Algérie

Le t-shirt, entre revendication et subversion



Vêtement basique par excellence, le t-shirt est aussi un formidable support de communication. Il a été de toutes les luttes, comme le montre une exposition à Londres.Ouverte vendredi dernier et jusqu'au 6 mai au Musée de la mode et du textile, l'exposition, intitulée «T-Shirt : culte - culture - subversion», présente une centaine de t-shirts retraçant l'impact dans la culture populaire du vêtement, et son utilisation comme moyen de communication au cours des dernières décennies. «Depuis ses toutes premières apparitions au début du XXe siècle, le t-shirt a été un moyen de transmission des passions sociales, musicales ou politiques», explique le musée dans une introduction à l'exposition. Popularisé par l'US Navy en 1913, rendu célèbre par Marlon Brando dans Un tramway nommé désir en 1951, le t-shirt, qui tire son nom de sa forme en T, est en effet rapidement devenu un support de choix pour les communicants, attirés par sa simplicité et sa facilité de fabrication à grande échelle. «C'est l'un des vêtements les plus démocratiques qui existent, et grâce à la sérigraphie, vous pouvez reproduire des messages à l'infini», souligne le commissaire de l'exposition, Dennis Nothdruft. En 1977, la grande prêtresse de la mode punk Vivienne Westwood s'en empare et confectionne un t-shirt avec le célèbre portrait d'Elizabeth II, les yeux barrés de la mention «God Save The Queen», créé par l'artiste Jamie Reid. «Etant donné le caractère sacré de la reine en Angleterre, faire ce genre de chose constituait un véritable affront», remarque Dennis Nothdruft en désignant le t-shirt, une des oeuvres phares de l'exposition. Grande provocatrice, Vivienne Westwood a multiplié les t-shirts coup de poing au fil des années. En 2012, la styliste apporte son soutien au fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, en apposant son propre portrait sur un t-shirt portant le message «Je suis Julian Assange». Dans un autre genre, les artistes John Dove et Molly White réalisent en 1976 un t-shirt sans manche montrant un Mickey Mouse au regard hypnotique sur fond de champignon atomique, une oeuvre censée dénoncer la faillite du système américain. Le maillot devient rapidement culte dans les milieux punk et finit par attirer l'attention de Disney, qui force les deux créateurs à cesser toute vente du vêtement, selon le musée. Autre artiste mis en avant dans l'exposition: l'Américain Keith Haring, le roi du street art, qui conçoit en 1990 pour l'organisation Act Up un t-shirt «Ignorance = Fear, Silence = Death», fustigeant la méconnaissance du sida et l'homophobie. Plus récemment, c'est le Brexit qui a fait les frais du vêtement, preuve qu'il continue à servir de multiples causes. Pro-UE, l'artiste Jeremy Deller imagine en 2017 un t-shirt aux couleurs du drapeau européen barré du message «Don't worry, fuck Brexit». Pêle-mêle, on peut aussi citer ce t-shirt «No more page three», réalisé en 2013, alors que le tabloïd The Sun publiait une photo choc sur le mouvement féministe. Ou celui d'une collection de haute couture de la créatrice Maria Grazia Chiuri (Dior) en 2017, rehaussé d'un imprimé «We should all be feminists», reprenant une citation de l'auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.


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