Pianiste depuis ses 7 ans, Zaki Allal est désormais compositeur. Il prépare sa première tournée internationale alors qu'il est interne en médecine. Rencontre avec un surdoué boosté par les réseaux sociaux.
Paléontologue ou astronaute. Quand il était enfant, Zaki Allal rêvait d'un métier d'exploration. Le petit garçon apprend à repérer les constellations et se passionne pour les aurores boréales. Mais il passe aussi beaucoup de temps à pianoter sur le Gaveau de la maison, un piano de 1918. Son père l'inscrit dans une association de musique andalouse. S'ensuivent deux années d'apprentissage du solfège. «Le professeur était extrêmement sévère, mais cela m'a servi plus tard», raconte-t-il. Il s'essaye à la mandoline, au violon et au chant. Mais Zaki sait déjà ce qu'il veut : «Je cherchais des sons riches, qui pouvaient être amplifiés.» Il choisit donc le piano.
Une passion qui ne le quittera plus. Aujourd'hui, il s'apprête à partir en tournée. Repéré lors d'un concours de jeunes talents sur internet, il compte 30 000 fans sur sa page. Zaki avait 10 ans lorsqu'il prend son premier cours particulier avec une pianiste allemande qui vit à Oran. «Je progressais très vite, j'avais hâte de rentrer à la maison pour travailler les morceaux qu'elle m'avait donnés», sourit-il. A l'époque, son professeur note son travail à l'aide de petites étoiles de couleur rouge : six branches : excellent, huit branches : parfait. «C'était encourageant !»
Mais alors que le professeur doit s'absenter de plus en plus régulièrement, Zaki, devenu adolescent, se lasse de la musique classique allemande. «J'aimais beaucoup les mouvements très rapides, alors que les adagio m'ennuyaient. Je délaissais le travail.» Il n'abandonne pas le piano. Il se met à composer. A 17 ans, le jeune homme donne son premier récital à l'institut Cervantès d'Oran. Le directeur de l'époque lui ouvre la salle et invite des personnalités de la région. Ce sera le premier pas de Zaki vers la musique professionnelle. «Rares sont les gens qui font confiance aux jeunes, je dois tout à cet homme», insiste-t-il.
D'Oran à Londres
Aujourd'hui, Zaki Allal a le visage souriant et l'élégance des hommes de scène. Le jeune pianiste amateur a mûri. Dans trois mois, il entamera sa première tournée internationale. Son premier album, Celestial, sortira au même moment. Mais le jeune homme de 25 ans est désormais interne en médecine. «Je sais, c'est de la folie», dit-il en riant. La médecine est une passion. Des envies d'humanitaire et de voyages. Le parcours a été difficile. «Les premières années, comme les examens étaient semestriels, je parvenais à étudier à distance», révèle-t-il.
Le musicien multiplie les allers-retours en Espagne où il trouve du plaisir à perfectionner sa technique avec un répertoire classique espagnol. «J'avais beaucoup plus de liberté.» La liberté d'interpréter, c'est aussi le souvenir marquant que Zaki garde de cette année qu'il passera dans une prestigieuse école de musique de Londres. Le recrutement est très sélectif. Mais le jeune homme va bénéficier des conseils de grands professeurs. «Nous passions des heures dans de petites salles individuelles, l'assistante du professeur venait voir nos progrès», raconte le jeune homme encore enthousiaste. Il continue à composer, donne des concerts à Oran et à Londres.
Traversée du désert
Mais lorsqu'il atteint la 4e année de médecine, les choses se compliquent. «J'ai eu quatre matières aux rattrapages. Mon année était menacée. J'ai mis la musique de côté.» Cette période, la «traversée du désert», il ne la regrette pas, mais ne perd pas de vue son projet. «Je ne voulais pas me mettre dans le rang, faire comme tout le monde. J'ai besoin de créativité, d'apprendre en expérimentant.» Se différencier, c'est encore ce qui va pousser Zaki à quitter les clous. En 2012, il prend une année sabbatique. Il voyage, enregistre un album et tourne son premier clip. Allier ses deux passions et en faire un métier ' Bien sûr, cela s'appelle la musicothérapie. «Ce n'est pas du charlatanisme, des études ont prouvé l'influence de la musique sur le corps humain.» La discipline n'offre que peu de débouchés en Algérie. Peu importe. «Si je peux pousser un peu les limites de notre société pour créer une nouvelle discipline, je le ferais, affirme-t-il. Il ne faut jamais laisser les gens vous dire que c'est impossible.»
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Posté Le : 01/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Yasmine Saïd
Source : www.elwatan.com