Algérie

Le témoignage du wali kidnappé Rapporté par le P/APW d'Illizi


Le témoignage du wali kidnappé Rapporté par le P/APW d'Illizi
Les ravisseurs m'ont dit : «Notre objectif est de vous kidnapper pour vous remettre à un groupe qui travaille pour Abou Zeïd.». «L'un des trois ravisseurs avait pris part à la réunion qui s'était tenue à Debdeb pour calmer les protestataires. Il avait déjeuné avec nous.»
Le kidnapping du wali d'Illizi, Mohamed-Laïd Khelfi, le 16 janvier dans la région de Debdeb, était-il préparé par Al Qaîda au Maghreb (AQMI) ' Est-il tombé dans un guet-apens savamment organisé par ses ravisseurs ' Ces derniers ont-ils une connexion avérée avec la nébuleuse terroriste ' «Non !», avait déclaré le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, au lendemain de la libération, en territoire libyen, de M. Khelfi. Mais le témoignage, hier à El Watan, du président de l'APW d'Illizi, Madoui Ali, confirme le contraire. Le wali d'Illizi a failli tomber entre les mains du groupe que dirige le terroriste Abdelhamid Abou Zeïd. Les trois ravisseurs avaient été chargés de l'enlever. Le plan était bien préparé. M. Madoui nous rapporte les circonstances de ce rapt. L'alibi était la condamnation d'un groupe de 8 personnes accusées de soutien au terrorisme, mais la finalité était, semble-t-il, l'enlèvement de M. Khelfi.
«Bien avant l'annonce du verdict, les membres de la famille des personnes concernées ont commencé à bouger. A l'annonce du verdict, des manifestations ont éclaté. Pendant deux semaines, la ville de Debdeb était fermée ; toutes les institutions ont été bloquées. Mais instruction a été donnée aux autorités de procéder par le dialogue pour tenter de désamorcer la crise. Il y a eu même des médiations ('). Il a fallu une semaine pour que revienne le calme», explique-t-il. Toutefois, ajoute-t-il, la situation qui prévalait avant ces manifestations était anormale : «Il y avait des jeunes à bord de Toyota Station dont les plaques d'immatriculation étaient masquées, qui sillonnaient les rues de la localité. Ils brandissaient des banderoles hostiles aux services de sécurité ('). Ils faisaient réellement la loi, ne laissant accéder à la ville que ceux qu'ils voulaient et renvoyant les autres. C'était un Etat dans l'Etat. Malgré cela, les services de sécurité ont gardé leur calme.» La situation était devenue insupportable.
Le P/APW contacté et la visite du wali programmée
Les notables et les habitants de la région voulaient une solution. Ils contactent Ali Madoui le 15 janvier, par le biais de son frère, vice-président de l'APC de Debdeb. «J'ai même parlé au téléphone à un des jeunes manifestants. Le but : ils voulaient que le wali aille sur place pour écouter leurs doléances. J'ai transmis le message au wali qui a posé ses conditions avant de faire le déplacement. Les manifestants ont accepté après avoir tergiversé», dit-il. La visite avait été préparée à l'avance.
Le lendemain matin, lundi 16 janvier, la délégation officielle quitte Illizi en direction de Debdeb ; mais elle n'est pas accompagnée par la garde rapprochée du wali. «En démarrant, j'ai remarqué que le véhicule de la garde rapprochée du wali n'était pas avec nous. Mais je me suis dit que le wali l'avait fait sciemment pour mettre en confiance les jeunes contestataires (').
En arrivant sur place, nous avons constaté que la situation était la même. Tout le long de la route menant vers le lieu de la réunion, il y avait des banderoles portant des slogans hostiles à l'Etat et appelant à la désobéissance civile», enchaîne-t-il.
La rencontre s'est déroulée dans de bonnes conditions et le wali, soutient notre interlocuteur, a su convaincre les représentants des protestataires. «Tout le monde était content, y compris l'un des jeunes qui nous ont kidnappés, Ghedir Amar Youcef Ben Amar, qui avait pris part à la réunion», précise-t-il.
Kidnapping

Après le déjeuner, la délégation officielle composée du wali, de son chef du protocole, du président de l'APW et du chauffeur, quitte les lieux. Elle ne se doutait de rien. Mais 80 km plus loin, dans la région de Timeroualine, la voiture officielle était suivie d'une Toyota Station qui roulait à vive allure. «Elle nous dépasse et le jeune assis du côté gauche sort une kalachnikov et fait signe au chauffeur de s'arrêter. On ne pouvait rien faire. Ensuite, trois jeunes sont descendus, nous ordonnant de quitter notre véhicule et d'enlever nos vestes. Ils voulaient s'assurer que nous ne portions pas d'arme (') Ils nous ont demandé de monter dans leur véhicule, tandis que le troisième s'était mis au volant de notre voiture. Direction la frontière», narre-t-il, soulignant qu'il a reconnu deux des trois ravisseurs.
«Nous n'avons rien compris, au début. Le véhicule des kidnappeurs roulait à grande vitesse. Il s'est arrêté au bout de 30 km. D'un ton menaçant, ils nous ont dit : 'En cas d'intervention des forces de l'ordre, vous allez mourir avec nous.' Puis ils ont repris la route, mais à vitesse réduite. J'ai remarqué qu'ils n'avaient qu'une seule arme. J'ai pensé alors à sauter sur le jeune armé qui était chargé de nous surveiller. J'ai attendu qu'on arrive dans un oued pour passer à l'action. J'ai sauté sur l'arme. Pour me faire tomber de la voiture, le véhicule a accéléré en faisant des zigzags. Je suis tombé et la dernière roue du véhicule m'a écrasé la jambe ('). Une fois le véhicule passé, je me suis mis debout et j'ai commencé à courir. J'ai entendu des coups de feu derrière moi. Quelques minutes après, notre chauffeur s'est échappé et a réussi à me rejoindre. Heureusement pour nous, nous sommes tombés sur un groupe d'habitants de Timeroualine qui nous ont conduits vers une caserne de l'armée ('). Ayant tenté de s'échapper lui aussi, le wali a été rattrapé par les ravisseurs qui ont repris la route vers la frontière.»
«Une fois en territoire libyen, les ravisseurs lui ont dit : 'Le président de l'APW a commis une bourde monumentale. Nous aurions pu le tuer. Notre objectif était de libérer tout le groupe à la frontière et de ne retenir que vous. Nous étions chargés de vous kidnapper pour vous remettre à un groupe qui travaille pour Abou Zeïd'», raconte-t-il. Et d'ajouter : «Le troisième jeune, que je n'ai pas réussi à identifier, avait affirmé au wali qu'il avait été condamné par contumace à Ouargla.» Heureusement, explique-t-il, «après des contacts avec des Libyens de la tribu de Zenten, le plan a échoué. Le wali a été sauvé. Mais les ravisseurs ont réussi à s'échapper».
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