Le transport
aérien international est sous le coup du «syndrome Umar Farouk», du nom du
jeune Nigérian inculpé pour tentative d'attentat sur la Northwest Airlines
reliant Amsterdam à Detroit, aux Etats-Unis. La tendance est au renforcement
des dispositifs de sécurité qui se fait aux dépens de la fluidité du trafic :
fouilles poussées, enregistrement de tout bagage à main en soute, exigence
d'une présence des voyageurs plusieurs heures avant le vol. Des compagnies
comme Air Canada et Singapore Airlines ont décidé d'interdire à leurs passagers
de se lever de leurs sièges durant la dernière heure qui précède
l'atterrissage... Les vendeurs de scanners corporels se frottent les mains
après l'inflation de discours d'experts affirmant qu'Umar Farouk aurait pu être
«détecté» si on y avait eu recours.
Le liquide inflammable contenu dans une
seringue avec de la penthrite, un explosif très puissant qu'il avait caché le
long de sa cuisse, n'ayant pu être détecté par les portiques de sécurité
classiques, l'heure est au scanner corporel qui «met à nu» les passagers. Cette
crispation sécuritaire liée est promise pour être planétaire.
Les voyageurs algériens, qui se souviennent
encore d'une destination France devenue un véritable calvaire après des mesures
drastiques prises par les autorités françaises au lendemain du détournement
d'un Airbus d'Air France, le 24 décembre 1994, vont immanquablement subir les
contrecoups du nouveau climat de psychose. Et pour cause, l'administration
française, qui classe déjà l'Algérie dans la case des pays «à risques» avec le
Yémen, la Syrie, le Pakistan, l'Iran, l'Afghanistan, le Mali, préconise un
durcissement des dispositifs de sécurité à l'échelle européenne.
Les épreuves des
voyageurs algériens après 1994
En 1994, pendant de longs mois et alors
qu'Air France suspendait ses vols à destination de l'Algérie, les voyageurs
d'Air Algérie subissaient un traitement particulièrement éprouvant et
humiliant. Il fallait au moins quatre heures pour passer les différents sas de
sécurité et entrer en zone internationale à Orly. Les avions d'Air Algérie
arrivant à Paris étaient parqués dans un coin lointain... La compagnie
nationale était considérée sous «haute sûreté», ce qui lui valait un traitement
particulier : zone spéciale au sein de l'aéroport, vérification de tous les
bagages de soute, contrôles tatillons. Les autorités françaises ont par la
suite carrément interdit à la compagnie nationale de passer par Orly et lui ont
imposé Roissy. Air Algérie, refusant d'aller à Roissy, a supprimé ses vols
parisiens. C'était le début d'une longue période de galère pour les voyageurs
algériens.
Si, aujourd'hui, l'Algérie continue à être
classée parmi les pays à risques, les mesures préconisées par le ministre
français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, semblent tourner davantage vers le
renseignement et donc le contrôle préalable. En fait, le ministre français veut
que l'Europe s'aligne sur ce qui se pratique déjà aux Etats-Unis. Les
compagnies aériennes - et donc Air Algérie - seront astreintes à donner des informations
sur les passagers, non plus au moment de l'enregistrement, mais à celui de la
réservation. Cela permet d'avoir une série d'informations sur le candidat au
voyage (réservation du billet comme le moyen de paiement, l'adresse de
facturation, le numéro de téléphone, l'adresse électronique) longtemps avant le
voyage effectif et donc de mener les contrôles et les vérifications.
Selon Le Figaro, le ministre français de
l'Intérieur a décidé qu'à compter du 1er janvier prochain, les compagnies
aériennes qui «négligent ou refusent de transmettre à l'avance la liste de
leurs passagers seront systématiquement verbalisées par la police aux
frontières (PAF)». Il s'agit d'une amende de 50.000 euros qui figure dans le
cadre de l'expérimentation de mesures antiterroristes adoptées en 2006, mais
elle n'avait jamais été appliquée. Au début, seuls le Yémen, la Syrie, le
Pakistan, l'Iran et l'Afghanistan était concernés par une expérience devant
durer deux ans. En janvier dernier, elle a été prorogée puis étendue, à partir
du 19 février, à l'Algérie et au Mali. Selon Le Figaro, la liste établie par
une «Unité de coordination et de lutte antiterroriste (Uclat)» pourrait être
élargie pour toucher trente pays, dont les compagnies aériennes seraient alors
contraintes de livrer les informations sur les personnes voyageant dans leurs
avions à destination de la France.
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Posté Le : 30/12/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M S
Source : www.lequotidien-oran.com