«Le système hydrique d'Alger est l'un des plus fiables de toute la Méditerranée»

- Quelles sont les mesures entreprises pour remédier au problème des fuites 'Conscient que la vétusté du réseau est la première raison des fuites, les pouvoirs publics ont mis à la disposition de la Seaal des moyens qui nous ont permis d'engager un très gros programme de renouvellement du réseau. Selon le schéma directeur de 2009 visant à avoir à l'horizon 2025 un réseau d'AEP assez jeune et dont l'étude est déjà terminée, nous avons tout un programme de renouvellement des canalisations à travers les 5000 km du réseau. Nous avons renouvelé jusqu'à maintenant près de 300 km de canalisations vétustes qui étaient caractérisées par beaucoup de fuites. Nous avons aussi changé 84 000 branchements sur les 700 000 existants. En plus, nous avons mis en place il y a 5 ans un système d'information géographique qui a cartographié le réseau d'Alger auquel nous avons associé une base de données où figurent toutes les fuites enregistrées durant cette période. Aujourd'hui, nous savons exactement où sont les zones les plus atteintes, donc celles que nous devons renouveler en premier. Nous réparons quelque 25 000 fuites par an à Alger dont les ¾ concernent les branchements. Dans cette politique de lutte contre les fuites, nous avons mis le citoyen à contribution en mettant à sa disposition une ligne téléphonique. Il nous a été d'une aide capitale dans la réparation des fuites visibles. En parallèle, nous avons formé des équipes spécialisées dans la détection des fuites invisibles. En plus de la vétusté du réseau, les fuites sont repérées dans les zones où il y a eu beaucoup de travaux de voirie entraînant des désordres autour des canalisations. Le non-respect des normes de pose des canalisations est aussi à l'origine de ce problème.- Quelle est la politique menée contre le piratage du réseau 'La clandestinité est un problème endémique aggravé par la décennie noire. Les gens fuyaient vers Alger et se débrouillaient comme ils le pouvaient. Au début de l'activité de la Seaal, nous avions 400 000 clients. Aujourd'hui nous avons quelque170 000 abonnés de plus. Ces derniers ne sont pas de nouveaux venus dans la wilaya, mais se sont servis dans l'informel. Nous sommes aujourd'hui en train d'assainir cette situation et il ne nous reste que quelques poches de résistance, notamment ceux de l'habitat précaire. Au fur et à mesure de l'exécution du programme de la wilaya d'éradication de ces bidonvilles, nous mettrons fin au problème du piratage. Pour les quartiers en développement où le citoyen a fait de l'autoconstruction, nous travaillons en collaboration avec la wilaya afin de les régulariser et leur installer un réseau dans les règles de l'art.- Est-ce que les stations de dessalement de l'eau de mer ont mis fin à la crise de l'eau 'Contrairement à beaucoup d'autres pays, on a pris une option très ambitieuse en installant de nouveaux barrages puis en optant pour cette nouvelle technique. Aujourd'hui, à Alger, la moitié des ressources hydriques proviennent des barrages, 25% du dessalement et 25% des eaux souterraines. Cela, contrairement à un passé proche où elle était alimentée à 100% à partir des ressources souterraines. Donc, le dessalement est une ressource cruciale dans la sécurisation de l'approvisionnement en eau et un complément constant et fiable aux autres ressources. Le système hydrique d'Alger est l'un des plus fiables et le plus sécurisé de toute la Méditerranée.- Qu'en est-il du réseau d'assainissement 'L'option d'éradiquer les fosses septiques lancée par l'Etat est une action très ambitieuse que beaucoup de pays n'ont pas osé lancer. Ce programme a très bien avancé, dans le sens où il y a de moins en moins de fosses. L'exemple pertinent de l'amélioration du réseau d'assainissement est la réouverture de plusieurs plages qui étaient interdites à la baignade à cause du rejet des eaux usées. Leur nombre qui était de 39 en 2006 est arrivé aujourd'hui à 70 plages ouvertes. Parmi les résultats palpables de la rénovation du système d'assainissement, il n'y a plus d'odeurs d'égouts à Alger. La raison directe est que nous avons curé tout le réseau d'évacuation des eaux usées.- Y a-t-il des projets dédiés aux stations d'épuration 'La quantité rejetée d'eaux usées et collectée à Alger est à peu près de500 000 m3/jour. Avec la réalisation de nouvelles stations d'épuration, dans 7 à 8 ans il n'y aura plus d'eaux usées qui se déverseront dans les oueds ou la mer. Tout sera acheminé vers les stations d'épuration. Avec la volonté publique, l'Algérie aura rattrapé l'Europe en matière de gestion des eaux. La seconde étape sera de réutiliser ces eaux comme une 4e ressource substitutive. Nous avons pour l'instant 3 grandes stations d'épuration, à savoir Baraki, Beni Messous et Réghaïa. Dans le futur, il y en aura 4 autres, dont 2 dédiées aux eaux usées des zones industrielles.