Algérie

Le temps des imprécations



Pour cette chronique de la semaine, je devais «dire» Jean Sénac, sa poésie solaire, son engagement total pour l'indépendance de l'Algérie, sa fougue révolutionnaire, puis ses replis sur soi, sa poésie de la colère et sa fin tragique. J'en parlerai très certainement mercredi prochain.Si j'ai intitulé cette chronique le temps des imprécations, c'est parce que les anciennes pratiques de ceux qui, forts de leur pouvoir, usent de la puissance publique pour rabaisser qui une enseignante, qui un peuple dans sa globalité. Je reste persuadé que le pouvoir est la pire des corruptions. Il suffit pour un quidam de disposer d'une once de pouvoir pour qu'il en use et en abuse. De la plus petite responsabilité à la plus haute, l'Algérien (ici), ivre de pouvoir, écrase tout sur son passage. J'ai vu ça dans une autre vie. J'ai vu de simples chefs de bureau ne pas poser pieds sur terre, juste parce qu'ils ont une ligne téléphonique directe et une secrétaire. De ceux qui sont plus haut, n'en parlons pas. Ils sont totalement coupés de la réalité. De la bagnole de fonction au bureau, ils ne voient et n'écoutent personne. Quelques conseillers (deux ou trois), ceux dont le dos est élastique, serviles et corvéables à souhait, tracent ? si j'ose dire ? le regard du «boss». Leurs conseils est d'or. Quand aux autres conseillers, ils sont là en cas de besoin.
J'ai vu et revu la vidéo du ministre de la Jeunesse et des Sports. Sérieux, je l'ai repassée plusieurs fois. J'ai essayé de comprendre. Je voulais comprendre. Mais quelle mouche l'a piqué ' Pour le vote, la règle est claire ; elle est universelle. Je peux voter «oui». Je peux voter «non». Je peux ne pas voter. C'est mon rôle de citoyen. À moins que l'Algérien n'est pas (n'est plus) citoyen. Oui, quelle mouche a piqué ce ministre pour tenir de tels propos ' Est-ce de la suffisance ' De la morgue ' D'un complexe de supériorité ' C'est quoi ça ' Il paraît que c'est un énarque, semble-t-il. Franchement, je ne me reconnais plus dans cette école où j'ai passé quatre longues années d'études. C'était une autre vie ! Il est vrai que l'ENA mène à tout ; sauf que tous les énarques ne sont pas en prison ; et tous les énarques ne tiennent pas ce genre de propos. Il y en a tout de même ceux qui ont essayé de faire honnêtement leur job. J'en connais !
Que se passe-t-il, donc ' L'Algérie officielle veut faire passer, coûte que coûte, ce projet de Constitution. Oui, je comprends la volonté de l'actuel pouvoir. Bouteflika avait bien demandé un score élevé, sous peine de «rentrer chez lui.» On connaît la suite. Si le peuple rejette en majorité cette Constitution, est-ce pour autant la fin du monde ' Ou la fin de mission d'un ministre ' Il n'y a pas de Constitution idéale, à plus forte chez nous où chaque Président entame son mandat avec un nouveau texte. Comme si on changeait une garde-robe !
Ce ministre se rétracte dans les réseaux sociaux. D'aucuns considèrent qu'il aurait dû démissionner. Perso, je pense que dans le prochain mouvement, il sera débarqué. C'est du moins mon avis et mon ressenti. Puis ce ministre de la Jeunesse qui «nous» suggère de «quitter le bled», a-t-il fait un sondage auprès de la jeunesse algérienne qu'il représente à un très haut niveau ' Qu'il interroge cette jeunesse, il verra que l'immense majorité de cette jeunesse quittera, en effet, l'Algérie. J'en veux pour preuve la harga qui a repris de plus belle. Puis cette fois-ci, la harga touche la famille, pas des individualités. Les vidéos qui nous parviennent des rivages ibériques, avec ces femmes et leurs enfants en bas âge, et ces jeunes qui se prosternent sur les plages espagnoles, font mal au c?ur. Le message de cette jeunesse est très clair : elle ne veut pas vivre dans cette Algérie, telle qu'elle a été dessinée depuis 1962. Cette jeunesse veut vivre à l'occidentale ; autrement, elle serait orientée ailleurs, comme les pays arabes, par exemple.
Si je ne vote pas pour cette Constitution, cela veut-il dire que je ne suis pas un patriote, ni un nationaliste (je n'aime pas beaucoup ce mot), et que je suis contre le 1er Novembre. Et que je ne suis pas le chemin du Prophète ! C'est trop pour l'algéro-désespéré que je suis. C'est trop pour ces vieux qui n'attendent qu'un rai de lumière, un quignon de pain et une pension de retraite sans IRG. Puis cette pandémie n'arrange pas la situation. Le vote est une affaire de conscience citoyenne. Il est inutile de forcer l'électeur par tous ces subterfuges. Le FIS l'a fait, en son temps. Il faut changer de système, changer de pensée ; il faut se renouveler et aller franchement vers cette nouvelle Algérie.
À Oran, une enseignante ? voulant le bien des élèves ? se fait rabrouer par le wali. Au lieu de l'écouter, il est là à cet effet, l'ivresse de son poste lui fait tourner le dos, humiliant une éducatrice. Y a-t-il d'autres significations possibles ' Je ne le pense pas. Il fut question de pupitres d'un autre âge, tout bonnement. Rien d'autre ! Je ne vais pas demander au wali de démissionner, ce n'est pas mon rôle. Il a un ministre qui en est responsable. Ou un Premier ministre. Un Président, voire. Je veux juste lui conseiller de mettre de l'eau dans son thé. S'il est wali à Oran, c'est pour servir le citoyen. Je ne vois rien d'autre. Servir le citoyen, ce n'est pas la mer à boire ! Après le holà de la Toile, et certainement un serrage de vis de sa hiérarchie, le wali a envoyé des camions pleins à ras bord de pupitres scolaires flambant neuf. Ça ne devrait pas se passer comme ça ! Le directeur de cette école est fautif, celui de l'éducation l'est tout autant. Il ne faut pas attendre que la Toile bouge ou qu'un pneu flambe dans la rue pour intervenir. Gérer, c'est prévoir ! Il faut aller vers ces écoles ; voir l'état des classes, du chauffage, des tables et de la cantine. Les rapports sont souvent complaisants. J'ai vu ça dans une autre vie.
Pour clore cette chronique, je voudrais vous dire ? chers amis ? que je me suis marré, quand j'ai «entendu» certains pays arabes lancer le boycott des produits français. Oui, pourquoi pas ' Ces pays ont entamé ce boycott par retirer le fromage français des rayons des grandes surfaces. Laissez-moi me marrer ! Le «fermaj»français est le meilleur au monde. Ça y est ! J'entends d'ici les craquements de l'économie française qui s'effondre. La France va faire la chaîne au FMI. Je vois d'ici la misère gercer sur les trottoirs de l'hexagone. Imaginons un gecko s'attaquer à un dragon !
Y. M.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)