Algérie

Le TPS pirate disparaît de nouveau



Les Algériens renouent avec l’ennui Depuis la mi-janvier, les chaînes cryptées du bouquet numérique TPS sont redevenues inaccessibles pour une grande partie des décodeurs et les Algériens n’ont plus le choix de la diversité audiovisuelle qu’ils avaient jusque-là grâce au système D. Ce n’est pas l’écran noir total, mais c’est tout comme. Avec la disparition des chaînes de cinéma, le bouquet Multivision et les principales chaînes généralistes françaises (TF1, M6 et les chaînes de France Télévision), il ne subsiste que quelques chaînes d’informations et deux ou trois chaînes thématiques, comme Ciné FX, Ciné Polar ou encore Action pour les amateurs du genre. Pour beaucoup, c’est le retour aux soirées sans loisirs, alors que la majorité se servait du bouquet TPS comme un divertissement de premier plan, autant pour les salariés de retour d’une dure journée que pour les chômeurs. «Heureusement que l’ENTV s’est arrangée pour la diffusion en direct des matchs de la Coupe d’Afrique des nations et c’est d’ailleurs le seul moyen de suivre cette compétition. Mais après, je ne vois pas comment tuer le temps», nous confie un jeune, moins de trente ans, venu s’enquérir de la disponibilité ou non des codes pirates dans un magasin situé à Kouba, sur les hauteurs d’Alger. Le tenancier de cette boutique de vente de matériel électroménager, principalement tout ce qui se rapporte à la réception numérique (paraboles, postes TV et terminaux), ne nous cache pas, lui non plus, son désappointement: «ce qui m’inquiète cette fois, c’est que les codes ont vraiment tardé. Je ne sais pas pour combien de temps cela va-t-il encore durer». La disparition du code TPS ne touche cependant pas tout le monde. Les propriétaires de l’un des quatre types de décodeurs, dont Metabox ou StarSat, n’ont pas connu de rupture d’accès à TPS. Pour les autres, les choses sont moins roses. Le célèbre et populaire décodeur Stream, qui a détrôné le pionnier Cherokee, parce que moins cher et de configuration simplifiée et pour qui les codes n’ont jamais manqué, est cette fois tout simplement hors course. «Je ne vais tout de même pas acheter un nouveau décodeur à chaque fois qu’il y a une rupture», nous confie un père de famille très accro des émissions de débat politique. «Je préfère attendre et puis, il y a les autres chaînes aussi. Parfois, c’est plus intéressant que les chaînes françaises». En effet, depuis le boom des chaînes satellitaires arabes, une grande partie des foyers a détourné la pointe de sa parabole de Hotbird vers Nilesat, découvrant ainsi un enrichissement du paysage médiatique arabe autant en divertissements, pour les amateurs, qu’en informations, mais aussi pour ce qui concerne les émissions religieuses qui font de plus en plus d’adeptes, de plus en plus fidèles à des prêcheurs passés au rang de stars médiatiques. De plus, les chaînes arabes demeurent entrevues comme étant plus conformes aux valeurs familiales des Algériens. Mais cela ne saurait suffire pour se substituer au traditionnel lien avec l’Europe et avec le monde francophone. En témoigne ce petit échange assez amusant: «Moi, ce que je regrette, ce sont les chaînes sportives, avec leurs commentateurs à l’humour extraordinaire», nous dit un jeune étudiant, rencontré dans une grande surface d’électroménager à Alger-centre. Pour son amie, ce qui est insupportable c’est de prendre son café du matin sans les feuilletons sacrés, «Les feux de l’amour» ou «Amour, gloire et beauté». «Je connais tous ces personnages comme les membres de ma famille. Cela fait dix ans que je les suis, et là franchement, je m’ennuie». Son compagnon fera remarquer, à titre de consolation, que ces feuilletons peuvent se rattraper même dans une année. La demoiselle revient avec un argument de poids: «vous les hommes, vous pouvez sortir, le soir, et remplacer la télé par vos réunions dans le quartier, mais nous?» En attendant une solution à ce fameux bouquet TPS qui semble épouser le caractère de l’addiction chez les téléspectateurs algériens, des personnes activant dans le circuit de la «mise à jour» et autres procédés de «flashage» assurent être vraiment inquiets du retard constaté par la disponibilité des nouveaux codes pirates. Selon plusieurs d’entre eux, qui restent confiant dans la pugnacité des hackers, les prix vont, cela dit, être franchement revus à la hausse une fois les codes disponibles, non seulement à cause de la cherté de la vie, mais parce que tout le monde voudra rattraper son retard sur le chiffre d’affaires. Amine B.


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