Titre / dénomination : Tapis du Sud-Constantinois
Lieu de production : Région du Sud-Constantinois, Algérie
Date / période : Première moitié du XIXe siècle
Matériaux et techniques : Laine nouée, nœuds turcs (symétriques)
Dimensions : L. 475 cm ; l. 172 cm
Lieu de conservation : Paris, Institut du monde arabe
Le champ rouge brique, de format très allongé, se divise en quatre caissons rectangulaires. Celui du haut fait apparaître, dans des écoinçons en damier, un losange à degrés meublé de quelques fleurs étoilées ; le deuxième renferme, dans un encadrement de rosettes, des figures cruciformes composées de quatre flèches opposées ; le troisième fait réapparaître, dans des écoinçons en damier, un losange timbré de deux médaillons et de deux croix tréflées ; le quatrième caisson, constitué d’étoiles diverses, est garni de huit carreaux[1].
Cette composition en panneaux distincts se retrouve dans les deux bordures d’encadrement imitant des carreaux de céramique à motifs géométriques. La bordure interne comporte en haut, à droite, un curieux motif en forme de tortue. Les lisières de chaîne sont sobrement soulignées par une succession de petites bandes diagonales. En haut du tapis, hors de l’encadrement des bordures, figure un dernier registre ornemental marqué au centre d’une petite lampe de mosquée. Il suggère un éventuel usage religieux de la pièce.
Les tapis algériens désignés sous le nom générique de « Sud-Constantinois » proviennent de petits centres de production parfois assez éloignés les uns des autres. Ce sont des entreprises de type familial, confiées aux maîtresses de maison. Les tapis s’inspirent souvent de tapis turcs anatoliens, probablement apportés par les fonctionnaires en poste en Algérie. Ces derniers les faisaient refaire en Kabylie à moindre frais ou les confiaient aux artisans comme modèle. Le vocabulaire ornemental présente donc de grandes ressemblances avec celui utilisé dans les petites villes tisserandes du Sud de l’Asie mineure. La pièce qui nous occupe partage son répertoire avec celui des tapis de Mélas, une bourgade au sud de Smyrne. Toutefois, ces éléments anatoliens sont librement agencés et leur géométrisation appartient aux traditions berbères. Le format très allongé, en partie commandé par l’utilisation d’un métier horizontal, est bien adapté à la salle de réception d’une riche maison villageoise.
Très utilisés et souvent mal conservés, il est rare de trouver des tapis du Sud-Constantinois antérieurs au début du XXe siècle. Cet exemplaire, par la majesté de son décor, la diversité de ses motifs et la qualité de ses teintures – racine de garance pour le rouge, indigo pour le bleu – se range parmi les plus anciens du genre et parmi les plus beaux.
Bibliographie Bonnet, L., L’industrie du tapis à la Kalaa des Beni-Rached, Alger, 1929
Bovet de, M.-A., Monographie du tapis algérien, Alger, Gouvernement Général de l’Algérie, Direction du Commerce, de l’Industrie, du Travail et de la prévoyance Sociale
Golvin, L., Les Arts Populaires en Algérie, t. III-IV, Les Tapis de l’Algérie Orientale, t. V, Les Tapis du Guergour, Alger, 1955
Notes[1] Analyse technique : chaîne : laine bise de gros calibre, filée Z3S ; trame : laine rosâtre, filée Z3S, quatre passées, parfois cinq passées près des lisières de chaîne ; velours : laine, filée Z3S, nœuds symétriques ; densité : 400 nœuds au dm². Six couleurs : brun, rouge brique, bleu indigo foncé, bleu canard, jaune, blanc ivoire. Kilims de lisières manquants, galons latéraux refaits. Quelques restaurations récentes.
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Posté Le : 29/10/2009
Posté par : nassima-v
Source : www.qantara-med.org