Après le scandale d'esclavage en Libye révélé en novembre 2017 par CNN, le trafic d'êtres humains dans ce pays est de nouveau sur la table de l'ONU, suite à un rapport qui fait de la hausse de ce phénomène avec la complicité de forces libyennes. Ce document confidentiel de 157 pages élaboré par des experts de l'ONU, et remis aux 15 membres du Conseil de sécurité, révèle également le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique cherche à se rapprocher des trafiquants de migrants dans le sud du pays depuis son éviction de la ville de Syrte en 2016. Le rapport indique que le trafic d'êtres humains est à la hausse en Libye, avec des violations majeures des droits de l'homme. Les experts qui l'ont élaboré ne cachent pas leur préoccupation sur la possible utilisation d'installations et de fonds étatiques par des groupes armés et des trafiquants pour renforcer leur contrôle des routes migratoires. Le triste sort des migrants, dont le nombre a décuplé depuis la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi, a notamment été mis en lumière en 2017 par de multiples naufrages d'embarcations précaires en Méditerranée et la diffusion d'un reportage de la chaîne américaine CNN montrant un marché aux esclaves en Libye. Ce rapport fait état de nombreux cas de migrants arrêtés par des agents libyens avant d'être remis contre paiement à des trafiquants d'êtres humains. Et pourtant, les autorités libyennes ont créé un département de 5000 employés pour combattre les migrations illégales (DCIM) et superviser 24 centres de détention. Mais le rapport onusien qui cite des agences internationales est formel : "Le DCIM n'a pas de contrôle sur les centres de détention." Un responsable libyen a reconnu, selon les enquêteurs de l'ONU, que "les groupes armés sont plus forts que les autorités dans la gestion du flot des migrants". Pour en revenir à Daech, le document onusien souligne que ce groupe terroriste, qui continue d'opérer dans le centre et le sud de la Libye, a dépêché dans le Sud plusieurs représentants avec beaucoup d'argent liquide pour établir des contacts, notamment avec des trafiquants d'êtres humains. Ceci étant, les experts de l'ONU estiment qu'une solution politique en Libye est hors de portée à court terme, parce que les dynamiques militaires et les agendas régionaux contradictoires montrent un manque d'engagement pour une solution pacifique. Par ailleurs, la disparition de près de 90 migrants au large des côtes libyennes, vendredi 2 février, a permis de mettre au jour l'existence d'une filière de trafic d'êtres humains entre le Pakistan et la Libye. Les Pakistanais arrivent en Libye passant par des bureaux d'offres d'emplois, qui servent de couverture à ce trafic. C'était le cas des 16 Pakistanais parmi les 90 migrants qui ont trouvé la mort sur le bateau, vendredi dernier, qui était parti de la ville libyenne de Zawiya. Ces bureaux d'offres d'emplois ? qui existent dans le pays d'origine mais aussi en Libye ? octroient à ces migrants des visas et des papiers pour un travail fictif à Tripoli.Merzak Tigrine
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Posté Le : 07/02/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Merzak Tigrine
Source : www.liberte-algerie.com