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Le syndrome de stress post-traumatique



Le syndrome de stress post-traumatique
Attentat, guerre, prise d’otage, agression, viol, accident, crise sanitaire du Covid… L’exposition à un événement traumatique peut engendrer des séquelles psychologiques importantes chez les personnes qui en ont été victimes ou témoins. Lorsque celles-ci persistent, on parle de syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Hélène Romano, docteur en psychopathologie, psychothérapeute spécialisée dans les victimes et auteure*, nous en dit plus sur la prise en charge de ce trouble mal connu.

Sommaire
Qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique ?
Les symptômes du stress post-traumatique
Déceler un stress post-traumatique chez l'enfant
Qui cela touche-t-il ?
Quelles conséquences si l’on ne fait rien ?
La prise en charge du trouble de stress post-traumatique
L’évolution du trouble de stress post-traumatique
Trouble de stress post-traumatique : bien choisir son thérapeute

Le syndrome de stress post-traumatique

Qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique ?
Le syndrome de stress post-traumatique ou état de stress post-traumatique désigne l’ensemble des symptômes qui surgissent lorsqu’une personne a été confrontée à un événement tragique, soudain et traumatisant. "En clair, il faut avoir été exposé à la mort, en tant que victime ou en tant que témoin, pour pouvoir le ressentir", décrit Hélène Romano, docteur en psychopathologie habilitée à diriger les recherches, docteur en droit et sciences criminelles, psychothérapeute spécialisée dans les victimes.

Nuance importance : cette mort, réelle dans l’esprit de la personne, peut toutefois ne pas avoir été effective. "Par exemple, un parent peut avoir été choqué par un accident survenu chez son enfant, reprend la thérapeute. Dans sa réalité, il a vu celui-ci mourir, alors qu’en fait, celui-ci s’en est tiré. Cette confrontation à l’image de mort va entraîner des réactions physiques et psychiques, immédiates ou différées."

Défini comme un trouble anxieux aigu, le syndrome de stress post-traumatique survient dans des circonstances tragiques : attentat terroriste, prise d’otages (captivité, torture…), bombardements, catastrophe naturelle (inondations, tremblement de terre, tsunami, ouragan, feux de forêt…) agression, viol, accident (de la route, du travail, de train, crash d’avion, incendie, explosion…), décès soudain d’un proche (suicide, crise cardiaque…). On estime enfin que la crise sanitaire actuelle du Covid-19 représente un risque accru de stress post-traumatique, en particulier pour les médecins, infirmiers, aide-soignants, réanimateurs et familles endeuillées. "Pour être qualifié d’état de stress post-traumatique, le trouble doit durer depuis plus d’un mois et se situer à plus d’un mois des faits, précise Hélène Romano. L’état de stress ressenti après un événement grave est normal. C’est quand il s’inscrit dans la durée que l’on peut le qualifier de pathologique et qu’il nécessite un suivi particulier." Le SSPT peut ainsi se manifester jusqu’à six mois après le traumatisme.

Les symptômes du stress post-traumatique
Les quarante-huit premières heures nous plongent dans un état de stress aigu, avec son lot de peurs intenses, de sentiment d’horreur et d’impuissance, et de crises d’angoisse. Passés ces premiers moments, le mal s’installe de façon plus diffuse. Changement de personnalité (introvertie ou extravertie), troubles du sommeil, cauchemars, troubles cardiaques, réaction d’hypervigilance, agoraphobie, symptômes de réminiscence (sous forme de flashs traumatisants), irritabilité, baisse de la concentration, pertes de mémoire… Chez certaines personnes, le stress post-traumatique peut faire apparaître des troubles plus invalidants comme les évitements (éviter la foule, les transports en commun…).

