Algérie

Le Tchad percute le verrou de l'UA



Le Premier ministre du Tchad a démissionné mardi, au lendemain de l'annonce par le général Mahamat Idriss Déby Itno qui vient de se voir confirmé pour deux ans comme président d'une période de «transition» controversée, de la désignation d'un «gouvernement d'union nationale», la semaine prochaine. Nommés voici un an et demi par Déby Fils, Albert Pahimi Padacké et son gouvernement auront géré la période instable qui a suivi la mort au combat face aux groupes rebelles d'Idriss Déby Itno, chef de l'Etat tchadien durant 30 ans. Le 20 avril 2021, un conseil de 15 généraux a propulsé à la tête du Tchad un autre Idriss Déby, âgé de 38 ans, qui avait aussitôt promis une phase de transition durant laquelle un dialogue national devait sceller la réconciliation entre toutes les parties. Après des palabres qui ont duré des mois à Doha, au Qatar, les groupes rebelles dans leur grande majorité et le gouvernement ont conclu une trêve et adhéré à la démarche qui, selon le nouveau maître de N'Djamena, doit conduire au «retour à l'orde constitutionnel» et la remise du «pouvoir aux civils». Pour l'instant, on est encore loin de cet objectif même si l'annonce d'un gouvernement d'union vise à confirmer la mise en oeuvre du programme énoncé. Le Dialogue de réconciliation nationale qui a été boycotté par une partie de l'opposition et les principaux groupes rebelles a surpris son monde en décidant de prolonger la phase de transition de 24 mois supplémentaires et, surtout, en confirmant à sa tête Mahamat Déby Itno qui pourra, malgré ses engagements contraires auprès de l'Union africaine en avril 2021, se présenter à la présidentielle au terme de cette période. Outre le gouvernement d'union, Déby va désigner les 94 membres du Conseil national de transition, un Parlement transitoire dont il usera pour baliser la voie vers la présidentielle future. Ainsi, il fait sauter le verrou dont disposait l'UA. Ces décisions ont, aussitôt, braqué les oppositions des formations politiques et des groupes armés hostiles mais elles mettent surtout en relief les incohérences d'une communauté internationale qui avait accordé sa bénédiction à une «succession dynastique». Elles donnent, en outre, raison aux critiques des groupes rebelles qui considèrent le Dialogue comme un piège politique même si le général Mahamat Déby promettait «des élections libres et démocratiques» après une «transition de 18 mois, renouvelable une seule fois». Leur argument majeur concerne, désormais, l'engagement du général de 38 ans à respecter son inéligibilité au terme de la transition, conformément aux dispositions de la Charte de l'union africaine relative aux changements inconstitutionnels dans les pays membres. Moussa Faki, le président tchadien de la Commission de l'UA, aura ainsi beaucoup de mal à concilier le fait tchadien avec les donnes malienne, burkinabè et guinéenne. Prenant acte des engagements de Mahamat Déby Itno, l'ONU, l'UA et l'UE où la France est son allié majeur avaient salué l'avènement du nouvel homme fort du Tchad, en même temps qu'elles stigmatisaient les putschistes du Mali, du Burkina, de Guinée et du Soudan. Il est vrai que l'armée tchadienne constitue un atout précieux pour la force Barkhane dans la région sahélienne où une lutte sans merci est théoriquement menée contre la menace terroriste. La plate-forme, Wakit Tamma, coalition des partis et de la société civile dans l'opposition a dénoncé une opération de dialogue «taillée sur mesure, avec pour seule finalité la légitimation de la dévolution monarchique du pouvoir» et elle appelle le peuple tchadien à «la désobéissance civile» tandis que des mouvements rebelles somment le pouvoir d' «assumer les conséquences de sa fourberie».


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