Algérie

Le théâtre antique de Guelma



Le théâtre antique de Guelma
En guise d’introduction, signalons que le théâtre romain de Guelma, par référence au recueil législatif sur l’archéologie, la protection des sites, des musées et des monuments historiques, est cité dans la liste de 1900, sous la désignation de restes de théâtre au titre de l’époque antique ( J.O. n° 723 de janvier 1968).


Le monument fut entièrement reconstruit au début du 20e siècle. Après la 1e étape de sa reconstitution, il accueillit en mai 1908, les représentations théâtrales de ce qui allaient devenir la fête annuelle de Calama, avec un programme étalé sur trois jours et comprenant, entre autres, les pièces d’Electre, Saül, Athalie et Phèdre jouées par la troupe Sylvain de la Comédie française.

« La maçonnerie romaine qui a résisté aux ruines, a été conservée avec un soin minutieux et sert de base à la récente ; de là ressort merveilleusement l’ancienne architecture en nous laissant une parfaite idée de ce qu’elle était primitivement » souligne le journal Le Progrès de Guelma du 16/5/1908. Rappelons que la ruine montrait que la construction était en blocage avec des revêtements en pierres de petit appareil et que les grosses pierres de taille étaient placées aux angles, aux portes ou formaient des chaînes dans les murs.

Le journal du 19 du même mois nous fait connaître que le vieux théâtre a été « reconstitué artistement » et qu’il « est – de l’avis des personnes compétentes – une merveille qui laisse loin derrière elle, les théâtres de Carthage, de Timgad et même Béziers et Orange ». La restauration complète fut poursuivie par la suite. Modifié, le monument a fini par avoir un nombre inespéré de gradins. Au lieu des 22 rangées supposées par Gsell, il en a 29 ! Au lieu des trois zones présumées par cet illustre savant, les gradins en occupent quatre. Les colonnes précédant, à l’intérieur, le pourtour du mur de clôture, (comme l’a cru Ravoisié, contredit d’ailleurs par Gsell) se dressent bel et bien, au bas de la zone des gradins supérieurs. Il n’y en a pas moins de 30 avec deux demi-colonnes faisant corps avec les parois délimitant les arcs placés aux extrémités. Une poutre en béton armé décrivant un demi-cercle leur a été rajoutée au-dessus des chapiteaux, à titre de consolidation, avant la fin du siècle dernier. Les gradins des deux zones inférieures sont traversés par trois escaliers, celui du centre se trouvant dans l’axe en face de la loge et les deux autres le flanquant de part et d’autre et coupant chaque quart de cercle en deux parties égales.


Les gradins de la troisième zone sont, par contre, traversés par six escaliers auxquels correspondent autant de passages dans la quatrième zone et d’ouvertures dans la convexité du mur entourant la construction. De ce côté, la façade près de la coupole est surmontée de quelques éléments d’entablement (architrave, frise et corniche).

La scène n’est pas moins imposante. Ce qui la distingue surtout, c’est un ensemble architectural reposant sur le postscenium, articulé lui-même autour d’un escalier de sept marches. Le mur de fond de la plate-forme dessine une grande courbe où s’ouvre une large baie moulurée surmontée d’un entablement reposant sur deux consoles et servant de diamètre à une bande saillante en plein cintre également moulurée et entourant un cercle qui se détache sur les pierres de la muraille.

Des deux côtés de l’escalier et reposant également sur la plate-forme, deux portiques gigantesques formés par deux très hautes colonnes et deux pilastres ( de même longueur naturellement ) avec leur entablement respectif, flanquent la grande paroi centrale et en complètent le décor, dans une grande harmonie.

Les fûts de colonnes sont à cannelure et méplat.

Corinthiennes, les colonnes n’ont pour dé de piédestal que l’aile de la plate-forme sur laquelle reposent directement leurs bases.


Dans les chapiteaux, la place de la rosette est occupée par une étoile à six branches, surmontant la corbeille à deux rangées de feuilles d’acanthe et les volutes.

Les quatre pilastres sont munis de bases et de chapiteaux identiques à ceux des colonnes. Dans les deux travées, s’ouvrent des portes donnant accès à deux réduits qui ont une deuxième communication avec l’arrière-scène.

A gauche et à droite, la paroi principale se complète par deux parties dont la hauteur est alignée sur celle de la baie centrale. Ces prolongements comprennent, chacun, un enfoncement contigu au portique voisin et une surface plane se joignant aux blocs latéraux.

Au fil des années, et à la cadence des crédits obtenus, le monument n’a cessé de se compléter et s’est trouvé totalement restauré, en définitive, sous l’administration française.

Pendant la guerre de libération nationale, il fut utilisé lors des rafles ! Après l’indépendance, il fut doté d’une clôture extérieure de protection ayant permis, par la suite, l’aménagement du parc. Il reçut, tour à tour, des spectacles scolaires donnés par les écoles, durant des décennies, puis des meetings et des soirées théâtrales et artistiques dont celle de Wadie Es-Safi, et de Hadj Med Tahar Fergani, par exemple.

Son entretien a nécessité plusieurs autres travaux.

Le bureau d’études AKLI d’Alger, société Handassa oua Bina, démarrait à la fin de 1996, sa réflexion en vue de concevoir comment se ferait la dernière opération de réhabilitation. Le coût de l’étude s’élevait à 215 millions.


Il convient de signaler que ce monument abrite le musée le plus important de la ville consacré, naturellement, à l’archéologie. On y trouve des collections de statuaire, de mosaïques, d’inscriptions, de stèles et d’objets divers. Les antiquités proviennent des fouilles d’Announa, Khémissa et M’daourouch car celles de Calama ont été dispersées plus tôt.

En plus des pièces rangées à l’intérieur même du musée, diverses trouvailles sont exposées dans les différentes parties du théâtre et notamment sur la scène, comme par exemple, la table des mesures. Les statues colossales de Neptune et d’Esculape se tiennent sur des socles de part et d’autre de la scène, à l’endroit où il y a des enfoncements en guise de décoration de l’ensemble architectural dont il a été question plus haut.

Pour conclure, observons l’importance du jardin archéologique qui vient d’être créé, ces dernières années, dans les alentours immédiats du théâtre dont il complète, à merveille, la portée. Il s’agit en fait, d’un transfert des statues et inscriptions qui, un siècle après leur installation, n’étaient plus à l’abri des déprédations des passants dans l’ancien square qui est devenu un carrefour, sans clôture, pour la foule dont certains éléments n’ont pas toujours de respect pour les pierres.




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