Algérie

Le tournant



Le tournant
Il aura été l'événement qui a donné de l'épaisseur à l'insurrection du 1er novembre 1954. Il a considérablement conforté l'élan de l'action révolutionnaire pour l'indépendance du pays. Le congrès de la Soummam, qui s'est tenu le 20 août 1956 dans la région d'Ifri, 20 mois après le déclenchement de la lutte armée, a donné une structuration organique et un prolongement politique au mouvement. Il aura fallu un sens aigüe de l'organisation à Abane Ramdane, architecte de la rencontre, et ses compagnons de combat, Ben M'hidi, Zirout, Bentobal, Krim Belkacem, Ouamrane, pour réussir d'abord à convaincre de la nécessité de la tenue de la réunion, ensuite à matérialiser le projet dans un contexte de guerre totale. Il aura fallu avoir du courage pour songer à déjouer le quadrillage strict du territoire par la puissance coloniale. On mesure la détermination qui a animé ces hommes décidés à en finir avec l'asservissement et la vassalisation auxquels étaient soumis le peuple algérien. Dans toute action collective, il faut un noyau pour servir de locomotive. La justesse et la légitimité de l'action, parce que précisément, elle repose sur le respect de la dignité humaine trop longtemps bafouée par un ordre colonial abject, avait achevé de convaincre les récalcitrants et imposer sur la scène internationale la cause algérienne. Le congrès a permis de doter le mouvement de libération d'un cadre politique à travers une plate-forme adoptée et une direction clairement structurée autour de prérogatives définies. Il fallait pallier un manque pouvant s'avérer dangereux pour la conduite de la révolution qui avait besoin d'une direction centrale à même de coordonner les activités du FLN, tant politiques que militaires. D'une autorité capable de se poser en interlocuteur unique vis-à-vis de l'adversaire et dans l'arène internationale. Le Congrès procéda à la désignation des organes de direction que sont le CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne) et le CCE (Comité de coordination et d'exécution). Le CNRA, parlement du FLN, joue le rôle de direction suprême du mouvement. Il prend des décisions d'orientation politique, militaire, économique et sociale, en même temps que celle d'une assemblée législative, symbole de la souveraineté nationale. Il désigne l'exécutif : CCE. Les militants auront eu ainsi des repères clairs aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur pour la poursuite du combat. Ils ont pour référence la plate-forme qui après avoir analysé la situation politique, fixe les objectifs à atteindre et les moyens d'y parvenir. Elle recèle même les conditions d'un cessez-le-feu qui serviront de base de travail, cinq ans plus tard, aux négociations d'Evian. Son premier principe exige la reconnaissance de la nation algérienne une et indivisible et l'Indépendance de l'Algérie et de sa souveraineté pleine et entière, dans tous les domaines, y compris la Défense nationale et la diplomatie (contre le principe de l'autonomie interne concédé par la France à la Tunisie et au Maroc). Pour prévenir les conflits internes, il a été décidé que le politique prime sur le militaire et l'intérieur sur l'extérieur. Deux décisions, de par leur caractère prémonitoire, qui ont fait jaser. Cette plate-forme a fait émerger, aux yeux du monde, l'image d'une Algérie en lutte pour une cause juste, ouverte à l'ensemble de ses habitants, y compris les minorités non musulmanes. Tandis que sur le versant interne, la restructuration organique a donné plus de vigueur à l'action combattante. Pour toutes ces raisons, le congrès de la Soummam est un jalon déterminant de l'historiographie nationale qui inspire de nouvelles conquêtes.




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