Algérie

Le tourisme mis en péril



La situation dans la région sahélo-saharienne, dont le moins que l'on puisse dire est très sensible, ne cesse de nourrir les craintes des tour-opérateurs qui redoutent de devenir des «pourvoyeurs d'otages». C'est d'ailleurs ce qui a poussé Point Afrique, l'un des tour-opérateurs les plus actifs dans la région, à  annuler six des sept destinations qu'il proposait au Sahel suite à  l'enlèvement de sept personnes dont cinq Français à  Arlit (Niger). Trois destinations parmi celles annulées desservaient l'Algérie, à  savoir Tamanrasset, Djanet et Timimoun. Les trois autres destinations sont Agadez au Niger, Atar en Mauritanie et Gao au Mali. La seule destination maintenue par le tour-opérateur français est Mopti qui mène vers le pays Dogon au Mali. Ces annulations ne sont pas sans effets sur le TO lui-même puisqu'il doit licencier 80% de son personnel. Avec ses sept dessertes vers le Sahel ainsi que le Burkina Faso et le Bénin, Point Afrique atteignait 38 millions d'euros de chiffres d'affaires. «Si on fait 3 millions d'euros cette année, c'est le bout du monde», soulignait lors d'une conférence de presse à  Paris, le président de Point Afrique, Maurice Freund. «On a résisté pendant un an et accru les mesures de sécurité, mais la situation est trop grave. On ne veut pas àªtre un fournisseur d'otages», ajoute le même responsable. Les TO enregistrent une baisse vertigineuse des demandes sur la destination des pays du Sahel. Près de 40% des réservations ont été annulées chez Point Afrique à  cause de l'actualité inquiétante qui plonge la région dans un décor de guerre contre le terrorisme. «Le battage médiatique créé autour des enlèvements est grandement responsable de la désaffection de ces destinations : il existe désormais une véritable psychose, les gens ne se sentent plus en sécurité et les populations locales s'enferment dans la loi du silence, de peur de voir s'abattre sur elles les représailles des organisations terroristes», indique le patron de Point Afrique qui note en outre qu'un enlèvement peut coûter à  son entreprise 10 années de salaire. Le TO qui faisait le bonheur des villages touareg en créant une activité touristique, annonce qu'il ne pourra rétablir ses vols avant 2012. «Nous rentrons désormais dans un cercle vicieux qui fait le jeu des organisations terroristes : la suspension de l'apport aux populations locales des revenus créés par le tourisme risque malheureusement de les faire glisser de plus en plus vers l'illégalité», déclare Freund au site d'information Rue 89. Si Point Afrique a choisi d'annuler carrément ses dessertes, d'autres tour-opérateurs ont décidé de braver, mais dans la prudence, cette psychose. Ainsi l'association «Agir pour un tourisme responsable», regroupant une vingtaine de petits tour-opérateurs a maintenu certaines destinations moins sujettes aux risques, comme certaines régions du Sud algérien, la Libye et le pays Dogon. Afin de garantir des circuits sûrs, Allibert, un de ces TO projette de «monter deux missions de sécurité en Mauritanie et en Algérie pour maintenir des flux touristiques», rapporte l'AFP. C'est un véritable combat de David contre Goliath que livrent les pays de la région sahélo-saharienne contre un battage médiatique mettant entre parenthèses la saison touristique. Au salon Top Resa à  Paris, les représentants du tourisme mauritanien, nigérien et malien essayent de convaincre sur la sûreté du voyage dans le Sahel et tentent de sauver un secteur du tourisme pourvoyeur de richesses pour les populations locales. Pour rendre efficace leur message rassurant, les voyagistes du Sahel ont opté pour la promotion des zones éloignées du désert sahélien. Il y va de la survie de ces pays. Le Mali, qui est aujourd'hui au centre de la guerre contre AQMI, compte sur le tourisme comme troisième source de revenu après l'or et le coton.                


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