi victime du fait qu'il ne dépose pas plainte
contre eux auprès des services de police». Par ailleurs, une opération de
grande envergure visant l'assainissement du secteur des Transports est menée
conjointement par les services de la Caisse nationale des assurances sociales
(CNAS) et la direction des Transports. Il s'agit pour les services compétents,
de procéder à l'application du cahier des charges relatif à l'application des
assurances au profit des voyageurs et des employés. La couverture sociale des
4.000 employés par les propriétaires des bus est également étudiée par les deux
commissions de régulation et ils sont près de 1.600 transporteurs à être visés
par cette opération.
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Posté Le : 25/10/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com