Les survivants décrivent un sentiment d’ "étrangeté". Hantés par des images, des sons, des odeurs, qui leur font revivre sans cesse leur calvaire, ils sont dans un état d’alerte permanent. Le bruit d’une porte qui claque, une image télévisée suffit à réveiller la peur enfouie et le sentiment d’un danger imminent. Leurs réactions sont amplifiées, leurs émotions décuplées. A l’intérieur, ils ont le sentiment de ne plus être les mêmes. "On survit mais quelque chose en soi meurt. C’est très difficile à expliquer, mais aussi très difficile à vivre pour les proches qui ont le sentiment de ne plus reconnaître celui ou celle qu’ils aiment.", observe Hélène Romano.

Déceler un stress post-traumatique chez l'enfant
Chez l’enfant, les signes sont différents. N’ayant pas les mots pour dire, celui-ci va exprimer son stress (mais aussi, sa tristesse, sa peur, sa honte ou sa culpabilité) soit par des maux (maux de ventre, refus de s’alimenter, cauchemars et sommeil très perturbé, régression sur la propreté…), soit par des comportements inhabituels. Il peut ainsi devenir irritable ou contraire, ne plus arriver à jouer ou revenir à des jeux répétitifs. "Souvent, il se met en retrait, s’isole, perd des apprentissages. Chez les adolescents, cela débouche sur des conduites d’évitement. Ils fuient la vie sociale, se réfugient dans les jeux vidéos, consomment en cachette des produits toxiques ( tabac, alcool, drogue…)… ", développe la spécialiste.

Qui cela touche-t-il ?
D’après les études de l’OMS, la prévalence du stress post-traumatique serait de 1 à 3% en Europe, et toucherait davantage la population féminine (deux femmes pour un homme). En France, la prévalence serait de 6 à 9%. Adultes comme enfants peuvent en souffrir. "Ces derniers sont même doublement touchés, relève la spécialiste. Ils sont à la fois touchés par l’événement et n’ont pas les capacités cognitives ou langagières d’un adulte pour le verbaliser. Mais ils sont aussi bouleversés par la détresse de leurs proches : souvent, les parents vont tellement mal qu’ils sont incapables de prendre en charge la souffrance de l’enfant et celui-ci intègre inconsciemment l’idée qu’il ne doit pas s’effondrer, pour ne pas rajouter de souci aux problèmes déjà rencontrés par ses parents."

Attention cependant, toutes les personnes qui vivent un événement traumatique ne sont pas obligatoirement touchées par le SSPT. "Tout dépend de l’histoire de la personne et de ses ressources intérieures (on le sait, les moments de bonheur vécus avant cet événement traumatique aident à survivre psychiquement). Mais aussi du type de trauma (les événements les plus à risque sont ceux de nature sexuelle, qui durent dans le temps), détaille Hélène Romano. Une prise d’otage d’une heure, par exemple, n’est pas comparable à une captivité de huit ans dans la jungle." Le contexte, mais aussi l’accumulation de faits traumatisants peut également avoir un impact. Des enfants déjà victimes de maltraitance ou d’agressions en temps normal peuvent ainsi exploser quand se rajoute un événement supplémentaire, comme le confinement lié à la situation sanitaire actuelle. La prise en charge du trouble enfin a son importance. "Etre accompagné de façon bienveillante après un drame change tout !, martèle Hélène Romano. Si la souffrance n’est pas reconnue, si elle est minimisée voire niée, la personne court le risque de perdre pied."

Quelles conséquences si l’on ne fait rien ?
Au manque d’envie et d’intérêt pour le quotidien, succède la perte d’élan vital. L’anxiété se mue en déprime, puis en dépression. Petit à petit, la personne plonge dans une détresse indicible. Elle perd le contact avec ses proches et avec la réalité. Le risque suicidaire est alors multiplié par 15… Avec heureusement, une évolution favorable dans 80% des cas.* On le devine aisément : il est nécessaire de ne pas rester seul avec ses angoisses. Plus on traite précocement ces troubles, moins ils durent dans le temps. L’écoute est ainsi fondamentale : "Mettre du sens sur ce que l’on a vécu, décrypter les événements, permet de se dégager de l’émotionnel. On est affecté, sans être contaminé ni submergé.", explique Hélène Romano.

