Algérie

Le tabac, de la panacée à la pandémie



L?histoire du tabac commence avec la découverte de l?Amérique où la plante était utilisée depuis les temps les plus reculés par les aztèques, les incas et les indiens. Il est introduit par les marins dans les ports européens dès 1520. Le trafic des esclaves permet son apparition en Afrique et plus tard en Asie grâce au commerce naissant avec cette autre partie du monde. Très vite, les vertus thérapeutiques du tabac sont reconnues et publiées dans divers ouvrages. C?est une véritable médecine selon qu?il est fumé, sucé, mâché ou bu en décoction. Il est aussi utilisé comme anesthésique, désinfectant lors des épidémies de peste. C?est la « panacée des panacées ». Au XVIIe siècle, les produits à base de tabac sont disponibles dans les officines ; fumer et priser devient par ailleurs une mode. La plante, précieuse et rare, n?est fumée qu?en petites quantités aux deux extrémités de l?échelle sociale : les marins et les nobles. Les « snuff houses » se développent en Grande-Bretagne, les orientaux inventent la pipe à l?eau (le narguilé) et les marins anglais introduisent la pipe en Angleterre. Mais très vite, dans de nombreux pays, l?usage du tabac représente, au cours des réunions publiques, un caractère irrespectueux et est considéré comme un vice. La morale s?appuie alors sur la religion pour blâmer ces pratiques et les papes l?interdisent dans les églises de Rome et de Séville. Les musulmans le déclarent contraire aux principes du Coran, bien qu?il n?y soit pas mentionné, car inconnu à cette époque. Les juristes, se basant sur l?observation, émettent des opinions différentes, les uns le considèrent comme licite et d?autres comme une pratique blâmable. En Algérie, le tabac est refusé par des tribus berbères et dès cette époque, les mozabites se montrent hostiles à cette consommation. A Beni Izguen, on raconte qu?un démon urina à la porte de la ville et qu?il y poussa une tige de tabac. Malgré tous les interdits, la culture et le commerce du tabac se développent. Dès la fin du XVIIe siècle, les effets nocifs sont publiés et le produit obtenu par distillation du tabac est considéré comme le plus grand poison de la nature. Des savants orientaux se basant sur les premières constatations scientifiques expriment des opinions plus nettes que leurs prédécesseurs et affirment que le tabac est prohibé par l?islam. Les problèmes de santé apparaissent ; mais la relation de cause à effet est difficile à établir car les infections et la tuberculose ne sont pas contrôlées. Les deux guerres mondiales favorisent la pandémie du tabagisme. Les progrès de la médecine et l?augmentation de la longévité permettent le diagnostic de maladies à expression tardive tel que le cancer bronchique. Des études scientifiques expérimentales et épidémiologiques sont mises en place dès la fin de la 2e guerre mondiale et les premiers résultats sont disponibles en 1950. Plusieurs rapports apparaissent régulièrement en Grande-Bretagne et aux USA. Celui de 1979 rassemble les résultats définitifs des travaux et incrimine le tabagisme actif dans la genèse de nombreuses maladies. Quant au tabagisme passif, son rôle n?a pu être définitivement établi qu?en 1896. Malgré toutes ces informations accumulées depuis plus de 50 ans, la pandémie s?étend et il est estimé qu?actuellement 1,1 milliard de personnes fument dans le monde avec 47% d?hommes et 12% de femmes. Comme la plupart des pays en développement, l?algérie continue à payer un lourd tribut à ce comportement social avec une consommation (cigarette et tabac à chiquer) en nette progression chez les jeunes. Pr Farida Skander


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