Le ton au temps

«Le premier défi c'est le temps, le deuxième c'est le temps, le troisième c'est le temps.» Cette «vérité» est l'une des affirmations du P-dg d'Assur-Immo, filiale de la Cnep-Banque, Mokhtar Boufatit, hier, au micro de la Radio nationale. Pour illustrer son propos, le responsable, déplorant les retards dans la réalisation des projets immobiliers en Algérie, a cité l'exemple d'un programme qui a été bloqué plus de deux ans pour cause de retard dans la mise à niveau du prix du m2. Pis, même une fois lancé, le chantier ne peut jamais atteindre une vitesse de croisière et maintenir un rythme de travail constant et continu jusqu'à sa livraison. Des freins peuvent surgir à tout moment et à différentes étapes de réalisation, ça va de la pénurie de matériaux jusqu'à la panne d'un engin en passant par l'insuffisance, voire l'indisponibilité, de la main-d'?uvre spécialisée, le manque d'équipements, les retards de livraison, les lourdeurs administratives et la bureaucratie... «Est-ce que vous trouvez normal que l'étude d'un dossier des VRD prenne 16 mois alors que l'entreprise de réalisation est déjà désignée '», demande M. Boufatit. Aujourd'hui, l'Etat a fait sauter quelques verrous grâce à des décisions arrêtées par les responsables du secteur. Mais quand bien même on lèverait tous les freins qui retardent l'avancée des chantiers, on n'aura pas pour autant gagner le défi du temps. Car, le challenge est de réduire les délais de réalisations, surtout quand le grand projet se décline en millions d'unités à construire pour mettre un terme à la crise de logements. Or, de l'aveu de différents responsables, les entreprises algériennes, privées ou publiques, ayant les capacités de prendre en charge des chantiers de plus de 500 logements se comptent sur les doigts d'une main, d'où le recours aux étrangers. La bataille du temps se jouera donc aussi sur le terrain de la compétence et de l'innovation, si on veut construire, et c'est possible, bien et vite des logements. Les entreprises de construction doivent se mettre au diapason avec les évolutions dans le domaine. Elles doivent adopter les nouvelles techniques et les nouveaux matériaux de construction grâce auxquels des records ont été établis. En Chine, un immeuble de 30 étages a été érigé, hors fondations, en 15 jours. Toujours en Chine, une entreprise a bouclé la construction et l'équipement d'un hôtel de 15 étages en seulement 6 jours. Les deux constructions peuvent résister à un séisme de magnitude 9. D'autres records aussi renversants existent ailleurs dans le monde, l'objet n'est cependant pas de comparer pour faire mieux, ni même pareil, bien que ça ne relève pas de l'impossible pour qui saurait exploiter toutes les potentialités qu'offre le progrès. On n'en est pas encore là, et c'est regrettable, mais, en attendant ces jours heureux où l'Algérie entrera dans la modernité, les entrepreneurs comme les responsables peuvent faire des efforts et introduire quelques progrès pour qu'on ne compte plus en années, avec retards, le temps de réalisation des logements qu'attendent des millions d'Algériens.H. G.