Algérie

Le traitement de choc de Mario Draghi


Le traitement de choc de Mario Draghi
Les marchés financiers ont, eux aussi, réagi avec enthousiasme à ce « minimum historique », le 0,05% de taux de crédit accordé aux entreprises créatrices de richesse et d ?emplois et aux familles désireuses d ?investir, notamment dans le logement. Toutes les bourses étaient en hausse. L ?Ibex 35 (Madrid) gagnait du coup 2 points. Mais les plus heureux sont sans aucun doute les gouvernements des pays de la zone euro. Tous, ou presque, éprouvaient beaucoup de difficultés à honorer le paiement de leurs dettes parvenues à échéance. L ?Espagne par exemple qui avait dû emprunter, entre 2010 et 2013, sur les marchés secondaires à des taux avoisinant les 7%. Un taux qui la poussait vers le plan de sauvetage de la zone euro. Vers l ?impasse grecque ! L ?intervention de la BCE pour aider les pays endettés à équilibrer leurs dépenses publiques, l ?Espagne en fait pendant 3 ans son cheval de bataille. Le président Mariano Rajoy avait le soutien de la France et de l ?Italie mais pas celui des pays du Nord de l ?Europe, à leur tête l ?Allemagne, l ?un des rares pays de la zone euro à avoir la confiance permanente des marchés. Le Trésor allemand empruntait au moment fort de la crise économique en Europe à des taux favorables, entre 2 et 3% lorsque les marchés financiers secondaires proposaient des taux de plus de 6% à l ?Espagne, pays qui était entré en 2011 dans une récession de 12 mois. Le sort qui attendait ce pays du sud de l ?Europe était soit la solution grecque qui se payait « cash » en matière de souveraineté économique et sociale, soit un moratoire financier. La Grèce a été le premier à n ?avoir pas eu d ?autre choix que de se tourner vers la zone euro. On en connaît les conséquences. Les licenciements des salariés par centaines de milliers, des coupes sévères dans les salaires et les pensions, la fermeture des hôpitaux et pour couronner le tout, l ?entrée du pays dans une situation de non gouvernabilité. Avec moins de contraintes que la Grèce, le Portugal et l ?Irlande n ?ont pas eu, eux non plus, d'autres choix que d ?opter pour cette solution draconienne. L ?Espagne était sous cette menace jusqu ?au début du mois de janvier 2014 lorsque son économie a commencé à sortir de sa longue phase de récession. La confiance des marchés secondaires a commencé à se rétablir dès l ?amorce de son retour timide vers la relance de la croissance avec 0,5% de son PIB début 2014. Le Trésor espagnol a commencé à emprunter sur les marchés secondaires à des taux équivalent à ceux concédés à l ?Allemagne et à la France, soit entre 2,5 et 3%. C ?est le bout du tunnel pour Mariano Rajoy ! Pourtant, quelques mois auparavant, l ?Etat espagnol empruntait à 6% pour le financement de sa dette. La décision de Mario Draghi a fait aussitôt chuter la prime de risque de la dette des pays endettés. Celle de l ?Espagne a enregistré une véritable performance. Elle est depuis cette semaine à seulement 118 points par rapport au différentiel de référence de l ?Allemagne ! C ?est un minimum historique si l ?on considère qu ?en 2011, la cote de cette prime s ?était envolée à plus de 600 points. Les gouvernements des pays les plus endettés de la zone euro peuvent regarder avec optimisme l ?avenir pour peu qu ?ils poursuivent leurs plans d ?austérité sociale, et maintiennent au même niveau les coupes dans les budgets des divers secteurs publics. En 2016, ils doivent, sous peine de sanctions de la Commission européenne, ramener obligatoirement leur niveau de déficit public à moins de 3% de leur PIB, comme l ?exige le Pacte de stabilité européen. La décision du président de la BCE, Draghi, de favoriser la relance et la croissance, dans la zone euro, contre l ?avis de Mme Merkel, n ?est pas un chèque en blanc. L ?Allemagne, moteur de l ?économie européenne, est le grand perdant de la mesure Draghi. Angela Merkel n ?a pas dit encore son dernier mot. La chancelière allemande, en « dame de fer », peut à tout moment (sous la pression de son parlement et de l ?opinion publique allemande qui refuse de payer les erreurs des autres) obliger Bruxelles à durcir les conditions d ?accès à ces taux de crédit. Elle a applaudi, récemment, à Madrid, les mesures les plus impopulaires prises par Mariano Rajoy, en l ?encourageant à durcir son plan d ?austérité sociale, contesté dans son pays.


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