Quatrième de couverture L'amour et la mémoire. La violence d'un peuple qui s'assassine, s'abîme dans les atrocités comme pour expier des promesses non tenues. La mémoire de l'amour... des amours... toujours inabouties, jamais en genèse, toujours à l'à peu près dit. L'Algérie fiévreuse de Bachir Mefti ici presque suppliée de ne céder ni aux spoliateurs ni aux optimistes béats.
Extrait Rêve Qui de nous n'a pas rêvé de cela. Assassiner celle qu'il a aimé une nuit. Maintenant qu'il lui a tout donné, il n'est plus maître de sa vie. Il est devenu une partie d'elle, comment peut-il vivre, continuer son chemin, dire que sa vie a encore un sens après la perte de celle qu'il a aimée et qui l'a brûlé de ses flammes. Qui de nous n'a pas à cela, une simple pensée ou une véritable obsession. Lui mettre la main sur le cou et verser une dernière larme avant de l'achever pour refroidir la passion et guérir La maladie d'amour dont il souffre…
Cauchemar Je dois être plus fort que ça, bien que rien ne m'y oblige et même le fais de penser à ce genre de question me semble futile. Mais je dois être fort, prêt à combatte tout le monde. La vie a poussé beaucoup de personnes sur le ring et mon tour peut aussi arriver à n'importe quel moment. Qu'est-ce que je ferai alors ? Et qu'ont-ils fait ? Je dois devenir fort pour ne pas être pris de court par la vie et pour ne pas trembler lorsqu'on frappera à ma porte la nuit.
Rêve / Cauchemar L'une des principales préoccupai ions de l'être humain est de savoir comment rester en vie. Cela doit provenir de l'instinct de survie sur lequel s'étendent exagérément les biologistes. C'est le seul qui se suicide, choisit son moment d'évasion de cette antique prison qu'on appelle la vie, et qui est capable de désorganiser cet ordre de pensée, voire ce système de vie.
Rêve Après avoir vu une lumière s'infiltrer dans mes ténèbres, j'ai violemment saisi une corde. Peu importe d'où vient cette grosse corde en alfa. Je m'y suis agrippé. Je me suis imaginé que j'allais résister à la lumière qui me noyait, mais la corde a cassé, me laissant choir dans un vide infini jaillissant de la lumière.
Cauchemar Le choix du moment détermine la nature de la relation qu'on peut tisser entre la conscience et la réalité. Dans ce type de relation, ce qui compte le plus, c'est la façon avec laquelle la réalité disparaît, laissant la place à la conscience ou perdant ce qui justifie son existence. J'ai découvert que le cauchemar est une perturbation continue de la conscience, de la vision rationnelle de la réalité et peut tout simplement de cette façon, attirer notre attention vers ce qui dépasse l'être humain c'est-à-dire, ce qu'il ignore totalement de sa vie.
Rêve / Cauchemar C'est à cause de la parcelle éclairée par la lumière du soleil que j'ai quitté le balcon de la chambre pour descendre en bas de l'immeuble, juste pour la ramasser. Ce n'était qu'une tranche de lumière jetée sur le trottoir que j'ai prise entre mes mains. Alors que je contemplais son reflet brillant, un clochard est venu et m'a demandé la permission de la prendre. Il sortit de sa poche une parcelle identique et me dit : je l'ai longtemps cherchée, vous savez !
Lorsque je la lui ai donnée, j'ai vu le personnage changer d'apparence et se transformer en un bel homme élégant. Se rendant compte de mon étonnement, il me dit en s'éloignant :
- C'était la chance et elle ne se présente qu'une fois dans la vie.
Rêve Une voix unique descend du ciel ou bien de plus haut, car les voix qui visitent l'être humain en rêve, viennent habituellement du ciel. Mais qui sait d'où proviennent toutes ces choses - les voix. Bien sûr, dans ma recherche permanente d'une histoire que j'inventerais pour tromper les gens tout en me distrayant, je peux également inventer ce genre de choses sans que personne ne m'en demande l'origine, mais je ne veux pas embrouiller ceux qui sont en train de me lire actuellement.
Je me suis soudain souvenu d'un ami qui, au beau milieu de sa lettre, me racontait une blague puis, mettant la phrase entre guillemets, me disait (vas-y, ris maintenant). Cette invitation au rire provoquait en moi une gaieté indescriptible, et à chaque fois que je me mets à écrire, je ne peux m'empêcher de vouloir demander la même chose au lecteur. Mais comment l'institution morale, celle du bon goût ainsi que les sommités d'aujourd'hui, peuvent-elles tolérer ces plaisanteries dans une œuvre romanesque supposée garder sa pondération. Mais puisque je suis dans un rêve, ne suis-je pas en droit de le faire et de demander au lecteur de rire un peu ? pour en revenir à la voix, elle est venue de loin et m'a chuchoté à l'oreille dès qu'elle est arrivée auprès de moi :
- Bonne nuit.
Cauchemar Lorsque les histoires se sont emmêlées et les personnages querellés, dans ce texte romanesque, il m'a semblé opportun de sauver la situation. Je savais que le conteur était Mohamed Ali et qu'il voulait en finir rapidement. Même lui savait que l'écrivain n'avait pas encore réfléchi à l'épilogue ou n'en était pas convaincu. Cependant, ce qui était le plus étonnant dans l'histoire de ce cauchemar, c'était la fâcheuse interférence entre le conteur et l'écrivain. Leur polémique était permanente et leur dialogue ne cessait pas, à tel point que l'écrivain s'imaginait parfois être Mohamed Ali, alors que le conteur n'avait d'autre recours que l'assentiment, malgré cette interférence totale...
