Tout canular a un début et une fin. On n'a pas fini de gamberger sur cette prétendue crise au sommet de l'Etat. Nos médias, par manque d'informations crédibles ou par insuffisance professionnelle, ont-ils contribué, sans le vouloir, à semer une confusion médiatique totale au sein de l'opinion' Que n'a-t-on annoncé comme changements à la tête de la République, de ses institutions et de l'armée!Au scénario délirant et aux extrapolations sur un «bras de fer» Bouteflika-DRS sont venues s'ajouter les remugles de l'actualité politique à quelques mois du grand rendez-vous de l'élection présidentielle. Les tribunes de journaux regorgent de points de vue développés par des journalistes, opposants et analystes d'opinion rivalisant d'ardeur pour expliquer que le torchon brûle «là-haut» et que c'en est fini de ce qu'ils appellent «l'omnipotence du DRS» dans la gestion de certaines affaires sensibles de l'Etat. La mise en terre, selon eux, aurait même sonné pour le chef du DRS et ses proches collaborateurs pour «avoir tenté de déstabiliser le Président et son frère», à l'approche de l'échéance électorale. D'autres s'amusent en prédisant un «putsch électoral» pour la présidentielle de 2014.
Coûte que coûte, on cherche à instiller dans les esprits que le sommet de l'Etat est miné par une grave crise de pouvoir mettant aux prises le Président et ses généraux, tandis que d'autres cherchent déjà à aller à la soupe en annonçant qu'ils ont monté un «front du refus» pour empêcher toute candidature de Bouteflika à sept mois de l'élection présidentielle. Cela ne suffit-il pas pour placer l'Algérie entière au comble du doute' Et jusqu'à quand allons-nous permettre de subir les coups de fouet d'une politique vengeresse'
Les Algériens se sont-ils laissés intoxiquer par des médias que leur infortune a vite fait de disqualifier' Non. Le temps a toujours été le véritable antidote du mensonge.
Il y a à peine une semaine, voilà qu'un média en a encore remis une couche en annonçant que la direction centrale de la sécurité intérieure, le corps des GI's et le centre d'écoute téléphonique de Réghaïa venaient de subir, à leur tour, la foudre du Président qui aurait, selon ce confrère, pris la décision de les placer directement sous l'autorité du ministre de l'Intérieur. A ce «kit» et pour assurer un bon effeuillage, on a ajouté la direction centrale de la documentation extérieure que l'on a bien voulu placer sous le contrôle direct de la Présidence de la République.
Lecture: le puissant appareil du DRS a été totalement désintégré. Démembré. Des responsables de ce département, parmi eux sept colonels de la Dcsa, auraient été mis d'office à la retraite. L'Algérie devra désormais se contenter de naviguer sans repères et sans radar. Voire même se dispenser de disposer, comme dans tous les pays de par le monde, d'un service de renseignement. Et tout ce chambardement intervenant dans un contexte sécuritaire régional et mondial explosif quand on sait la situation à nos frontières ou un peu plus loin au Proche-Orient, en Egypte et en Syrie. Comment croire à un scénario aussi débile pour un analyste averti' Pour les auteurs de cette thèse, le Président se serait vengé du général Tewfik parce que ses services ont eu l'outrecuidance d'avoir révélé les dessous du scandale de Sonatrach impliquant des proches à lui. Fermé le ban!
Qui a intoxiqué ce média pour relayer, à son tour, l'information dans le but d'être reprise par des journaux et abuser carrément de la bonne foi de l'opinion publique' Et dans quel but l'on a seriné ce magma de mensonges'
Au café du commerce, les affabulateurs seraient-ils plus imaginatifs que les journalistes algériens qui ont choisi de servir de caisse de résonance à ce qu'ils croyaient être une information sûre, servie de «source digne de foi»'
Toute cette agitation médiatique soulève, bien sûr, une foultitude de questions qui, pour l'instant, restent sans réponses.
La rumeur enfle. Au point où le canular de cet automne n'a pas fini d'animer les débats jusque dans nos chaumières les plus reculées.
En vérité, il n'y a ni désamour, ni haine, ni divorce entre le Président Bouteflika et le général Tewfik. Dans toute cette réorganisation, il n'y a jamais eu et à aucun moment il n'a été question de règlement de comptes. L'ANP, dans son ensemble et à travers toutes ses structures, a décidé de hisser ses capacités d'intervention et de combat au diapason international. Ce projet remontait déjà à plus d'une année. L'agression terroriste contre les installations gazières d'In Amenas n'a pas été le déclencheur de cette restructuration. Elle a joué le rôle d'accélérateur.
Les mouvements et les nominations intervenus au sein de l'ANP ont fait l'objet de plusieurs séances de travail entre les principaux chefs de l'armée sous la présidence du chef de l'Etat avant son AVC. En sa qualité de commandant suprême des forces armées, Bouteflika s'est donné un rôle central dans cette réorganisation.
Face aux changements qui affectent le Monde arabe et une partie de l'Afrique, l'Algérie ne veut être ni une nation frileuse, ni poltrone. Elle veut se donner les meilleurs moyens de défendre sa souveraineté nationale et de disposer, désormais, de tous les moyens nécessaires pour réaliser ses ambitions politiques et diplomatiques.
En matière de renseignement et de sécurité, l'Algérie dispose d'un potentiel humain parmi les plus performants du Monde arabe et d'Afrique.
Que reste-t-il aujourd'hui des 22 pays de la Ligue des Etats arabes' Rien que la «balkanisation».
Excepté les monarchies pétrolières du Golfe, l'Egypte, le Yémen, l'Irak, la Syrie, la Libye et la Tunisie ont été vitrifiés par des «révolutions», des émeutes et des guerres civiles.
N'ont survécu à ce cataclysme que les monarchies: le Maroc, la Jordanie, l'Arabie Saoudite, le Qatar, Bahrein, le Koweit, les Emirats arabes unis et Oman.
L'Algérie fait face à un vrai défi si elle tient réellement à assurer sa survie et à protéger son peuple. Toutes ces crises qui affectent les pays arabes replacent l'Algérie au coeur du grand jeu diplomatique.
La nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, trouve ici toute l'explication de ce remodelage qui a concerné notre armée et ses services de renseignement.
La République a plus que besoin aujourd'hui, face à toutes ces extravagances, de solliciter les services d'un exorciste pour chasser les démons de la discorde que le canular de ce dernier été a répandus dans la tête de certains observateurs non avertis. Une exigence capitale pour contrer le syndrome du «coup d'Etat permanent».
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Posté Le : 07/10/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahmed FATTANI
Source : www.lexpressiondz.com