Algérie

Le théâtre comme théra pied'une mémoire balafrée



La section montréalaise du réseau Ajouad a organisé, vendredi, une soirée en hommage aux victimes du terrorisme islamiste, marquée par une performance théâtrale du dramaturge Omar Fetmouche, stigmatisant le viol comme arme de terreur et dénonçant la passivité et le silence de la société.Le théâtre s'avère un moyen d'éructer les sombres souvenirs et cicatriser les plaies laissées béantes par le terrorisme islamiste. Instaurée depuis 2010, la Journée nationale contre l'oubli est organisée, le 22 mars de chaque année, par le réseau Ajouad Algérie mémoires, une organisation citoyenne fondée par Nazim Mekbel, fils du célèbre chroniqueur, Amel Faredeheb, fille de l'économiste Abderrahmane Faredeheb, assassiné en 1994, et Raja Alloula, veuve du dramaturge disparu. La section montréalaise de Ajouad a organisé, vendredi, une soirée en hommage aux victimes du terrorisme islamiste, marquée par une performance théâtrale du dramaturge Omar Fetmouche, stigmatisant le viol comme arme de terreur et dénonçant la passivité et le silence de la société devant l'influence de l'obscurantisme religieux et le diktat du pouvoir politique. Bâtie sur des lectures partagées, la performance Yasmine raconte l'histoire d'une fille violée rejetée par la société qui, elle-même, a subi la violence et la peur. Jouée sur une scène dénudée avec un décor aléatoire, la performance théâtrale nous plonge dans les entrailles de la société et ses travers. Les époques seront ainsi racontées sur un ton grave et émotif, comme cette chanson populaire des années 1980 sur les lames Safir-Inox, made in Algeria, qui taquinait le chef du parti unique. Jouée sur un fond musical chaâbi algérois, Yasmine évoque l'humiliation du peuple et l'abdication de la société. Le cri de Yasmine se décline comme un appel à la nécessité d'organiser la résistance par la culture et la transmission des valeurs ancestrales de solidarité. Alternant émotion et souvenir, la soirée commémorative a été également meublée par un débat qui a permis aux langues de se délier. "Il faut cultiver la mémoire et réaffirmer notre volonté de ne pas oublier, en dénonçant la politique d'amnésie prônée par le pouvoir", estime Idir Sadou, membre du comité d'organisation. Les portraits des victimes du terrorisme ornaient la salle de spectacles pour dire qu'ils sont encore vivants dans la mémoire collective, contrairement à leurs assassins qui, même vivants, sont déjà morts dans le c?ur des humains. Sur le tableau, un poème se termine sur une note nostalgique : "Raconte-moi, grand-père, les gloires de la cité". 200 000 morts plus loin, la mémoire reste encore balafrée.
D'où la nécessité de l'entretenir, car demain reste toujours à faire.
Y. A.


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