Algérie

Le tramway slalome à Oran Actualité : les autres articles


Le tramway slalome à Oran Actualité : les autres articles
Attendu depuis 2008, le tramway d'Oran a ouvert ses rames au public hier. Long de 18,7 km, il permet d'aller des universités au centre-ville. Reportage le long de la ligne avec les déçus et les convaincus.
«Voilà enfin un moyen de transport digne des pays les plus développés ! Cela va bousculer toutes nos petites habitudes», reconnaît une mère de famille accompagnée de son enfant.
Après de longs mois d'attente et de galère dans les travaux et les embouteillages, le tramway rouge et blanc d'Oran est enfin fonctionnel à la plus grande joie des usagers. Hier, dès les premières lueurs du jour, les Oranais ont investi massivement ce nouveau moyen de transport moderne et écologique, inauguré par le ministre des Transports, Amar Tou. A l'intérieur des rames, il était quasi impossible de trouver une place disponible, tant le tramway était bondé. A tel point que certains passagers n'ont pas pu descendre à temps à l'arrêt souhaité.
Le prix du ticket (40 DA) n'a pas découragé les Oranais qui ont embarqué, amusés et ravis, sans avoir de destination précise, «juste pour le baptême», comme nous le diront certains. D'Es Senia à Sidi Maârouf, le parcours du tramway (19 km) compte une trentaine de stations et des haltes par le centre-ville (place Valéro, place 1er Novembre, boulevard Emir Abdelkader') et toutes les universités. «Je vais à Alger au moins quatre ou cinq fois par an, assure un usager et jusqu'à ce jour, je n'ai jamais eu le loisir de monter dans le tram algérois, car il ne couvre qu'une partie de la ville, de plus, loin d'Alger-Centre. L'avantage avec le tramway d'Oran, c'est qu'il traverse toute la ville !» Et permet au cours du trajet d'admirer la place du 1er Novembre et l'architecture des immeubles du vieux bâti, fraîchement rénovés.
Vie nocturne
Une fois à l'intérieur, on est agréablement surpris en découvrant un long couloir spacieux et propre. A la Setram, la société chargée de l'exploitation et de la maintenance des tramways en Algérie, née d'un accord entre l'Etusa, l'Entreprise du métro d'Alger et le groupe français RATP, les responsables se sont fixé comme objectifs «de porter l'Algérie vers un nouveau mode de transport urbain accessible à tous», «d'offrir un service de transport de haute qualité où sécurité, confort, régularité et propreté sont maîtres à bord» et «d'accompagner les Oranais dans la phase d'adaptation à ce nouveau moyen de transport et l'ancrer dans leurs habitudes de déplacement». «Cela donne un air moderne à Oran ! Je préfère monter dans ce tramway que dans les bus délabrés et poussiéreux, même si le prix est un peu cher. Mais si au fond, c'est le prix à payer pour son entretien, alors je trouve ça normal, reconnaît une passagère. Cela poussera les autorités à faire plus d'effort pour améliorer notre environnement et cela profitera à l'image de la ville.» Parmi les plus satisfaits, il y a les étudiants. «Si comme ils le disent, le tramway circulera jusqu'à 23h, c'est tout bénef' pour nous !, témoigne Hakim, 22 ans. On pourra ainsi s'attarder au centre-ville, sans avoir à se soucier sur comment rentrer à notre cité ! Cela va révolutionner notre vie et apporter un plus à la vie nocturne.»
Caméras
Parmi les passagers, il y avait aussi des râleurs. «J'ose espérer que cette foule est juste celle des premiers jours, sinon je vous le dis tout net, je préfère continuer à prendre ma voiture !» A cela, de nombreux passagers ont critiqué le fait que les stations, du moins celles se trouvant du côté ouest de la ville, soient «si proches» les unes des autres. «Maintenant que le tramway est fonctionnel, notre seule préoccupation est de le voir continuer à rouler sans être soumis à des actes de vandalisme ! Il doit nous inciter à changer de mentalité !», s'emporte un vieil Oranais qui ne sait pas qu'une soixantaine de caméras de surveillance ont été installées le long de la ligne. Du côté des bus privés, l'ambiance était morose. Une centaine d'entre eux, principalement parmi les plus vétustes, doivent être arrêtés.
Amer et quelque peu ironique, un conducteur de la ligne 34, celle dont le tracé est identique à celui du tramway, soupire, dépité : «Il ne me reste plus qu'à enlever tous ces sièges, d'y installer un grand réservoir et de me convertir en marchand d'eau douce !» Le projet du tramway d'Oran a commencé en mars 2008, lorsqu'un contrat a été signé entre l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et un consortium espagnol composé du groupe IsoluxCorsan et Alstom Transport. Des projets d'extension sont d'ores et déjà en cours d'étude pour étendre le tracé du tramway à la commune de Belgaïd (est) et l'aéroport d'Oran. D'autres études sont également prévues pour de prochaines extensions en connexion avec le futur métro d'Oran, à l'horizon 2020.
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