Ce jour-là, en l'année 1955 puis 1956, eurent lieu deux événements qui eurent une incidence majeure sur le cours de l'histoire de notre pays engagé alors dans un combat pour se libérer des griffes du colonialisme. Les attaques massives et coordonnées dans le Nord-Constantinois, moins d'une année après le déclenchement de la Révolution, ont entraîné le pays entier dans le processus populaire de libération. La Révolution prit son caractère de combat généralisé où chaque Algérien devait choisir son camp. Ce n'est nullement un hasard si l'ALN s'attaqua à certains notables qui prônaient la fraternité franco-algérienne, comme le neveu de Ferhat Abbas, Allaoua, qui se voulant équidistants « dénonçait la répression des deux côtés ». Il sera exécuté. Les tueries de masse du 20 Août, selon un bilan établi par le commandement de la Wilaya II, firent à Skikda, Oued Zenati El Khroub ou Aïn Abid, plus de 11.000 chahids. Cette répression sauvage ne laissa pas de place aux tergiversations. Chaque Algérien, du moment où il était suspect pour ce qu'il était et non pour ce qu'il faisait, était sommé de se déterminer. Les maquis furent aussitôt renforcés, la capacité de frappe de l'ALN s'accrut et l'écho qu'eurent ces évènements à l'échelle internationale brisèrent l'embargo médiatique français sur les évènements vécus dans sa colonie où la propagande s'échinait à présenter les combattants de l'ALN comme de simples « coupeurs de route ». La France n'avait plus affaire, dès lors, à des foyers de rébellion circonscrits mais à une révolution de nature populaire. L'un de ceux qui jouèrent un rôle de premier plan (il était alors un adjoint de Zirout Youcef), Ali Kafi, écrira dans ses mémoires parues en 2002 que « la Révolution était à un tournant décisif. Soit, elle aura lieu, soit elle ne se fera pas ! Ou bien elle vaincra ou alors elle échouera et connaîtra le sort des insurrections passées et finira dans le rebut de l'histoire. Une révolution repliée sur elle-même, c'est la stagnation. Une révolution sans martyrs, sans dégâts, ni sacrifices, n'est qu'un jeu d'enfant ».L'Algérie en gestation
Le 20 août 1956 dans le douar d'Ouzellaguène, niché en contrebas du verdoyant versant sud du Djurdjura, s'est tenu le congrès de la Soummam. Les échos de ces assises fondatrices résonnent encore de nos jours. Le FLN s'est, pour l'occasion, doté d'institutions exécutives, le CCE composé de cinq membres et d'un parlement, le CNRA qui se composait de 17 membres titulaires et 17 membres suppléants. Une plate-forme idéologique clarifiait les objectifs de la Révolution et les moyens d'arracher l'indépendance. « C'est une révolution organisée et non une révolte anarchique », lit-on dans la plate-forme qui avait sanctionné la rencontre des dirigeants du FLN. L'ennemi n'avait plus en face seulement des combattants mais une ligne politique qui traçait les contours d'un futur Etat et d'une nouvelle société. L'Algérie en gestation fut divisée en wilayas et les missions de son armée et de ses modes d'organisation furent clairement déterminées. Ceux qui ont participé à ce regroupement à l'exemple de l'ancien ministre des Affaires religieuses, Abdelhafid Amokrane, alors secrétaire du colonel Amirouche, témoignent d'un engagement sans faille, de la maîtrise d'organisation des hommes qui se sont voués corps et âme pour la libération de leur pays. Plus d'un demi-siècle plus tard, le congrès de la Soummam résonne pour les uns comme le moment où le but, la construction d'une république sociale s'est cristallisé. Pour d'autres, il a porté les germes de la discorde qui a conduit à des conflits internes dont les secousses se font encore ressentir. Beaucoup de choses ont été dites et écrites ces dix dernières années sur ces deux événements. Sans vouloir arrimer exclusivement les jeunes au passé, l'école et les institutions ont pour mission de faire connaître ces moments glorieux. Sans cela, sans l'attachement à un patrimoine singulier, les nouvelles générations vivront dans un pays qui sera une simple enseigne dans la grande foire de la mondialisation.
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Posté Le : 19/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H Rachid
Source : www.horizons-dz.com