Le terrorisme sème la peur dans le pays

Nouakchott.
De notre envoyé spécial


Les discours des officiels mauritaniens convergent et s'accordent sur un seul objectif : lutter contre le terrorisme et sa matrice idéologique, l'intégrisme islamiste. C'est le Président qui montre la voie à  suivre à  l'ouverture de cette première conférence sur le terrorisme dans le pays : «Nous avons récemment porté le champ des combats au niveau des repaires des assaillants terroristes (nord du Mali, ndlr) pour les empêcher de mener leurs agressions criminelles dans les zones habitées et permettre à  nos populations de poursuivre leur œuvre de développement», rappelle-t-il, en affichant la détermination de son pays à  poursuivre sa stratégie de lutte contre Al Qaîda au Maghreb (AQMI).
La Mauritanie compte ainsi mener une lutte globale contre le terrorisme. «L'objectif de cette rencontre est d'organiser un débat sur le phénomène du terrorisme et de l'extrémisme dans notre pays et dans la région. Nous avons axé ce débat sur l'aspect religieux. C'est-à-dire sur les fondements que les terroristes donnent à  leur action (le fondement religieux) pour démontrer que c'est totalement faux et que leur pratique et leurs actions sont en contradiction avec l'Islam réel», commente le ministre mauritanien de l'Information, Hamdi Ould El Mahdjoub, dans une déclaration à  El Watan. Selon lui, la Mauritanie veut anticiper sur les événements en sensibilisant son opinion publique sur les degrés de nuisance des terroristes. «Cet Islam, tel que nous le vivons est totalement étranger à  notre culture. C'est pour cela que nous avons choisi d'ouvrir un large débat qui porte sur l'aspect religieux, mais aussi sur d'autres volets, tels que la communication et son rôle dans la lutte contre le terrorisme. Cet aspect est très important car, parfois, la parole tue plus que les armes», explique-t-il.
La psychose est à  son paroxysme
Selon lui, «il y a des tentatives, qui viennent de l'extérieur, d'introduire en Mauritanie des conceptions qui sont autres que l'Islam». «Nous allons lutter contre cela et ce, évidemment sur tous les plans : idéologique parce que ce sont des idées qui sont autres que les nôtres et lutter aussi sur le plan militaire, parce que nous sommes agressés également militairement», insiste-t-il. La Mauritanie, ajoute-t-il, a les moyens et la volonté politique de lutter contre les éléments d'AQMI : «Je pense que les pays du Sahel ont les moyens de lutter contre le terrorisme. Je sais que, nous les Mauritaniens, nous avons les moyens et nous avons la volonté de nous battre pour protéger notre pays, notre territoire et notre population et c'est ce que nous sommes en train de faire.»
Mais, en plus de la lutte armée, le gouvernement mauritanien semble vouloir s'attaquer aux fléaux qui peuvent nourrir le terrorisme dans le pays. Dans ce sens, des politiques, des enseignants universitaires mauritaniens et étrangers et des théologiens tentent lors de cette conférence d'analyser le phénomène du terrorisme et de donner des solutions au problème. Comme lors des débats lancés en Algérie avant la décennie noire, les Mauritaniens appellent à  améliorer le système éducatif, à  lutter contre la déperdition scolaire, le chômage des jeunes et surtout la pauvreté. «Une meilleure formation à  l'école et aux universités couperait l'herbe sous les pieds des terroristes qui recrutent dans les rangs des ratés du système éducatifs», notent les intervenants lors de cette conférence.
Il faut dire que la peur d'une dégradation de la situation sécuritaire dans le pays est à  son paroxysme.
Les Mauritaniens ne parlent, en ce moment, que du terrorisme qui a gagné le pays depuis 2005. L'apparition de groupes terroristes mauritaniens qui ont commis des attentats dans la capitale, Nouakchott, mobilise aujourd'hui tout le pays. Un gigantesque travail de réforme et de sensibilisation reste à  faire.