La prise en charge du trouble de stress post-traumatique
Certaines personnes parviennent, à force de méditation, de réflexion personnelle et de lectures appropriées, à s’en sortir seules. Mais consulter un spécialiste du trauma (psychologue ou psychiatre) demeure vivement conseillé. "Il existe de nombreuses prises en charge, toutes différentes selon le patient, selon la situation. Le stress post-traumatique ne connaît pas de recette miracle, mais des approches plurielles. Il faut s’adapter à chaque situation et parvenir à trouver ce qui fait du bien à chacun.", souligne Hélène Romano. Thérapie cognitivo-comportementale (TTC), EMDR, hypnose, art-thérapie, équithérapie, méditation de pleine conscience, théâtre, peinture, sport… toutes les techniques et disciplines favorisant le bien-être peuvent ainsi être mises en œuvre et conjuguées.

Dans les cas sévères, un traitement médicamenteux (anxiolytiques et antidépresseurs) est parfois envisagé pour soulager les symptômes paralysants du quotidien. "Cela peut être une béquille à un moment donné, mais cela ne remplace pas l’écoute et l’accompagnement, insiste la thérapeute. Pour tenir sur le long terme, il faut pouvoir parler de ce que l’on a traversé." Le rôle de l’entourage est ainsi important. A tout moment, le survivant doit sentir qu’il peut se livrer sans être jugé. S’entendre dire qu’il faut "oublier et passer à autre chose" serait néfaste pour lui.

L’évolution du trouble de stress post-traumatique
"Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’on ne répare pas un traumatisme, renchérit Hélène Romano. On n’en guérit pas, on s’adapte, on l’apprivoise et on apprend à vivre avec." Certaines personnes peuvent en effet traîner leur souffrance comme un poids durant toute leur vie. D’autres peuvent se penser guéries, mais replonger des années plus tard, à l’occasion d’une circonstance particulière, dans un moment de vulnérabilité psychique. "Les enfants maltraités peuvent replonger à l’adolescence, précise la spécialiste. La grossesse, la ménopause ou tout événement vécu comme une contrainte (confinement, hospitalisation…) peuvent aussi réactiver le souvenir traumatique." En clair, le syndrome de stress post-traumatique est une fracture de vie, qui laisse éternellement des cicatrices. "Mais on peut en faire quelque chose de positif si l’on est accompagné de manière bienveillanteé, assure la spécialiste.

Trouble de stress post-traumatique : bien choisir son thérapeute
Avant de consulter un thérapeute, vérifiez bien son parcours. Choisir une personne spécialisée dans le trauma est essentiel pour aller mieux. Evitez les "victimologues", dont la spécialité n’existe pas. "Il est très important d’être prudent dans le choix du professionnel et de bien se renseigner car les victimes, psychiquement vulnérables, représentent de véritables "proies" pour des personnes mal intentionnées (par exemple : dérives sectaires, thérapeutes qui se forment "sur le tas", professionnels qui créent des association prétendument spécialisées pour vivre eux-mêmes de subventions et s’enrichir sans réelle attention portées aux impliqués, etc.), insiste Hélène Romano. La prise en charge d’une victime prend du temps et ne peut se résoudre en 2-3 séances de 15 minutes."

Révision médicale : Dr Jesus Cardenas, Directeur médical de Doctissimo, 15 mai 2020

Sources :

- Entretien avec Hélène Romano, docteur en psychopathologie, psychothérapeute spécialisée dans les victimes et auteure de Quand la vie fait mal aux enfants, (éd. Odile Jacob.)

- Etat de stress post-traumatique, données de surveillance de l’Institut de veille sanitaire (InVS), mars 2014 ( document disponible en ligne).

* Centre National de Ressource et de Résilience

* Associations de deuil :

EKR- Elisabeth Kübler-Ross France, http://ekr.france.free.fr/
JALMALV :
Vivre son deuil :
Baubet T. Moro, M.R Bébés et trauma, Grenoble, La pensée sauvage, 2006.
Moro M. R. La violence envers les enfants, approche transculturelle, Belgique Yakapa, 2015
Etudes sur le PTSD et sa prévalence, INSERM :


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