Algérie

Le tapis Akhlal de la petite kabylie



Le tapis Akhlal de la petite kabylie
Ce tissage est nommé Akhlal car c’est le nom du peigne, généralement en métal, qui sert à sa réalisation, c’est à dire à serrer les trames sur la chaîne pour constituer le tissu et le décor. Cette tapisserie se compose de trois larges bandes blanc crème dont seules les deux latérales sont tissées de rouge garance avec des rehauts de noir et de jaune. Les motifs – vagues, chevrons, peignes, losanges, chaînettes – répartis dans des compartiments superposés, animent la surface.

Le tissage, à valeur bien plus symbolique et sociale que décorative, est un domaine réservé aux femmes, véritable langage où les motifs et les couleurs font sens. Réputés pour la richesse des signes qui les composent, les tissages algériens reflètent l’histoire de la tisseuse et son origine.

Cette composition en registres présente des motifs essentiellement géométriques que l’on trouve sur tous les tissages maghrébins. Cependant, leur interprétation varie d’une région à une autre. Ce répertoire est largement représenté sur la poterie berbère d’Afrique du Nord. Les motifs tournent essentiellement autour de la vie pastorale, des instruments de travail, des objets de la vie quotidienne ou de rites magiques, tels le peigne à serrer, le chandelier, la clef, les graines de grenade, les boucles d’oreille, les fibules, l’olivier, l’œil…

Ce répertoire entretient peut-être des liens avec l’Asie mineure où le contexte de production, le répertoire géométrique, les couleurs variées dominées par le rouge, sont similaires. Certains motifs que l’on retrouve sur les productions kabyles sont certainement d’origine antique, comme le triangle, fréquent sur les tapis du Maghreb, qui symbolise la terre, accompagné de signes cosmiques de la fécondité. à Carthage, le triangle symbolise Tanit dont les bras esquissent la forme des cornes du taureau, stylisation proche de la figure de la vallée de la Soummam actuelle. Quand au motif du peigne, sa symbolique est également en lien avec la fécondité.

Ce répertoire ne cesse de s’enrichir au fil du temps par de nouvelles créations et de nouvelles ornementations. Toutes cependant semblent relever d’une même source d’inspiration : il s’agit pour l’essentiel de l’adaptation de modèles orientaux, venus notamment d’Asie mineure. L’hégémonie ottomane ne s’est pas simplement affirmée sur le plan politique, mais aussi dans le domaine des arts et du tissage, où les influences furent adaptées aux besoins des utilisateurs et de leurs intérieurs. Les motifs végétaux qui sont combinés avec les motifs géométriques procurent en tous cas à l’œil un plaisir toujours renouvelé.

Bibliographie

Bel, A., Le travail de la laine à Tlemcen, les industries indigènes de l’Algérie, Alger : A. Jourdan, 1913.

Laoust-Chantréaux, G., Kabylie côté femmes, la vie féminine à Ait Hichem, 1937-1939, Aix-en-Provence : Édisud, 1990.

Moreau, J.B., Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne, Alger : S.N.E.D., 1976.

Makilan, Signes et rituels magiques des femmes Kabyles, Aix-en-Provence : Édisud, 1999.

Tissage d'Algérie, expressions ancestrales tissées, (cat. expo. Ministère de la Culture), 2004.


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