Algérie

Le témoignage glaçant d'une victime



L'on s'étonne dès lors de l'audace de ces baltaguia qui semblaient défier, y compris les agents de l'ordre présents dans les parages au moment des faits.L'acharnement dont a fait preuve une poignée de baltaguia lâchés contre les marcheurs pacifiques vendredi dernier à Constantine ne s'est pas arrêté aux seules tentatives d'obstruer la procession citoyenne à laquelle prenaient part des milliers de personnes. Les harcèlements et les poursuites des activistes du mouvement populaire par des énergumènes déchaînés et munis d'armes blanches et de sabres se sont poursuivis au-delà de la manifestation populaire censée être protégée par le service d'ordre, jusque tard dans la nuit. Samir Terranti, architecte de son état, a échappé, ce jour-là, à un lynchage caractérisé alors qu'il était en compagnie de trois autres activistes du hirak qu'il s'était proposé d'accompagner dans sa propre voiture. Poursuivis juste à la fin de la marche par quatre individus remontés et armés de sabres, parmi ceux qui avaient tenté quelques instants auparavant de perturber la marche, Samir et ses compagnons n'ont dû leur salut qu'à un ultime coup d'accélérateur au moment où leurs agresseurs s'apprêter à passer à l'acte. En effet, c'est vers 17h30 que quatre individus au moins, armés de couteaux et de sabres, sont apparus autour du véhicule de Samir au parking mitoyen de l'hôtel Novotel situé en plein centre-ville de Constantine, au moment où celui-ci et ses trois amis s'apprêtaient à partir. L'endroit en question est situé à quelques mètres seulement de la place Ahmed-Bey qui abrite chaque vendredi des forums de débats citoyens juste après la marche hebdomadaire et est, de ce fait, régulièrement placée sous haute surveillance policière. L'on s'étonne dès lors de l'audace de ces voyous qui semblaient défier, y compris les agents de l'ordre encore présents en surnombre dans les parages au moment des faits. Il n'est pas dit non plus qu'ils ne détiennent pas cet aplomb de la passivité des services de sécurité face aux dérives orchestrées par ces bandes de chenapans arrogants et violents quelques moments plus tôt alors qu'ils tentaient de défier des marées humaines.
Pris de panique face aux agresseurs qui ont sommé les occupants du véhicule de quitter leurs sièges et de leur remettre la banderole qu'ils avaient arborée durant la marche, Samir qui a eu le réflexe de condamner les portières de la voiture, démarre en trombe. Les assaillants qui parviennent tout de même à briser la lunette arrière de la voiture et à crever un pneu, tentent même de rattraper le véhicule. Samir, qui a identifié au moins l'un de ses agresseurs, s'arrêtera quelques centaines de mètres plus loin et fera appel à des amis pour l'aider à changer le pneu crevé avant de se diriger devant l'insistance de ces derniers vers le commissariat central pour déposer plainte.
Une fois sur place, on l'oriente, pour ce faire, vers le deuxième arrondissement de police situé à l'avenue Belouizdad. Samir, qui présente encore des signes d'affolement après ce qui lui est arrivé, accomplira quand même en bonne et due forme cette procédure.
Pour autant, ses craintes ne se sont pas encore estompées, lui qui, depuis le 22 février dernier, n'a raté presque aucune marche, que ce soit les vendredis ou les mardis où il s'est toujours affiché en première ligne avec sa banderole devenue mythique du hirak. On y lit : "Une révolution populaire pour une Algérie libre et démocratique. Dignité, liberté et justice sociale". Encore sous le choc, il attend que justice soit faite d'autant plus que ses agresseurs sont identifiés.

Kamel Ghimouze


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