Les rois amazighs ne cessent d'inspirer les romanciers et les essayistes. Le nombre de livres écrits sur les rois berbères a connu une hausse remarquable durant ces dix dernières années.
Ce regain d'intérêt se traduit non seulement par l'aspect quantitatif de ce genre d'ouvrages, mais également par leur qualité.
Les auteurs qui s'y sont penchés ont généralement un parcours de vie professionnelle exceptionnel leur ayant permis de traiter les sujets avec énormément de savoir-faire et de maitrise.
Les sujets historiques sont traités aussi bien par des spécialistes ayant consacré leurs cursus universitaires à ces questions que par des passionnés d'histoire lesquels, même s'ils travaillent dans d'autres domaines, ont baigné, leur vie entière, dans l'univers de ces sujets dont ils sont férus. Mouanis Bekari fait partie de ces universitaires dont l'histoire a toujours été sa passion de prédilection. Il est né le 1er Novembre 1954 à Alger où il a fait ses études secondaires. Après des études d'économie à Paris, il a entamé sa vie professionnelle en Algérie dans la direction financière, puis à Paris à la direction des projets d'un grand groupe informatique.
De la passion de l'histoire à l'écriture
La passion de Mouanis Bekari pour l'histoire a poussé ce dernier à passer à l'acte. Celui de l'écriture de son premier ouvrage dans le domaine qui le séduit le plus. Celui de l'histoire berbère. «Le testament de Jugurtha» est le titre de ce premier livre écrit par Mouanis Bekari et qui vient d'être publié. «Début janvier -104, Jugurtha est étranglé dans le Tullianum, le cachot de la prison de Rome, après avoir été privé d'eau et de nourriture six jours durant.
Ainsi s'achevait, dans un lieu d'un aspect horrible et terrifiant tant il etait malpropre, obscur et nauséabond, la vie du roi numide qui mena, pendant sept ans, une lutte qui fut considérable, sanglante, marquée par bien des vicissitudes à la plus puissante armée de l'Antiquité», souligne l'auteur dans sa présentation de son ouvrage. Et de rappeler que, ni l'extraordinaire mobilisation des Numides à l'appel de leur Aguellid, ni la guerre de harcèlement qu'il a imposée aux légions romaines pour compenser leur avantage tactique, et que l'émir Abdelkader puis l'ALN, reprendront contre l'écrasante supériorité matérielle de l'armée française, n'auront suffi à venir à bout de la machine de guerre romaine; pas plus que l'humiliation du passage sous le joug, qu'il infligera aux légions de la Louve à Suthul, ne suffira à contrarier l'implacable avancée de la République impériale. Mouanis Bekari s'interroge, en outre, que plus de 2000 ans après la tragique épopée de Jugurtha, que reste-t-il du message de celui qui demeure, même confusément, presque inconsciemment, la figure emblématique de la lutte contre l'asservissement de la Numidie?
Parole au roi des Numides
«Et d'abord, a-t-il bien été ce héros shakespearien, dont Rimbaud a fait un symbole du refus de la servitude, ou n'était-il qu'un ambitieux sans foi ni honneur, un meurtrier impitoyable et le fossoyeur du royaume de Massinissa, comme nous l'affirme Salluste?
Faut-il le considérer comme un intrigant dissimulant une ambition brutale sous le masque du patriotisme ou était-il bien le dernier souffle de vie de la Numidie indépendante?
Pourquoi le héros de Numance, qui parlait quatre langues, qui subjuguait ceux qui l'approchaient et que Scipion Émilien avait honoré et couvert d'éloges devant l'armée romaine réunie, est-il devenu le cauchemar de Rome? Est-il possible que plus de 2000 ans après le combat de Jugurtha, les notions de légitimité et de légalité du pouvoir en soient encore à s'affronter?
Que les ressorts de la pérennité et de la résilience des institutions soient toujours débattus? Que la «fragilité mémorielle de la culture» ne soit pas enfin reconnue pour ce qu'elle est: un danger mortel pour la cohésion du corps
social? Autant de questions auxquelles Mouanis Bekari tente de répondre dans son ouvrage «Le testament de Jugurtha», publié aux éditions «Gaia». Dans son livre, Mouanis Bekari donne la parole au roi des Numides, «avant qu'il ne succombe au lacet du bourreau, afin qu'il donne sa version des évènements dont il fut le protagoniste et ses réponses aux questions qui nous tourmentent encore».
Posté Le : 01/04/2023
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Aomar MOHELLEBI
Source : l'Expression