Le syndrome des barricades
Sale temps pour l?élégance et l?esthétique. Les ferronniers gloussent d?aise, jubilent et se frottent les mains. Les affaires vont bien, et pourvu que cela dure. La peur d?être délesté de ses biens, de voir son appartement « visité » avec pertes et fracas pousse de nombreux ménages à fortifier leur demeure. La précaution devient une manie obsessionnelle, une psychose. On « barreaude » dur. Portes, fenêtres avec du bon métal. La parade contre les mauvaises surprises fait fortune. Les lieux de résidence se « bunkerisent » à souhait, ajoutant un zeste d?enlaidissement exécrable. A observer ce spectacle hideux, on comprend très rapidement que l?époque des habitations coquettes et joliment parées d?un petit manteaux de verdure est révolue. Un souvenir que l?on garde au fond de sa pensée comme pour conjurer un présent qui n?incite pas souvent à la joie. Du fer forgé et élégamment travaillé, on passe aux forteresses blindées. Encore heureux de ne pas avoir pensé à agrémenter cette belle atmosphère de quiétude en lâchant la bride à de robustes molosses pour faire le plein en termes de dissuasion préventive. Il y a bien sûr des raisons à cela. Elles sont parfois fondées et légitimes. La sécurité se délite, la confiance n?est pas un dénominateur commun. La méfiance et la suspicion traînent partout comme une mauvaise fièvre. Tenaces et omniprésentes. Cette riposte primaire et excessive pour lutter contre les vols, les cambriolages et autres larcins de mauvais acabit présente des risques, des dangers. En cas d?incendie par exemple, comment évacuer les gens avec des fenêtres bardées de fer ? De cela, on n?a cure. L?essentiel est de se prémunir à n?importe quel prix et avec n?importe quoi. Faut-il blâmer, comprendre ou réprimer ? La réponse est ardue.
Posté Le : 27/10/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed B.
Source : www.elwatan.com