-Avez-vous regardé le reportage diffusé par Ennahar Tv sur les étudiantes des résidences universitaires ' Comment qualifiez-vous ce genre de travail journalistique 'Oui j'ai vu ce film et je considère que c'est un manque de professionnalisme flagrant. Je qualifierai ça de «Talibanisme médiatique». Même si le phénomène existe -et il existe partout-, de quel droit ces journalistes et ces médias en général s'élèvent-ils en donneurs de leçon ' Entrer ainsi dans les espaces intimes des gens et porter des jugements sur leurs comportements ou tenues vestimentaires est une atteinte à l'intimité des personnes. Or, qu'est-ce qu'on a vu dans ce reportage en dehors des spéculations des commentateurs ! Une fille qui fume une cigarette ' Moi, ce que je retiens, c'est que ces étudiantes adultes, venues dans ces résidences non seulement pour apprendre les sciences et les lettres, mais aussi pour faire leur apprentissage de la vie, sont tenues de regagner leur lieu de résidence avant 19h. Elles ont été filmées dans leurs chambres et pas dans des endroits publics et on ne peut pas accuser de prostitution des filles qui fument. Si on suit la logique des concepteurs du reportage, tous les algériens sont alors coupables, puisque on s'habille tous de façon décontractée chez-soi.-Comment faut-il réagir à ce genre de contenu ' Jugez-vous bonne la décision du ministère de l'Enseignement Supérieur d'ester en justice la chaîne de télévision ' Ce genre de presse existe et existera toujours. Il y a une clientèle pour le journalisme jaune. Il faut juste éviter que ces médias ne se renforcent et deviennent les leaders d'opinion. Quant à la plainte du ministère, je suis entièrement d'accord avec sa démarche. Il faut dénoncer ce genre d'atteintes aux droits et libertés individuelles.-Il y a un combat à mener dans le secteur des médias pour mettre en place des règles d'éthiques et de déontologie. Pourquoi cette lutte ne donne-t-elle pas de résultats concrets 'Les algériens ne défendent pas assez leurs droits. Ils ne réclament pas assez le respect de leurs espaces de libertés individuelles. C'est une société où le communautarisme absorbe les volontés individuelles. Et ce genre d'atteinte aux personnes est courant et sévit depuis toujours. Rappelez vous que dans les années 1970, «el Moudjahid» accusait ouvertement des personnalités, noms et photos à l'appui, de trahison en réclamant des peines de morts. Dans les années 1990, des partis politiques et d'autres mouvements se sont autoproclamés responsables de la morale des citoyens. Et pour ce qui est du journalisme, il faut juste noter que c'est le seul métier ou on y entre sans concours et sans diplôme particulier. Les entreprises de presse n'ont pas de cahier des charges. Alors, tout le monde, pour peut qu'il maîtrise l'art de l'invective peut se targuer d'être une plume. Alors, pour appliquer des règles d'éthique et de déontologie, il faudrait que les citoyens prennent conscience de leurs droits et luttent pour le respect de leurs libertés individuelles.
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Posté Le : 18/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Azzoug
Source : www.elwatan.com