Algérie

Le tramway d'Alger marche… et «ça marche déjà bien»


Le tramway d'Alger fonctionne sur l'ensemble du trajet de la station des Fusillés, aux Annassers jusqu'à celle de Mimouni Hamoud, à la sortie de Bordj El-Kiffan. Les Algérois lui ont fait bon accueil. L'affluence était appréciable, vendredi matin, jour de repos hebdomadaire.
7h30, station des Fusillés, aux Annassers (Ruisseau), la même scène se répète : des gens qui hésitent, s'approchent du tramway et cherchent des explications. De manière, déjà routinière, un agent du tramway, désigne le kiosque gris, sur la droite. «Vous pouvez prendre, des billets là-bas». Le préposé répond patiemment aux questions, explique le coût du ticket par zone. «20 dinars jusqu'à Lavigerie, 40 jusqu'aux Bananiers, 50 pour tout le trajet, jusqu'à Fort de l'eau». Certains sont déjà informés et demandent «un ticket de 10 voyages» pour 400 DA. Le préposé «regrette», mais les tickets à 10 voyages ne sont pas encore disponibles. D'ailleurs dans son kiosque, l'électricité est défaillante et c'est au stylo qu'il marque les tickets qu'il donne au client. Avec en plus deux dépliants intitulés «le tramway d'Alger nous rassemble» et un «Guide sécurité, le Tram circule, soyons vigilants».
Les billets se vendent, à 20, 40 et quelques tickets à 50 dinars pour l'ensemble du trajet. «Je n'ai rien à faire à Fort de l'Eau (Bordj El-Kiffan) mais j'y vais pour le fun et pour vérifier que c'est aussi intéressant que je le pense». Un homme affirme que le «voyage est gratuit aujourd'hui». Un agent, présent dans la voiture, lui dit que «non» et qu'il faut payer. L'homme s'entête : «je suis venu de Fort de l'Eau et là-bas on m'a dit que c'est gratuit pour aujourd'hui, la preuve ils m'ont donné des dépliants». L'agent imperturbable : «Si quelqu'un vous l'a dit, c'est qu'il a fait erreur, mais ce n'est pas grave, vous pouvez voyager sur notre compte». L'homme persiste : «si on m'avait dit que c'était payant, je ne serais pas venu». Le tout se termine par des éclats de rire. Il retournera à Fort de l'eau, «banx», «à l''il». La voiture démarre et laisse déjà des retardataires qui agitent des mains. Ils devront attendre la prochaine voiture qui arrivera dans «7 minutes» explique un agent. Pratiquement toutes les places assises sont occupées ce qui est remarquable pour un vendredi matin. Mais à mesure que le tram s'arrête dans les stations, on découvre à quel point il était attendu.
Fini pour vous, faces de misère !
Pour cette première journée grand public, les discussions ne portaient que sur le… tramway. A La Glacière, on pouvait voir, sur la rue de l'ALN, des bus à l'arrêt. Un jeune homme lance à voix haute : «Khlasse Alikoum yaoujouh el miziriya», «C'en est fini de vous, faces de misère !». Cela libère les moulins à paroles. Et on découvre des Algérois qui en ont «gros sur le c'ur» de ces «bus pourris» où l'on est entassé «comme des sardines» et qui «s'arrêtent autant de temps qu'ils veulent aux arrêts».
Entre la station des Fusillés et celle de Bordj El Kiffan/centre, le trajet a duré trois quarts d'heure. «C'est un peu lent» lance prudemment un homme, conscient qu'il prenait un risque de briser le charme. Cela ouvre une longue discussion où les paramètres «coût», «confort» et les «embouteillages absurdes» d'Alger rendent les 45 minutes «absolument raisonnables».
Après un café, pris «pour le principe» à Bordj El-Kiffan, presque pas réveillée, le voyageur pour «le fun» refait le chemin inverse. Beaucoup plus de monde. Places assises occupées, de nombreuses personnes debout. Un tram bien chargé. On discute encore du tramway et de ce qu'il peut apporter. «On reprendra l'habitude perdue d'aller prendre des glaces à Bordj El-Kiffan» dit le voyageur en descendant à Hussein-Dey. «Laakouba pour une extension à Ain Taya». Inchallah.


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