Algérie

Le Tino Rossi kabyle


Le Tino Rossi kabyle
Karim Tahar est un artiste qui a plusieurs cordes à son arc. Il est, en effet, chanteur trilingue puisqu'il chante dans sa langue maternelle, tamazight, ainsi qu'en arabe algérien et, depuis 1947, dans la langue de Molière.
Mais ce n'est pas tout car l'artiste est aussi un sportif émérite puisqu'il a enfilé des gants de boxe, très jeune, alors qu'il n'avait que huit ans. C'était en 1939, à l'école Allouache. L'aventure sportive de Karim Tahar a duré plus de quinze ans dont quatre ans en tant que boxeur professionnel. Après l'indépendance, et alors qu'il est en fin de carrière, il devient juge puis arbitre international. Bien qu'il ait donné les plus belles années de sa vie à l'art, il est, aujourd'hui encore, un artiste totalement méconnu, sauf par quelques anciens qui se souviennent de son style, de ses prestations. Khali Tahar était surnommé le Tino Rossi kabyle ou le chanteur de charme. Il est venu au monde le 17 octobre 1931 dans la ville de Béjaïa. Etant encore enfant, sa famille est venue s'installer au quartier européen d'Alger, plus précisément à Bab-el-oued. Karim Tahar était sportif, mais c'était aussi quelqu'un de doué pour la chanson avec toutes ses variantes. Il chantait en kabyle, en arabe algérien, en français et, plus étonnant, il s'est essayé même à l'égyptien vu qu'il a séjourné au pays des Pharaons pendant trois ans. Il a côtoyé le grand composi-teur Mohamed Abdelouahab. Il a même campé des rôles dans certains films et animé des émissions. Sa carrière artistique a commencé en 1947, le jour où son entourage l'a poussé à se rendre à la station de la radio d'Alger, rue Berthezène, au-dessus de l'actuel Palais du Gouvernement, pour prendre part à un concours auquel il avait été inscrit à son insu. Et c'est le déclic d'une autre carrière entamée encore en solo dans le monde artistique. Sa première chanson, celle qui l'a propulsé sur la scène artistique, est bel et bien un poème en kabyle qu'il a écrit, lors d'une veillée en bord de mer, plus précisément dans le quartier des Deux Chameaux, à Saint-Eugène. Il l'a intitulée «Itij mad yechreq» «Quand le soleil se lèvera». Khali Karim décide dès le départ de prendre un pseudonyme. Il devient Karim Tahar, pour ne pas attirer l'attention de la famille. Il enregistre ensuite une Rumba Boléro, un style tout à fait nouveau pour le public de l'époque. Il sera très vite l'un des précurseurs de ce nouveau genre moderne dans lequel il introduit de nouveau instruments tels que la basse, la clarinette, le saxophone, etc. Dès lors, on le surnomme le chanteur de charme. Karim Tahar a longuement fréquenté le grand compositeur Mohamed Iguerbou-chene. Il lui a souvent rendu visite à son domicile à Bouzaréah pour des compositions musicales. Karim Tahar possède un répertoire d'une quinzaine de chansons dont «Inid dhachou», «Ya qelbi», «Qolili kelma», «Mahla el gamra», «Aalam el djazair», «Kheli annas at goul», «Le soleil brille», «Pour toi mon rêve d'amour» ou «Yahbibi yahbi». Ce modeste répertoire pour certains est un véritable trésor pour d'autres qui en apprécient plus la qualité que la quantité. Karim Tahar a effectué deux fois le tour du globe. Il a chanté en Algérie et à l'étranger. Il a été un excellent boxeur, en tant qu'amateur ou en tant que professionnel, ou encore en tant qu'arbitre national et interna-tional. Après avoir été sous le feu des projecteurs pendant de nombreuses années, il est aujourd'hui, loin des feux de la rampe, devenant anonyme un peu malgré lui.
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