L'Algérie consacre, chaque année, des sommes colossales pour résorber le déficit en matière de logements. Malheureusement, la mauvaise gestion et le manque de suivi et de contrôle retardent souvent les projets et les discréditent.
Malgré le boom spectaculaire qu'il a connu, particulièrement ces dix dernières années, le logement constitue toujours une priorité pour le gouvernement qui plaide pour une nouvelle politique et une nouvelle approche pour hâter les nombreux projets en cours et obliger les promoteurs à respecter les cahiers des charges. Car la plupart des projets ne sont pas livrés dans les délais et les promoteurs invoquent souvent des prétextes pour essayer de les justifier. Le non-respect des clauses contenues dans les contrats n'est pas l'unique cause de ces retards, cependant, puisque beaucoup s'accordent à dire que ce sont la mauvaise gestion et surtout l'absence de contrôle et de suivi qui freinent le plus les projets. C'est pourquoi des réalisations qui sont programmées pour être réceptionnées au bout de dix huit mois ne seront livrées finalement que deux années, voire trois années plus tard, au grand dam des bénéficiaires ou des souscripteurs. Certains promoteurs n'hésitent pas à solliciter une rallonge supplémentaire, alors que, dans le contrat, il est exclu toute révision du prix du logement fixé initialement, pour faire redémarrer les projets à l'arrêt, pour cause, disent-ils, d'augmentation de prix des matériaux de construction sur le marché. Ceux qui achètent sur plan en font, malheureusement, souvent les frais, en s'apercevant qu'ils ont été bernés et qu'ils doivent supporter ces hausses s'ils veulent que leur nom figure encore sur les listes. Ceux qui ont la chance de réaliser leur rêve ont la désagréable surprise d'apprendre que la surface du logement qui leur a été attribué était beaucoup plus petite que celle qui est prévue dans le contrat d'achat. D'autres sont obligés de procéder à des travaux supplémentaires, donc, à engager de nouveaux frais pour corriger toutes les anomalies et défauts de construction constatés. Le séisme de mai 2001 qui a ébranlé durement la wilaya de Boumerdès, est, en tout cas, très révélateur. Selon les rapports d'expertise effectués à l'époque par CTC et l'Inhc, la plupart des bâtisses qui se sont effondrées ont été construites après l'indépendance et que ceux qui les avaient réalisées n'ont pas respecté toutes les normes en matière de construction et de sécurité.
D'ailleurs, nombre d'entre eux ont été poursuivis, et déférés devant les tribunaux. Obligé de revoir sa copie, l'Etat a instauré de nouvelles mesures et de nouvelles règles afin d'assainir le secteur et le débarrasser des pseudos entrepreneurs qui l'avaient envahi. Parallèlement, les pouvoirs et la mission des organismes techniques de contrôle ont été renforcés grâce, notamment, à une réglementation plus judicieuse et surtout plus ferme à l'encontre des entreprises qui ne respecteraient pas leur contrat. Les contrôles et les visites sur chantier sont devenus obligatoires. En plus des chantiers qu'il avait ouvert pour dynamiser le secteur et accélérer les programmes de construction de logements sociaux, l'Etat avait pris d'importantes mesures pour rénover les immeubles, particulièrement ceux ayant été touchés par le dernier tremblement de terre. Malheureusement, les organismes et institutions chargés de chapeauter ces opérations ont fait preuve de beaucoup de négligence, en confiant les travaux de rénovation à des constructeurs qui n'ont d'entrepreneur que le nom. Fait plus grave, de nombreux citoyens s'en étaient plaints, en révélant qu'au lieu de conforter lesdits immeubles, les entreprises choisies les avaient, au contraire, fragilisés. Du coup, des milliers de locataires ont été contraints de payer de leurs poches ces travaux pour éviter que le plafond fissuré ou la rampe d'escalier défaillante ne leur tombent sur la tête. Afin de la consolider et pouvoir accéder à leur domicile, certains ont utilisé des madriers ou des poutres en bois, ignorant les dangers qu'ils courent, surtout en cas de nouveau séisme. Près de 350.000 milliards de centimes vont être débloqués par le gouvernement pour satisfaire la demande en matière de logements sociaux. Une somme colossale qui attise, déjà, les convoitises. L'Etat a intérêt à mettre en place un dispositif de contrôle et de suivi pour éviter qu'elle soit dilapidée ou utilisée à d'autres fins. L'Algérie est un pays riche, mais ses richesses doivent profiter aux plus démunis...
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Posté Le : 03/10/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kaci AGGAD
Source : www.lexpressiondz.com