Algérie

Le thème de l?immigration suscite-t-il l?indifférence des politiques ? 23 députés sur 577 ont adopté la loi «Hortefeux»



Le «Monsieur Immigration» de Nicolas Sarkozy peut se prévaloir de la mission accomplie. Déterminé à imprimer le projet présidentiel d?«immigration choisie» au «Journal Officiel», Brice Hortefeux a obtenu satisfaction.Comme jamais auparavant dans l?histoire controversée et politicienne des questions migratoires, son texte est passé comme une lettre à la poste. Et, qui plus est, en un temps record. La loi a obtenu, sans peine, le feu vert du législateur avant même que l?encre de la mouture initiative du projet Hortefeux ne soit complètement séchée. Sitôt installé à l?Elysée et au tout nouveau ministère de l?Immigration et de l?identité nationale, Sarkozy et Hortefeux ont érigé le durcissement de la loi sectorielle au rang de priorité nationale. Principal objectif recherché par le chef de l?Etat et son «ami de trente ans», le «verrouillage» du regroupement familial au moyen de conditions plus contraignantes.Loin de s?en cacher, Sarkozy et son ministre clament, sans détours, que leur objectif est de changer de cap, de rompre avec une situation intenable à leurs yeux. «Notre immigration est, aujourd?hui, très majoritairement familiale et très minoritairement économique , argumente le second. Il faut rééquilibrer l?une et l?autre». Concrètement, la majorité veut remonter l?immigration de travail à 50% de l?immigration légale contre 7%, aujourd?hui, et plafonner l?immigration familiale à 50%Très rapidement, les idées du duo politique, le plus «actif» sur le terrain de l?immigration, ont été consignées dans un projet gouvernemental et approuvé, le 4 juillet, par le Conseil des ministres. Le reste du parcours a tourné à la simple formalité. Après un incontournable passage réglementaire par Matignon, siège du Premier ministère, le projet a atterri, fin juillet, sur le bureau de la Commission des lois de l?Assemblée.Soucieux de ne pas laisser le texte s?«éterniser» dans les bureaux du Palais Bourbon, le gouvernement a déclaré, le 11 septembre, «l?urgence» sur ce dossier. Une formule plutôt rare dans les procédures parlementaires de ces dernières années, déclinée pour rappeler aux députés de se saisir, toutes affaires cessantes, d?un projet de loi. Pour toute mobilisation, Brice Hortefeux n?a été retenu sur son banc ministériel de l?Assemblée nationale que deux jours, un laps de temps court pour un texte à la thématique lourde et passionnée. Le temps que le rapporteur, Thierry Mariani, l?auteur de la proposition sur les tests ADN, n?égrène, l?un derrière l?autre, les dix-huit amendements proposés par le gouvernement à la précédente loi du 24 juillet 2006. Une loi, faut-il le rappeler, estampillée de l?empreinte du ministre de l?Intérieur de l?époque Nicolas Sarkozy et déjà créditée d?un durcissement manifeste.Les élus de l?opposition ont eu beau s?escrimer contre les propositions de la droite, le projet de texte a cheminé, avec succès, vers le verdict de l?adoption en première lecture. Majorité oblige, Brice Hortefeux a réussi son pari vers 4h00 du matin, sur fond d?hémicycle désespérément désert. Selon un décompte établi par un quotidien parisien, seuls... vingt-trois députés (23), seulement, sur les 577 avaient pianoté la petite manette électronique, à l?heure du vote. Dont une majorité de l?UMP et du Nouveau centre, les «scissionnistes» de l?ex-UDF de François Bayrou.Surprenant, l?insignifiant nombre de députés présents au moment du vote vient donner raison à une poignée d?hommes politiques et d?animateurs des associations de défense des droits de l?Homme et des immigrés. Rares mais bruyants, ces hommes n?en finissent pas de dénoncer, depuis une bonne vingtaine d?années, la «légèreté», voire l?«irresponsabilité» avec laquelle la classe politique hexagonale appréhende la question de l?immigration. 23 députés prenant part à un vote sur texte pour le moins crucial, cela contraste avec la profession de foi des leaders de la gauche au soir des législatives de juin 2007. De François Hollande à Jack Lang, auteur d?un essai de fraîche date sur l?immigration, et de Ségolène Royal à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l?Assemblée, tous s?étaient félicités de la résistance de la vague rose, rouge et «verts» dans l?hémicycle. Et avaient promis aux politiques de la majorité des moments difficiles sur les bancs du Palais Bourbon. Cela ne s?est pas vérifié jeudi à l?aube.


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