Algérie

Le trafic de drogue en milieu scolaire inquiète



Les jeunes trafiquants ont des astuces pour déjouer la surveillance dans les écoles : ils dissimulent la marchandise dans leurs sous-vêtements, derrière des briques ou pavés, dans les salles de bains, dans les poubelles ou dans des buissons.Des parents d'élèves de plusieurs établissements scolaires de la wilaya de M'sila ont lancé un appel de détresse sur la prolifération du trafic de drogue aux abords des établissements scolaires. Les parents d'élèves sont angoissés par le trafic qui ne cesse de prendre de l'ampleur d'année en année. Quotidiennement, des guetteurs "quadrillent" les groupes scolaires, surtout les collèges et lycées, sous les yeux des enfants, pour sécuriser le bon déroulement de la revente de drogue. Les personnes risquant de perturber le trafic et les voitures de police sont systématiquement signalées par un cri à 100 mètres à la ronde. "À chaque descente de la police, des quantités de kif, surtout de psychotropes, sont saisies", rapportent des parents d'élèves qui déplorent que l'école "soit devenue un lieu de retrait pour les revendeurs qui ont presque le même âge que les collégiens et les lycéens, ou qui sont généralement recrutés dans ces établissements scolaires".
Selon un enseignant, la présence des trafiquants de drogue se normalise aux yeux des enfants et les dealers font tout pour former leur relève. "Ça commence par : 'Tiens, je te donne 50 ou 100 DA, va me chercher un sandwich et une boisson.' Ils pervertissent les enfants. À 13-16 ans, quand ils se retrouvent avec 100 ou 200 DA en poche tous les jours, ça leur fait plus d'argent que leurs copains. Ils commencent à faire les caïds et à glisser sur cette pente. C'est inévitable." Parents d'élèves et enseignants sont unanimes à constater que l'école est devenue un lieu de vente privilégié, notamment pour certains adolescents qui, ne pouvant quitter l'établissement scolaire, opèrent souvent leurs transactions sur place. "Un véritable trafic de drogue prend place autour et dans les écoles, surtout les lycées.
Les jeunes vendeurs parviennent à déjouer la surveillance avec une facilité déconcertante, au point qu'ils considèrent les écoles comme leur terrain de jeu favori", ajoute l'éducateur qui estime qu'il est "trop facile de trouver des psychotropes". À l'extérieur des établissements, d'anciens élèves, pour la majorité exclus du système scolaire, connaissant bien les lieux et le personnel éducatif, assurent la vente et la sécurité en utilisant des armes blanches diverses (grands couteaux, sabres, bâtons, chaînes...). Beaucoup sont reconnaissables à leurs baskets et survêtements de marque, les scooters, les motos grosses cylindrées, les montres de luxe, des téléphones portables dernier cri, de grosses chevalières et des coupes de cheveux inspirées de certains footballeurs ou chanteurs.
Les livreurs, qui utilisent des voitures de marque customisées, opèrent de jour comme de nuit. Ils font la ronde pour alimenter le réseau et récupérer l'argent de la vente. Cette réalité de l'école comme milieu de vente les oblige à déjouer non seulement la surveillance de la police, comme c'est le cas pour les vendeurs transigeant dans la rue ou autres lieux, mais également les professeurs, les surveillants et les éventuels dispositifs mis en place pour contrer le trafic en milieu scolaire. Les jeunes trafiquants ont développé toutes sortes d'astuces pour déjouer la surveillance dans les écoles : ils cachent la marchandise dans leurs sous-vêtements, derrière des briques ou des pavés qui se détachent, dans les salles de bains, dans les poubelles ou dans les buissons.
Un jeune vendeur cache sa drogue dans un ballon de football, un autre la dissimule dans un livre. Même des adolescentes n'hésitent pas à plonger dans le trafic de drogue, par amour ou par goût pour l'aventure. Elles dissimulent, vendent et consomment. Ces élèves-vendeurs de drogue, âgés de 15 à 18 ans, consommaient tous des psychotropes. Ils ont commencé à revendre pour obtenir leur drogue gratuitement. Puis, certains ont réussi à faire des profits. "Pour eux, consommer ou vendre de la drogue à un ami est banal", dit un autre professeur qui précise qu'il ne s'agit pas nécessairement d'élèves "à problèmes".
Ces adolescents-revendeurs, perçus comme des débrouillards qui savent se faire respecter, éprouvent un malin plaisir à défier l'autorité, à jouer au chat et à la souris avec les directions et le personnel éducatif. Et ils estiment avoir la partie facile. Pourtant, selon les psychopédagogues, ces élèves sont conscients qu'ils ont beaucoup à perdre en vendant de la drogue. "Les jeunes ont besoin d'être encadrés, qu'on les balise. Ils demandent qu'on les protège d'eux-mêmes", insistent-ils, assurant que "leurs rêves est de devenir médecin, professeur, chercheur, pilote, policier... mais jamais dealer."

Chabane Bouarissa


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)