- Quelle est l'importance de la présence terroriste en Tunisie 'Il existe plusieurs milliers de djihadistes qui sont recrutés parmi un terreau de sympathisants de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ce réseau est très bien implanté en Tunisie, mais il n'est plus visible depuis que les mosquées des djihadistes ont été mises sous le contrôle des autorités. Les djihadistes ont donc trois choix : se terrer, partir combattre à l'étranger, ou mener des actions terroristes sur le territoire tunisien.On évoquait il y a quelque temps le groupe Ansar El Charia : ce groupe était une vitrine politique légale du courant djihadiste tunisien jusqu'à ce qu'elle ait été interdite en 2013 et placée sur la liste des organisations terroristes par le gouvernement. Ces derniers mois, il y a eu de nombreuses vidéos de sympathisants de l'organisation de l'Etat Islamique et de ceux d'AQMI qui demandent d'agir contre la Tunisie.- L'attaque du musée du Bardo était-elle «prévisible» 'Il y a eu de nombreuses vidéos qui appelaient à attaquer les forces de l'ordre tunisiennes, à frapper en Tunisie ou à venger les femmes tuées dans le quartier de Oued Ellil à Tunis au mois d'octobre dernier lors d'une opération de police contre des terroristes. Les djihadistes tunisiens étaient déjà très remontés. Et puis, il y a eu des communiqués du porte-parole de l'Etat Islamique et de Baghdadi lui-même appelant à commettre des attentats sur le territoire tunisien. Les cibles sont les occidentaux, les forces de sécurité et le pouvoir politique. La Tunisie est un objectif plus simple que d'autres pays, car elle est frontalière de la Libye d'où peuvent transiter des armes, les groupes terroristes y ont de nombreux sympathisants et l'Etat central y est assez faible.- L'organisation de l'Etat Islamique a revendiqué l'attaque. Qu'est ce que cela change 'On savait qu'AQMI était présente sur le territoire tunisien. C'est elle qui a revendiqué les attentats de Djerba en 2002 et il existe plusieurs cellules dans le pays. Cette attaque est la première attaque de l'Etat islmaique dans le pays et cela signifie que l'organisation étend son champ d'action.- Dès mercredi soir, des pays étrangers ont assuré qu'ils aideraient la Tunisie face au terrorisme. Quel type d'aide peut être efficace 'Une intervention militaire directe serait une catastrophe, l'erreur à ne pas faire, car elle légitimerait les discours des djihadistes. Donner des armes ne fonctionnerait pas non plus, car l'état de délabrement des forces de sécurité est avancé et la corruption est importante. Si on laisse la situation sécuritaire empirer, la Tunisie peut devenir un cauchemar car il n'y a aucun pays puissant sur lequel s'appuyer pour lutter contre des groupes armés djihadistes.Mais il faut aussi comprendre que l'opinion publique tunisienne est clivée sur les réponses à apporter. D'un côté, il y a des Tunisiens favorables à une solution sécuritaire semblable à celle utilisée par le président égyptien Al Sissi. De l'autre, il y a ceux qui refusent un durcissement sécuritaire. Et enfin, il y a une frange, minoritaire mais pas insignifiante, qu'un tel durcissement sécuritaire pousserait à rejoindre les rangs des djihadistes.
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Posté Le : 20/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Leïla Beratto
Source : www.elwatan.com