Algérie

Le syndicat des travailleurs et DP World se réconcilient



Une réunion a regroupé, hier, les responsables de l’UGTA et les membres du conseil syndical des travailleurs de Dubai Port World.
La veille, les syndicalistes ont accepté l’accord du 24 août qui met fin à un conflit qui a paralysé la rade d’Alger et causé de lourds préjudices financiers.
Après avoir refusé de signer l’accord qui devait mettre un terme à une situation de crise au terminal à containers du port d’Alger, géré par Dubai Port World Algérie, les dockers ont fini par avaliser le procès-verbal de la réunion du mardi 24 août tenue sous l’égide de la Fédération des transports. Une décision prise à la suite de l’intervention des pouvoirs publics eu égard à la paralysie du port d’Alger, depuis près de deux mois, et ses conséquences sur l’économie nationale, notamment à travers les pénuries de nombreux produits. «Nous avons décidé de reprendre progressivement le travail, parce que conscients du préjudice causé par la chute de la production. Nous avons signé le procès-verbal de la réunion du 24 août qui consacre une augmentation salariale de 22% conditionnée par un régime de travail permanent avec le système de 3x8. C’est ce sur point précis que nous avons émis des réserves. Mais puisque l’employeur s’est engagé à le prendre en charge, et que les autorités nous ont assuré du bien-fondé de l’engagement, nous avons décidé de parapher l’accord», a déclaré un membre du conseil syndical, qui précise que la tenue d’une assemblée générale pour décider de la grève ou non a été annulée pour l’instant puisque les dockers ont rejoint leur poste dans la soirée de dimanche dernier, avec un rythme de travail qui augmente progressivement. Il est attendu que la rade d’Alger, qui connaît un encombrement inquiétant vu la baisse du taux de déchargement des navires, soit désengorgée. En fait, pour les travailleurs, cette situation est due plutôt au manque de moyens mis à leur disposition par l’entreprise. Ce qu’ont contesté les dirigeants de celle-ci, qui ont expliqué la chute de la productivité par «une grève non déclarée». Dans une longue lettre adressée à la rédaction, les syndicalistes ont d’ailleurs totalement contesté les arguments avancés par le directeur général de DP World Algérie (voir El Watan du jeudi 26 août 2010) relatifs à la crise et qui les rendent responsables de la situation. Kaloune Hamid, secrétaire général du syndicat, refuse d’assumer cette responsabilité en affirmant que «cette crise est le résultat logique de la démarche entreprise par la direction à l’égard des travailleurs, de la mauvaise gestion du terminal à containers, la démotivation des travailleurs et le manque flagrant des outils de travail». Il a mis l’accent sur la faiblesse des moyens mis en place pour travailler en comparaison avec ceux mobilisés par l’Epal, avant l’entrée en activité de DPW en mars 2009. «La différence suffit à elle seule pour expliquer le recul de la productivité. En effet, l’Epal mobilisait à l’époque 40 engins élévateurs, DPW ne mobilise que 27, dont 15 sont en panne. Les effectifs ont été également réduits avec la suppression de plusieurs postes d’emploi, dont l’homme de chaîne indispensable à la direction des opérations.» Au sujet des revendications, M. Kaloune a tenu à préciser qu’une augmentation décente des salaires et la réduction des heures de travail entrent dans le cadre des décisions prises lors de la dernière tripartite et font partie des points contenus dans la convention de branches des ports d’Algérie. «Nous sommes déterminés à lutter jusqu’à l’application de ces points (…) Contrairement aux autres ports d’Algérie qui travaillent 40 heures par semaine, le personnel de DPW fait 48 heures par semaine, ce qui est contraire à la législation. Un rythme au cours duquel de fortes pressions sont exercées et qui provoquent une hausse des accidents de travail, puisque deux employés ont trouvé la mort au sein de l’entreprise et 75 autres ont été victimes d’accident», a relevé M. Kaloune. Il a ajouté qu’après plusieurs rounds de négociations, la direction de DPW a, certes, décidé d’une augmentation salariale de 22%, «mais elle n’a pas voulu consacrer ce droit sans contrepartie. Dans l’accord qui a eu lieu sous l’égide de la Fédération des transports, la direction a voulu nous imposer le travail en permanence avec le système de 3x8, alors que l’ordonnance 75/40 stipule que les ports exercent des horaires fixés entre 7h et 1h du matin et au-delà, c’est à la demande des armateurs. C’est pour ce point précis que les représentants du syndicat ont refusé le procès-verbal de la réunion. Nous allons poursuivre notre combat pour nos revendications et nous prenons à témoin l’opinion publique en cas de pourrissement de la situation, parce que seule la direction de l’entreprise en sera responsable», a conclu le syndicaliste. Du côté de la direction générale de DPW, les responsables ont exprimé leur garantie «à mettre l’accent sur le volet sécurité des travailleurs et de tirer toutes les leçons de cette crise pour qu’à l’avenir de telles situations ne se reproduisent plus. Nous avons assuré les employés de notre entière disponibilité à faire tout notre possible pour travailler dans de bonnes conditions, et ce, dans l’intérêt de l’entreprise et du pays».
Il reste néanmoins à juguler le lourd retard enregistré en matière de traitement des navires et des containers avec pour conséquence un énorme préjudice financier, assumé non seulement par l’entreprise, mais également par le Trésor public. 


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