Rêve / Cauchemar Il peut arriver que l'on souhaite assassiner celle que l'on a un jour aimée...
Comme il peut arriver que notre volonté vacille devant l'amour de la bien-aimée. Toute force est alors anéantie et seul un miracle peut conduire à une autre solution, celle d'un dernier baiser avant l'ultime adieu.
Mosaïque Un Je ne sais pas si je suis dans un rêve, dans la réalité ou quelque part, entre les deux. Je ne connais pas l'instant précis, son horaire dans le temps que l'homme a choisi pour mesurer les moments de la vie. Je me rappelle que c'était un moment étrange. J'étais astreint à tout comprendre à la vitesse de l'éclair, saisir le secret même de la vie, le secret des secrets.
Découvrir que ma relation avec la vie était plus proche de l'illusion que de la réalité. Mais qu'est-ce que l'illusion ? Comment la définir et l'appréhender ? Où se trouve la réalité ? Comment la saisir et s'y sentir bien ? N'existe-t-il pas certaines données restant toujours dans l'ombre ? Je sais que l'histoire ne va pas s'arrêter ici, car les rêves vont déserter cet endroit, aller vers d'autres îles. Ils vont m'inviter à les poursuivre, à explorer une fois encore leurs abîmes béants et rester suspendus pour l'éternité.
J'attends l'heure où le temps m'autorisera à sortir, après être resté tout le temps à l'intérieur.
Deux Du fin fond du doute, une voix intérieure révélait tout. Elle ne se dévoilait pas, mais il lui plaisait de brouiller le jeu entier, de la première à la dernière lettre et de me demander :
- Qu'est-ce que tu écris ?
- Un peu de rêve, un peu de réalité.
- De quoi rêves-tu ?
- Sortir du tourbillon, planer dans le brouillard.
- Vers quelle destination ?
- Une lumière quelconque pour éclairer ma voix ténébreuse.
- Tu veux rattraper la vie ?
- Je veux rattraper tout ce qui éternise cette lueur.
- Et ce roman ?
- Quelques rêves perdus, des fragments que j'essaie de recoller d'une façon qui me semble toujours incorrecte, si bien que je m'interroge en permanence : comment les agencer ?
- Tu n'aimes pas l'anarchie ?
- Je n'arrête pas de rêver à l'inexistence totale d'organisation mais je n'arrive pas à me l'imaginer.
- Même sur le papier ?
- Ah ! Le problème est justement là.
- Qu'est-ce qui t'a poussé à interrompre le récit de ton roman et…
J'ai arrêté la voix avant qu'elle ne termine sa phrase :
- Ne penses-tu pas que ce qui se déroule actuellement constitue l'essence même du roman ?
Silence Le silence se prolongeant, j'ai entendu une autre voix. L'être qui parlait ayant disparu, j'ai plongé dans son ombre spectrale jusqu'à ce qu'il devienne moi, nous étions deux en un.
Trois Ils vont défiler, les personnages qui veulent apparaître sur la scène du rêve approchant de l'éveil, comme le crépuscule de l'aurore, précédent et suivant le levé du soleil. Ils me demandent à tour de rôle je ne sais quoi, jusqu'au moment où Amar, le visage fermé, m'a dit qu'il m'en voulait pour l'image que j'ai donné de lui, ou la façon dont je l'ai présenté :
- Qui t'a donné ce droit ?
J'ai compris que mes justifications ne suffiraient pas et quoi que je dise, il ne me pardonnerait jamais. Je devais sans doute prendre les choses avec légèreté et choisir le parti d'en rire :
- Qui te fait croire que c'est toi qui est dans mon roman ?
Il a vivement répondu :
- Les récits, les souvenirs, les traits, tout.
- Tu ne vois pas que c'est le contraire ? Dans le roman tu es quelqu'un qui ne peut pas être toi.
Mes paroles ne l'ont pas convaincu car il pensait que j'essayais de mésestimer son intelligence. Il a encore exprimé sa colère alors qu'il sortait définitivement de toute cette histoire :
- Si nous nous rencontrons dans un autre roman. Je te prierais de faire plus attention. Il y a quelque chose de blessant dans tes jugements sévères. Tu ne dois pas regarder les autres uniquement selon ton propre point de vue.
Le silence est revenu et a duré un long moment. Sans pouvoir dire qui c'était, je savais qu'un autre personnage allait apparaître maintenant. L'occasion se présentait pour que tous critiquent mon narcissisme et ma vision unilatérale des choses : j'étais devenu une cible facile dans ce vagabondage de l'imagination : Inès me dit :
- Tu ne te rends pas compte que tu mens ?
Lorsqu'elle s'aperçut de mon incapacité à comprendre et à répondre, elle ajouta :
- Je veux dire que tu ne me connais pas très bien et malgré cela, tu me transformes en mythe, en être variable, en femme impossible à concevoir dans la réalité.
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Posté Le : 20/10/2003
Posté par : nassima-v
Source : www.dzlit.free.fr